Le mois d’août n’est définitivement pas la période pour sortir des films qui fassent parler d’eux. Cela vaut aussi pour les DVD, blu-ray et autres sorties en VOD, ce qui explique qu’en matière de direct-to-video, la récolte de cette fin de vacances soit un peu maigre. On compte tout de même un film événement au menu (Far Away, les soldats de l’espoir, dont nous vous parlions ici), et la sortie tardive mais bienvenue de quelques inédits vus en festivals. Bref, il y a encore de quoi occuper quelques soirées avant que chacun retourne, avec un sourire indéfectible, au boulot. Ou d’organiser un marathon sans fin, si vous n’en avez pas. Ahem. Bon allez, bonne lecture… et bonne chasse !
Detention
Un film de Joseph Kahn, avec Josh Hutcherson, Dane Cook, Spencer Locke
Sorti le 8 août – Sony Pictures Entertainment
Genre : OTT
Si vous suivez avec déférence l’actualité de Born to Watch, vous aurez déjà entendu parler de Detention, deuxième film du clippeur stakhanoviste Joseph Kahn, que ce dernier a financé sur ses propres deniers après avoir s’être pris mur avec les grands studios. Nul besoin de trop s’étaler donc sur ce mash-up corrosif et brillant, convoquant un millier de références dans le but de créer un méta-slasher synthétisant les paradoxes d’une génération qui échappe désormais à tout étiquetage classique (c’est-à-dire hollywoodien, dans l’optique de Kahn). Citer à la fois John Hugues, Wes Craven et Freaky Friday signifie malgré tout que la cible qui sera la plus sensible à la proposition du réalisateur ne sera pas la génération 90, mais celle d’avant. Si vous voulez le vrai Scream 4 (assorti de voyage temporel, d’hommage au film de monstres et de vaches venues de l’espace), c’est par là que ça se passe.
Battlestar Rebellion
Un film de Fyodor Bondarchuk, avec Vasiliy Stepanov, Yuliya Snigir, Pyotr Fyodorov
Sorti le 1er août – Sony Pictures Entertainment
Genre : science-fiction
L’histoire de Battlestar Rebellion (qui joue à la jaquette volante, puisque le titre original en anglais est en fait Inhabited Island) se déroule en 2157, à un âge où l’humanité est devenue parfaite. Un peu à l’image de Maxim, « statue » blonde aux yeux bleus et à l’allure de surfeur trépané, malgré le fait qu’il soit aussi supérieurement intelligent. Ça ne l’empêche pas de s’écraser comme un con sur une planète lointaine, où sévit un régime corrompu manipulant la population à l’aide d’ondes radio. Après avoir mis du temps à comprendre que des humains pouvaient être aussi méchants, Maxim fuit cette cité à la Blade Runner, pour participer à la Résistance, et à la lutteuh finale… Pour ceux qui penseraient que Battlestar Rebellion est un téléfilm SyFy au rabais, il faut noter que le film est en fait une grosse production russe, adaptée comme les Nightwatch d’une série de romans SF cultes au pays de Tolstoï. Le film original a été distribué en deux parties, ce qui n’est pas le cas de ce DVD compressant les trois heures de métrage, ce qui risque de rendre encore plus nébuleuse une intrigue déjà pas très limpide au départ. À voir tout de même, ne serait-ce que pour découvrir les codes d’un cinéma commercial slave très différent des Occidentaux.
Wake Wood
Un film de David Keating, avec Aidan Gillen, Eva Birthistle, Timothy Spall
Sorti le 14 août – Metropolitan
Genre : épouvante
La patte du studio Hammer, récemment ressuscité, est indéniablement présente dans l’atmosphère de ce Wake Wood venu d’Angleterre. Village cachant un lourd secret, êtres aimés qui reviennent d’entre les morts, rites anciens et démoniaques, scènes nocturnes baignées dans un menaçant brouillard… Au petit jeu des traditions, Wake Wood avance en territoire connu, avec un respect qui frise le manque d’imagination. Coincé entre Simetierre et The Wicker Man, le film de David Keating a plus d’importance en tant que revival bienvenu d’une firme mythique, qu’en tant que série B originale et novatrice. On peut même regretter que le dernier acte cède à des sirènes bien trop contemporaines, le motif de l’enfant maléfique étant devenu un cliché ambulant depuis (au moins) la nouvelle vague horrifique asiatique. Le film reste tout de même efficace, et bénéficie grandement de l’apport de son casting, porté par un Timothy Spall onctueusement menaçant en maître de cérémonie à la fausse bonhommie.
1911 Revolution
Un film de Zhang Li et Jackie Chan, avec Winston Chao, Binbing Li
Sorti le 14 août – Metropolitan Filmexport
Genre : commémo nationale
Sortie tardive et discrète pour ce controversé 1911 Révolution (grammaticalement, c’est un peu chelou ce titre : n’aurait-il pas mieux fallu l’appeler La révolution de 1911 ? Ou alors c’est pour que les gens disent « 1911 Revoloucheun », avé l’accent ?). 1911, donc, est film commandité par le Parti chinois pour le 100e anniversaire de la Révolution chinoise de 1911. Jackie Chan n’est pas vraiment la star de la chose, même si le film a été lourdement vendu comme étant aussi son 100e film (et non pas son 100e anniversaire… hum). C’est presque dommage qu’il ne soit pas plus présent le Jackie : étonnamment sérieux, il est au centre d’une bonne partie des séquences de batailles de ce grand barnum patriotico-propagandiste, centré sur l’amitié entre son personnage, Huang, et le célèbre Sun Yat Sen. On passe en fait beaucoup plus de temps dans de vastes salles et corridors impériaux, à suivre les chamboulements politiques de cette révolution, au côté de cette figure historique, que dans la rue, où le changement s’est bel et bien fait. En terme de spectacle épique, le contrat est certes rempli. Mais en terme d’apprentissage pédagogique express, ceux qui n’étaient pas très au fait de l’histoire de l’Empire chinois ne seront hélas pas beaucoup plus avancés.
Nuits noires
Un film de Martin Guigui, avec Tony Oller, Aimee Teegarden, Dennis Quaid
Sortie le 14 août – Seven Sept
Genre : thriller
La seule, véritable, mais importante originalité de ce Nuits noires réalisé par Martin Guigui (qui heureusement pour sa crédibilité, déjà bien entamée, ne s’appelle pas Guiliguili) réside dans son choix judicieux de casting. Dennis Quaid joue en effet ici un embaumeur terne mais respectable, dont l’activité de serial killer nocturne est mise à jour, par une petite bande de merdeux. Au lieu de jouer sur le suspense (alors, psychopathe ou pas ?), Nuits Noires y va franco dès la première bobine en jouant sur le plaisir de n’importe quel spectateur, de découvrir l’affable et foncièrement honnête monsieur Quaid jouer les tarés morbides avec le sérieux cabotin d’un Anthony Hopkins. La finesse n’est pas la principale qualité du film, qui commet par ailleurs l’erreur de suivre l’enquête des teenagers transparents plutôt que les agissements délectables car délivrés avec panache par un Quaid s’amusant visiblement comme un fou dans son rôle. Un bon p’tit bis du samedi soir, sélectionné au dernier Bifff.
Time Warriors – la révolte des mutants
Un film de Wong Jing, Andy Lau, Fan Bing Bing, Jingwu Ma
Sorti le 22 août – Metropolitan
Genre : épouvante
Petite indication à l’attention des puristes : derrière le titre abscons choisi pour l’exploitation française se cache le Future X-Cops de Wong King. Pour les noobs du jour, il faut savoir que Wong Jing est un peu le Luc Besson hong-kongais en plus roublard, et toujours à l’affût des genres à la mode et de succès à copier. On ne sait pas trop ce qui l’a poussé à mettre en chantier ce quasi-remake de Future Cops (déjà avec Andy Lau, en 1993), mais le résultat est aussi autre hilarant, si l’on possède la volonté nécessaire pour aller jusqu’au bout. En quelques mots, il s’agit de suivre le voyage dans le temps d’un cyborg (Lau !) jouant au T-1000 pour empêcher un enfant de devenir le scientifique responsable de la fin du monde. Pourtant, on pense assez rarement à Terminator durant le film tant Jing privilégie les ressorts comiques et idiots du divertissement familial plutôt que l’action pure et dure. C’est peut-être pas un mal d’ailleurs : dès que robots et mutants entrent en scène, c’est un festival de CGI d’un autre temps, de pouvoirs complètement barges, de gags lourdauds et de montage approximatif. Bref, c’est comme si le spectateur voyageait aussi le temps, avant l’avènement du numérique, quand le cinéma hong-kongais bricolait sans filet des pelloches naïves, artisanales, mais bien divertissantes. Time Warriors poursuit la tradition avec plus de budget, et donc de consternation pour le public non averti.
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