10 ans après : Netflix en France en 10 dates clés

Il y a 10 ans déjà, Netflix commençait à envahir les salons français. Retour sur une décennie où le streaming a peu à peu détrôné la télé « à l’ancienne ».

En 2014, alors que l’Internet à haut débit finit tout juste de se généraliser dans le pays, le service de streaming illimité (ce que personne n’appelait encore la SVoD, pour Streaming video on demand) Netflix, qui compte déjà plusieurs dizaines de millions d’abonnés outre-Atlantique, débarque à grand bruit en France. Sur les terres de Canal+, précurseur hexagonal de la SVOD avec un service, CanalPlay, qui ne connaîtra jamais le succès qu’il méritait. Sur les terres aussi de chaînes hertziennes privées puissantes, TF1 et M6, qui voient d’un mauvais œil « l’entrée du loup dans la bergerie ».

Mais la méfiance cède devant l’évidence : grâce à ses supercalculateurs garantissant une qualité d’image constante, un catalogue en constante expansion et une communication agressive, Netflix dépasse le cercle des connaisseurs pour devenir un phénomène national. L’équivalent pour le cinéma et les séries de Spotify et Deezer pour la musique : la culture en illimité, à la demande, pour un prix modique. Pour les nouvelles générations, Netflix est l’outil qui a renvoyé la télévision linéaire à l’âge de pierre. Avec les années, les concurrents se sont multipliés, de Disney à Max, Canal+ a intégré Netflix dans son offre… Et le streamer continue de faire la course en tête. Retour sur une décennie qui a tout changé, en 10 dates clés !

Sept ans après les Américains, les abonnés découvrent un large catalogue de films et séries, dont certaines exclusives : Orange is the New Black, Hemlock Grove puis plus tard House of Cards, Marco Polo… Les opérateurs Internet sont d’abord rétifs à l’idée de proposer un accès à la plateforme avec leur box, mais le succès, déjà écrit, de Netflix, finit par les convaincre.

Le drame guerrier de Cory Fukunaga (True Detective saison 1) est un film couvert de prix en festival. C’est une acquisition d’ampleur pour Netflix, qui se lance dans la chasse aux Oscars. Le streamer produit la même année son premier film maison… le nanar western The Ridiculous Six de et avec Adam Sandler.

La série politique et mafieuse de Dan Franck et Florent Emilio-Siri Marseille, avec Gérard Depardieu et Benoit Magimel, est tournée en ridicule par les internautes à cause de ses dialogues fleuris improbables. Mais la série a malgré tout (ou grâce à ce bad buzz) droit à une deuxième saison.

Je ne suis pas un homme facile, comédie d’Eléonore Pourriat avec Vincent Elbaz et Blanche Gardin, imagine un monde où tous les clichés sexistes ont été inversés, à la stupeur d’un héros macho propulsé dans cette société matriarcale. Le film passe complètement inaperçu, mais sera suivi d’autres tentatives plus populaires, comme Balle Perdue.

Selon des objectifs contractuels, Netflix, qui rechigne alors à payer ses impôts en France, doit produire chaque année une vingtaine de 20 créations dans l’Hexagone. Un rythme que le streamer, boosté par le succès planétaire de Lupin, veut augmenter– en 2023, l’entreprise a investi 50 millions d’euros dans la production de films français.

200 000 plus exactement. Une halte brutale dans l’irrésistible progression de Netflix, alors que le groupe prévoyait plusieurs millions d’abonnements supplémentaires. La Russie, l’Inde et la Chine, marchés énormes, résistent à Netflix, qui doit chercher de nouvelles solutions pour faire des bénéfices… comme augmenter ses tarifs !

Déjà bien implanté dans le pays, Netflix devient un symbole du repli culturel obligatoire des Français pendant la crise du Covid. 8 ans après son arrivée, les experts estiment que le « N » rouge apparaît dans 40 % des foyers français, loin devant Amazon Prime Video et Disney+.

Netflix initie une mode qui va faire école chez ses concurrents. L’abonnement « économique » implique la diffusion de 5 minutes de publicité par heure – un peu comme à la télévision, finalement. Netflix déclare que 10 à 15 % de ses nouveaux abonnés en France choisissent désormais cette formule lors de leur inscription.

Est-ce dû à l’actualité olympique, ou à l’attrait des spectateurs pour les requins tueurs ? Le film de Xavier Gens fait en tout cas un triomphe sur Netflix. Sorti le 5 juin, Sous la Seine dépasse les 100 millions de vues, tout près du plus gros succès non-anglophone de la plateforme, Troll – mais loin de Red Notice et ses 360 millions de vues.

Avec 8 millions d’abonnés supplémentaires au deuxième trimestre, en partie grâce à la fin du partage de mots de passe, Netflix assoit un peu plus sa domination sur le marché de la SVOD. Le catalogue français, lui, a explosé : le site JustWatch comptabilise plus de 7 600 « contenus » disponibles sur le portail, soit 2 000 de plus que chez le concurrent Prime Video.

Crédit infographie : Presse-Citron