The Blackout : invasion et gros troublons

par | 18 septembre 2020 | À LA UNE, BLURAY/DVD, Critiques, VOD/SVOD

The Blackout : invasion et gros troublons

La SF russe continue d’envahir nos rayons vidéo ! Le dernier exemple en date s’appelle The Blackout : un film d’anticipation à la fois bourrin, nébuleux et spectaculaire. 

Cela dure depuis dix ans et ne changera pas de sitôt : si vous voulez entendre parler du cinéma de genre russe, ou même savoir qu’il existe, c’est vers le monde du DTV qu’il faut se tourner. De la grosse épopée guerrière (spécialité locale) à l’aventure médiévalo-fantastique à la limite du compréhensible (une… autre spécialité locale), en passant par les dystopies pour ados et les films d’horreur ancrés dans les croyances folkloriques, il y en a pour tous les goûts lorsqu’on écluse les portails VOD. Cette année, c’est l’anticipation qui semble dominer les débats au pays de Poutine. Entre le récent Coma et la séquelle d’Attraction, dénommée Invasion, nous avons droit à The Blackout (aussi appelé Avanpost), sorti en Russie en 2019. Réalisé par Egor Baranov (Les chroniques de Viy), The Blackout digère comme c’est souvent le cas chez les Slaves un grand nombre d’influences SF occidentales pour en tirer un scénario aussi simple dans ses enjeux qu’il est nébuleux dans sa narration.

Russie, champ de bataille

The Blackout : invasion et gros troublons

Dans un futur proche, Moscou ressemble au Los Angeles de Blade Runner, la pluviométrie record en moins. Un monde hi-tech, rempli de drones livreurs de colis (cauchemar !), qui devient en l’espace d’une journée le dernier bastion de l’humanité. L’ensemble de la planète est en effet victime d’un black-out total, qui coupe la partie de la Russie et des États baltes encore active du reste du monde. Qu’est-il arrivé au-delà de ce « cercle de vie » rassemblant quelques millions de survivants ? Nul ne le sait. Simples soldats envoyés avec leurs camarades dans des missions de reconnaissance à haut risque, Oleg (Alekseï Tchadov, Night et Day Watch) et Yura (Piotr Fiodorov, The Duelist, Stalingrad), vont découvrir les raisons de cette apocalypse incompréhensible et affronter des ennemis pour le moins inattendus…

« Le premier acte est marqué par un assaut nocturne sur une base avancée de toute beauté. »

Tirons notre chapeau d’emblée à Baranov, qui a conçu plus de la moitié des plans de The Blackout à l’aide d’effets numériques parfois à peine décelables, avec le centième du budget d’un Transformers, sans céder sur l’ambition, parfois écrasante, de son script. Car s’il ne convainc pas tout à fait au niveau de ses personnages masculins comme féminins, peu chaleureux et victimes de changements d’humeur pas toujours compréhensibles, ou de ses dialogues, qui deviennent à mi-parcours lourdement sentencieux, The Blackout reste un spectacle plus que grisant par endroits. Le premier acte est marqué par exemple par un assaut nocturne sur une base avancée de toute beauté (imaginez l’ambiance de la bataille de Winterfell de Game of Thrones en mode militaro-bestial). Par la suite, The Blackout va aligner les images évocatrices, convoquant pêle-mêle World War Z, Prometheus, La chute du faucon noir, le cinéma de Michael Bay et l’animation japonaise. Un pot-pourri bancal, notamment à cause de scènes guerrières et d’explications de textes qui n’en finissent pas, mais généreux, qui fait que l’on suit avec un intérêt soutenu l’avancée de Yura et des siens vers la révélation finale : un climax aussi pataud que bourrin, jonglant entre plans dingos et empoignades ridicules.

Ambitieux jusqu’au bout, Baranov a conçu The Blackout comme le début d’une saga à grand spectacle. Cela peut expliquer le côté frustrant de son épilogue, inachevé et brutal, qui évoque plus un cliffhanger de série télé qu’un dénouement en bonne et due forme. La suite est déjà tournée et semble avoir été repoussée en raison de la pandémie de Covid. Si nous ne sommes pas forcément pressés de connaître le destin de personnages falots et un peu trop bellicistes pour être attachants, l’univers créé par Baranov donne envie de refaire un tour du côté de Moscou, juste pour voir…