Outfall : un duel d’acteurs très mineur
Luke Evans séquestre Kelly Reilly pour accomplir sa vengeance dans Outfall, huis-clos plan-plan qui doit tout à son duo d’acteurs charismatiques et motivés.
Dans Outfall, Luke Evans n’a pas sa tête des bons jours. En même temps, c’est lorsqu’il se fait taciturne et inquiétant que l’acteur gallois, en rupture de franchises à succès comme Le Hobbit et Fast & Furious, est le plus intense. On devine donc quand le film de Suzi Ewing commence, que son personnage, Lewis, ne veut pas que du bien à Cathy (la toujours mimi Kelly Reilly, qui s’est illustrée récemment surtout à la télé, dans Yellowstone ou Britannia), qu’il suit du regard après son cours de yoga. Impassible, Lewis suit la jeune femme dans le centre de sa bourgade américaine où elle se rend… et la kidnappe, très bizarrement, sur un parking de supermarché. Direction sa maison isolée, rêve d’architecte aux spacieux couloirs, où il enferme illico presto Cathy dans une pièce cachée capitonnée. Dans cette cellule improvisée, personne ne l’entendra crier. Lewis a tout prévu. Il veut faire avouer à Cathy son secret, à tout prix. Va-t-elle céder à son chantage ?
Sous basse tension
Pour avoir les réponses aux questions qui nous taraudent dans Outfall (que veut Lewis ? Que cache Cathy ?), il faudra être patient. Suzi Ewing, qui signe son premier long-métrage, a intelligemment choisi pour ses débuts un script dont l’argument tient sur un timbre-poste, avec un casting réduit et un décor quasi-unique. Et pourtant, ce petit film aux allures de production Blumhouse, mais sans horreur, peine à tenir le rythme en étirant le fil d’une intrigue à peine assez épaisse pour remplir un épisode de série télé. Luke Evans y campe un homme manifestement dépassé par la « mission » qu’il est lui-même imposée, tandis que Kelly Reilly hérite d’un rôle plus consistant de victime a priori impuissante, évoluant sous nos yeux pour renverser progressivement le rapport de force. Expérimentés, intenses, toujours aussi charismatiques, les deux comédiens portent tout le poids du film sur leurs épaules.
Malheureusement, même leur talent combiné ne peut transformer Outfall en huis-clos inoubliable. La faute à une mise en scène pataude, paralysée dès le départ par des choix de cadrages hasardeux et incapable d’instaurer une véritable tension dans ce qui devrait être un duel à couteaux tirés. Que dire enfin du script, qui empile les scènes de remplissage dénuées de logique (la police dans Outfall manque ainsi cruellement de flair, et Lewis est particulièrement maladroit pour un gars ayant minutieusement préparé son plan) pour retarder artificiellement LA révélation que le spectateur attend en tapant du pied ? Quand celle-ci arrive enfin, dégonflant du même coup nos attentes et notre curiosité, Outfall peut bien essayer de se montrer brutal (en tentant de nous faire croire au passage que les portes de garage sont un danger), le mal est fait : le film a déjà commencé à s’évaporer dans notre esprit…