Spinning Man : un suspense qui tourne en rond

par | 5 octobre 2018

Le suspect Guy Pearce face au flic Pierce Brosnan : cette affiche alléchante est l’une des seules choses à retenir de ce polar pépère qu’est Spinning Man.

Il n’en faut parfois pas beaucoup aux films de séries B pour justifier un scénario de long-métrage. Preuve en est ce Spinning Man, passé en catimini au Festival de Beaune 2018 avant de nous arriver en vidéo. L’enjeu de cette coproduction irlando-suédo-américaine tient en une question : le professeur de philosophie Evan Birch a-t-il tué l’une de ses étudiantes ? Tel que l’incarne le toujours intéressant Guy Pearce, Birch est un homme érudit aussi pressé que volage, un mari trompeur dont les bonnes manières se teintent d’ambiguïté lorsqu’il se trouve confronté à ses propres mensonges. Ces derniers s’accumulent à partir du moment où l’inspecteur Malloy (un grisonnant Pierce Brosnan plutôt affûté et clairement à son aise) commence à fouiner dans son agenda, suite à la disparition de la jeune Joyce. Le passé de Birch, les failles dans son emploi du temps que sa propre famille fait remonter à la surface, notamment son épouse Ellen (Minnie Driver) qui a patiemment encaissé ses dérapages, en font bientôt un suspect idéal.

N’est pas Memento qui veut

Spinning Man se contente dès lors de jouer la montre pour nous faire douter de la culpabilité de Birch. Le réalisateur suédois Simon Kaijser, venu de la télé, nous fait pénétrer dans son inconscient (le prof aime à fantasmer sur ses étudiantes, ou même les vendeuses de son magasin de bricolage) et Pearce nous interroge en voix off : « Est-ce que vous n’avez pas parfois du mal à vous souvenir de certaines choses ? » Comme dans Memento tu veux dire, Guy ? Et comme dans un bon vieil épisode de Columbo, Pierce Brosnan vient titiller lors de multiples scènes le pas très sympathique enseignant en espérant enfin le prendre au piège de ses contradictions. Cela occasionne des échanges assez savoureux entre deux acteurs clairement ravis de bretter ainsi devant la caméra.

Mais en terme de suspense, Spinning Man tourne vite en rond : la nature du mystère est à peine plus passionnante qu’un épisode de New York section criminelle, et les allers-retours dans la vie de Birch (qui ne sont peut-être pas des flash-backs mais… des fragments de son imaginaire tordu ?) s’accumulent jusqu’à la confusion avant un coup de théâtre final d’une platitude confondante. Un déplaisant sentiment subsiste, celui d’avoir vu un beau casting se débattre avec un matériau clairement indigne de son talent.