L’histoire troublée de l’Afrique du Sud, pré et post-Apartheid, constitue un terrain idéal pour les scénaristes de cinéma. Une matière fictionnelle sensible mais encore trop peu exploitée sur grand écran, à part dans le mirifique District 9 et le très mou Invictus de Clint Eastwood. Avec Zulu, production française (mais oui) tournée du côté de Cape Town, à ne pas confondre avec le classique de Cy Enfield, Jérôme Salle, réalisateur techniquement très doué mais très impersonnel des Largo Winch, s’essaie au buddy-movie politiquement engagé. Et cette fois, pas de Sharon Stone sur le retour pour faire « prestigieux ». Le réalisateur d’Anthony Zimmer a directement tourné en anglaise cette adaptation du roman de Caryl Férey avec deux grosses stars hollywoodiennes : Orlando Bloom, qui ne s’est toujours pas vraiment imposé à l’écran en dehors des adaptations de Tolkien et des Pirates des Caraïbes, et Forest Whitaker, en plein buzz pré-Oscar depuis le triomphe inattendu du Majordome.
Zulu se déroule dans une Afrique du Sud pansant encore les plaies de l’Apartheid. Deux détectives, Ali Neuman (Whitaker, qui remplace ici Djimoun Hounsou, initialement choisi par Salle), qui a survécu dans son enfance au raid meurtrier d’un parti radical pro-Apartheid, et Brian Epkeen (Bloom), un blanc justement membre d’une famille d’Afrikaners, font équipe dans une enquête particulièrement sordide qui secoue Cape Town. Deux cadavres de femmes sont en effet retrouvés en ville, premières victimes visibles d’une nouvelle drogue dévastatrice, dont l’origine est aussi mystérieuse qu’impensable… Neuman et Epkeen doivent faire abstraction de leurs différences, de leur passé et de la pression du nouveau gouvernement en place pour faire, si possible, éclater la vérité au grand jour…
Fait inhabituel pour un thriller, certes luxueux mais apparemment aussi formulaïque, Zulu s’est déjà révélé à une partie de la presse en mai dernier, lorsque le film a été présenté en clôture du festival de Cannes. Les premiers échos, mitigés, ont été discrets, mais à quelques semaines de la sortie du film, la mise en ligne d’un premier trailer permet de se faire une bonne idée du résultat final. Montée au son d’une efficace partition d’Alexandre Desplat (Zero Dark Thirty), la bande-annonce mixe des éléments de drame introspectif – le personnage torturé dans tous les sens du terme d’Ali est particulièrement mis en avant -, d’enquête paranoïaque et d’action pure, certaines scènes assez impressionnantes évoquant l’ambiance de La chute du faucon noir. Bref, de quoi donner envie de participer à cette tortueuse exploration des townships sud-africains, à partir du 4 décembre prochain, date de sortie annoncée du film chez nous.