The Irishman : la saga de Scorsese dégaine une grosse bande-annonce
Deux mois avant sa sortie sur Netflix, The Irishman abat enfin ses cartes dans un excitant trailer. Le retour de Scorsese au film de mafia répondra-t-il à nos attentes ?
Il aura fallu attendre le 25 septembre, soit deux jours avant l’avant-première mondiale au festival de New-York, pour qu’enfin, le projet le plus attendu de 2019 se dévoile dans toute son ampleur historique et thématique. The Irishman sortira sur nos petits écrans le 27 novembre, et aujourd’hui plus encore que ces derniers mois, les fans de Scorsese, De Niro, Pacino, des films de mafia et plus généralement du 7e art n’en peuvent plus de trépigner d’impatience.
Deux Parrains à la fête
The Irishman, pour rappel, est l’adaptation longtemps annoncée du roman de Charles Brandt I heard you paint houses, qui retrace la vie de Frank Sheeran, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale qui devint tueur à gages pour la mafia et fut, selon ses dires, le meurtrier de Jimmy Hoffa, le célèbre leader syndicaliste, en 1975. Comme le révèle clairement la nouvelle bande-annonce du film, dévoilée dans le « Tonight Show » de Jimmy Fallon, il s’agit d’un véritable retour au « film d’affranchis » pour Scorsese, plus de 15 ans après Les Infiltrés. Surtout, c’est le projet des retrouvailles avec Robert de Niro (qui joue Sheeran) et Joe Pesci (qui incarne le mafieux Russell Bufalino), un quart de siècle après Casino. Et sa première collaboration avec Al Pacino, qui hérite du rôle du « patron des camionneurs » Hoffa. Oh, et a-t-on mentionné que le reste du casting alignait entre autres Harvey Keitel, Bobby Cannavale, Ray Romano et Anna Paquin ?
« Les fans de Scorsese, De Niro, Pacino, des films de mafia et plus généralement du 7e art n’en peuvent plus de trépigner d’impatience. »
Production au budget colossal, à la fois pour Scorsese et Netflix, le film risque bien de monopoliser l’attention en cette fin d’année. Pas seulement par les ambitions dingues qu’il affiche (raconter la mafia « de l’intérieur » et revisiter un demi-siècle d’histoire des USA) et sa parade d’acteurs de légende, mais aussi par sa technologie de « de-aging » employée pour rajeunir numériquement son trio vedette, à commencer par De Niro. Les efforts faits sur le visage de l’acteur semblent effectivement remarquables, mais l’image garde un côté lisse, et flirte d’un plan à l’autre avec l’uncanny valley qui plombait les expériences similaires dans Rogue One et les Ant-Man. La post-production s’est en tout cas étendue sur des mois, Martin Scorsese souhaitant s’approcher autant que possible d’un rendu photo-réaliste. Reste à savoir si la technologie actuelle se montrera à la hauteur du perfectionnisme du réalisateur des Affranchis.
Les gangsters ont le blues
Le film est annoncé comme le plus long de la carrière du cinéaste, pulvérisant à 3 h 30 le record du Loup de Wall Street. Attention toutefois à ne pas attendre un résultat blindé d’action : si l’on en croit la productrice Jane Rosenthal, The Irishman aura malgré son ampleur une dimension introspective et feutrée, les personnages étant constamment tourmentés par les conséquences de leurs funestes actions. Les premiers avis post-27 septembre nous éclaireront sans doute plus sur ce parti-pris.
Reste enfin la question de la distribution via Netflix, à qui tout le monde reproche de cantonner ce projet faramineux au petit écran, tout en oubliant que c’est Scorsese qui est venu les voir après avoir essuyé le refus de plusieurs studios hollywoodiens. Aux États unis, The Irishman connaîtra une sortie en salles limitée à la Roma, malgré le lobbying de Netflix pour étendre son circuit d’écrans, dès le 13 novembre. En France, pas de sortie sur grand écran, of course, mais deux séances événement en octobre en présence du réalisateur, à la Cinémathèque de Paris et au festival Lumière de Lyon. Bien fort les chanceux qui pourront y assister !