Top 10 : les meilleurs films de John Woo
La sortie de son remake de The Killer est l’occasion de saluer en 10 films la carrière du virtuose indépassable de l’action : John Woo !
Pour de nombreux cinéphiles nés dans les années 80 – et avant ! -, le nom de John Woo est lié au souvenir de la découverte du cinéma hongkongais. Une cinématographie bouillonnante qui a explosé aux yeux du monde grâce, entre autres, aux bijoux réalisés par ce cinéaste biberonné à la fois aux films de sabre de la Shaw Brothers, aux westerns et comédies musicales américains et au film d’auteur européen. John Woo, à bientôt, 80 ans, se fait rare sur les écrans, qu’ils soient petits ou grands. Le maître officieux du film d’action a signé un discret retour au genre sur ses terres avec Manhunt (sorti en vidéo) avant de tenter un exercice de style inégal pour son retour aux USA avec Silent Night (vidéo également).
Ce 23 octobre, c’est en France que sort au cinéma (ailleurs, le résultat est à voir sur la plateforme de streaming Peacock) The Killer, remake tardif et parisien de son plus fameux film, avec Natalie Emmanuel et Omar Sy. S’il n’en a pas fini avec le 7e art – il prépare sa première comédie musicale officielle, avec les Sparks -, Woo est à une phase de sa carrière qui méritait bien un coup de rétroviseur. Voici pour nous les 10 meilleurs titres de sa longue filmographie, marquée par l’invention du heroic bloodshed, un règne bref mais glorieux sur le cinéma HK et une aventure américaine pétaradante et trop brève à la fois. Bonne lecture !
10. Les Associés
Avec Just Heroes, Les Associés est le plus méconnu des films de la période faste à HK de Woo. Il marque pourtant une incursion dans un genre plus léger. Dans ce film de cambrioleurs tourné sur la Côte d’Azur, l’amour que le cinéaste porte au cinéma français et à Hitchcock explose, avec un trio glamour imparable : Chow Yun-Fat, Leslie Cheung et Cherie Chung. Drôle, solaire et trépidant, c’est une réussite à redécouvrir !
9. Windtalkers
L’un des plus gros budgets de John Woo, Windtalkers marque aussi, par son échec en 2002, le début de la fin de sa carrière aux USA. Le film révèle le rôle-clé joué par les soldats Navajo, dont la langue inconnue des Japonais ne pouvait être décodée pendant la Seconde Guerre Mondiale. Nicolas Cage mène avec Adam Beach ce film de guerre grandiloquent, dont la violence effraya même ses producteurs.
8. Le syndicat du crime 2
Dans la foulée du succès de son grand polar, John Woo et son producteur Tsui Hark décident de tourner Le syndicat du crime 2. Iconisé mais tué dans le premier film, Chow Yun-Fat revient jouer… son frère jumeau, lui aussi porté sur les manteaux noirs et les fusillades à deux mains. Inégale, cette séquelle rentre dans l’histoire grâce à son impressionnant et furieux climax, qui traumatisa entre autres le jeune Tarantino.
7. Chasse à l’homme
Mal-aimé à sa sortie, Chasse à l’homme se bonifie avec l’âge. L’histoire est connue : JCVD vient courtiser Woo chez lui et le convainc de franchir le Pacifique. Produite par Sam Raimi, cette relecture des Chasses du Comte Zaroff dans le bayou importe tel quel le style opératique et premier degré du cinéaste. Le studio prend peur et charcute ce qui reste une série B ultra-léchée, et l’un des meilleurs « coups » du karatéka belge.
6. Le syndicat du crime
Tout commence là. Après 15 années de commandes (comédies, drames en costumes, wu xia sanglant avec La dernière chevalerie), John Woo se révèle au monde avec Le syndicat du crime. Une fresque mafieuse sentimentale et violente qui impose un style, une patte, inimitable et tant de fois imitée depuis, entre tradition éclairée et modernité incroyable. Le cinéaste fait ainsi entrer « HK » dans une nouvelle ère !
5. Les trois royaumes
Film du retour au bercail chinois, moins célébré qu’un Hero ou un Tigre et Dragon, Les trois royaumes est l’une des grandes fresques martiales et guerrières des années 2000. Dans sa version longue, ce récit de la bataille de la Falaise Rouge, pendant la dynastie Han, peut déployer toute sa virtuosité narrative et visuelle. A la fois complexe et limpide, spectaculaire et captivant, Les trois royaumes en impose !
4. The Killer
Comme dit plus haut, The Killer reste le premier film qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque le nom de John Woo. C’est le projet rêvé du cinéaste, celui où ses obsessions (l’amitié romantique, la religion, la rédemption impossible, le trio Melville, Peckinpah et Jacques Demy) sont rassemblées dans une histoire de triangle improbable entre tueur classieux, flic tenace et chanteuse aveugle. Un choc terminal, à l’influence inépuisable.
3. Volte/Face
Si l’on ne devait garder qu’un souvenir, mémorable, du séjour de John Woo en Californie, ce serait celui-là : l’infiniment jouissif Volte/Face. Le film d’action hollywoodien idéal, emblématique des 90s, avec deux cabotineurs (Cage et Travolta) en état de grâce et un « high concept » invraisemblable mais qui fonctionne pourtant du feu de Dieu, grâce au talent brut et aux intuitions brillantes de son metteur en scène.
2. Une balle dans la tête
S’il y a bien une perle noire à faire rejaillir de la filmo de John Woo, c’est Une Balle dans la tête. Cette œuvre très personnelle, variation shakespearienne sur le thème de Voyage au bout de l’enfer, conte la destruction d’une amitié entre trois hommes pendant la guerre du Viêt Nam. Tournage difficile et échec financier, ce film terrassant, d’une violence qui n’a cette fois rien d’opératique, ne laisse personne indemne.
1. À toute épreuve
Bouquet final d’une prodigieuse décennie hong-kongaise, À toute épreuve est pour beaucoup (y compris votre serviteur) le film par lequel la « Woomania » a commencé en France. Ce buddy movie urbain hanté par la rétrocession de HK à la Chine, avec sa photo bleutée, ses morceaux de bravoure dantesques et inégalés, son audace stylistique (où a-t-on vu se mélanger ainsi intermèdes jazzy mélancoliques, freeze frames et fondus enchaînés en pagaille, et déluges de douilles découpés comme un ballet frénétique ?) fait figure de best of indépassable du réalisateur. Une lettre d’amour, et d’adieu, à la péninsule, avant son départ aux USA, où Chow Yun-fat et Tony Leung n’ont jamais été aussi charismatiques et tourmentés. À toute épreuve se déguste comme un feu d’artifice aussi glaçant dans ses thèmes qu’irrésistible dans sa forme. Un chef d’œuvre, là encore !