Voleuses : Mélanie Laurent cambriole Netflix
L’actrice-réalisatrice Mélanie Laurent fait un numéro de drôle de dames paresseux dans Voleuses, divertissement ensoleillé mais très détendu.
C’est à un rythme énergique que Mélanie Laurent, comédienne française aux déjà nombreux titres de gloire, bâtit depuis 10 ans sa carrière parallèle de réalisatrice. Nous l’avions laissée en 2021 sur Prime Video avec une adaptation plutôt louable du Bal des Folles, mais c’est cette fois sur Netflix, pour lequel elle a joué entre autres dans Oxygène et Six Underground (pas un titre de gloire, celui-ci) qu’elle réapparaît dans un genre tout à fait différent. Vendu – un peu trop vite – comme une sorte de Mission : Impossible à la française, Voleuses, qui s’inspire de la BD de 2012 La Grande Odalisque, prend en fait un malin plaisir à travestir sa commande de film de casse ensoleillé et féministe clignant de l’œil à La main au collet, pour livrer à la place un film de copines ni très bien joué, ni très original.
Hold-up sous le soleil
L’intrigue de Voleuses confine de fait à la simplicité enfantine : un duo de braqueuses / assassines d’élite, formé par Mélanie Laurent et Adèle Exarchopoulos, se voit confier par leur patibulaire « marraine » (Isabelle Adjani) un nouveau coup, le dernier évidemment pour l’héroïne jouée par la réalisatrice – parce qu’elle va avoir un enfant au moment où elle n’y croyait plus. Direction la Corse pour subtiliser une œuvre d’art, avec l’aide d’une jeune pilote fougueuse, Sam (Manon Bresch), qui n’aura finalement pas grand-chose à piloter ni à faire durant toute cette histoire. Il y a beau avoir un poil de danger et de l’argent à se faire, l’urgent pour ces drôles de dames semble surtout être de prendre du bon temps sous le soleil du Sud, même s’il faudra bien sortir les armes et déployer une dose de charme pour remplir la mission et le quota divertissement promis par le titre.
« Adèle sauve carrément la baraque en déployant des trésors d’énergie, de séduction et de malice tout en restant crédible dans l’action. »
Derrière l’indolence rapidement évidente qui caractérise Voleuses (voir l’introduction chaotique qui veut à tout prix respecter le cahier des charges de Netflix : happer le spectateur avec de l’action sans queue ni tête dès les premières minutes), l’humour nigaud renforcé par la présence d’un jovial Philippe Katerine, la mise au rebut de toute forme de suspense ou d’urgence (tout le monde à l’air de se battre les noix de ou des missions à accomplir, à commencer par la réalisatrice), il y a un projet presque anarchique de pirater un genre souvent hétéro-normé et frénétiquement glamour. Dans Voleuses, le spectateur s’extasie plus sur l’architecture des planques des braqueuses (dont une aux murs en miroir, superbe idée), la cinégénie des côtes corses et la liberté de ton de ses héroïnes à la sexualité affirmée, que sur n’importe quelle promesse de réussite artistique.
Indéniablement, le film est bancal, parfois ridicule (ce règlement de comptes sur fond de flamenco, mon dieu), parfois monté en dépit du bon sens, et le scénario fait mine d’être dramatique au pire moment – la fin, véritable catastrophe. Adjani est y mauvaise comme rarement (c’est à peine si nous l’entendons susurrer ses terribles dialogues). Mais notre chère Adèle sauve carrément la baraque en déployant des trésors d’énergie, de séduction et de malice tout en restant crédible dans l’action. Et c’est à travers elle, et l’aspect totalement détendu, inoffensif et quelque part inattendu de l’ensemble, que le long-métrage regagne un peu notre sympathie. Pas sûr qu’il faille conseiller à Mélanie Laurent de persévérer dans cette voie, mais ça tombe bien : la cinéaste est plutôt du genre à les varier d’un film à l’autre, ces genres…