C’est un refrain qui revient souvient dans nos chroniques Qualité France : face à la crise économique, le cinéma français est, comme les autres industries, touché de plein fouet et les investissements dans les films ont logiquement chuté l’an passé, contrairement au nombre d’entrées en salles. C’est même une sorte d’année record en ce qui concerne le 7e art bien de chez nous, avec une part de marché supérieure à celle du cinéma américain. Nul doute que les membres de l’Académie des Césars, qui seront remis le 20 février prochain au théâtre du Châtelet, le rappelleront pendant leurs discours. Enfin, ça, ça sera après que Dany Boon sera monté sur scène pour faire deux blagues avec l’accent ch’ti (il a réussi à recaser le mot dans son prochain film, Une jolie ch’tite famille) et tenter de nous convaincre qu’Hypercondriaque méritait bien quelques nominations. On prend les paris.
[quote_center] »Sean Penn sera la star américaine invitée de l’année, lui qui vient de tourner avec le réalisateur de Taken un… sous-Taken, nommé The Gunman. »[/quote_center]
Et de paris, tiens, parlons-en ! Les nominations aux Césars 2015 ont été maintenant révélées depuis quelques jours, et ont mis en avant quelques favoris clairement mis en valeur : Saint-Laurent, le film de Bertrand Bonello, part en tête avec dix nominations, suivi de près par l’épatant Les Combattants, avec 9 nominations. Ces locomotives sont à la fois estampillées « auteur » et « populaire » (moins que Boon, c’est sûr, mais tout de même), un mariage de raison après lequel court ces dernières années l’Académie (il n’y a qu’à voir le triomphe, un peu disproportionné, des Garçons et Guillaume, à table ! en 2014). Il aurait toutefois fallu bien plus de tickets vendus pour en faire l’égal d’une Famille Bélier, qui s’invite aussi à la fête avec 6 nominations alors que le film continue de cartonner dans les salles. Timbuktu, Yves Saint-Laurent, Sils Maria et le plutôt sympathique Hippocrate font partie des autres sérieux outsiders de la soirée. Il est bon de noter que dans sa très grande majorité, les nominations ont tout simplement occulté tous les représentants possibles du film de genre hexagonal, notamment une Affaire SK1 qui aurait mérité quelques accolades.
La statuette est (presque) pour eux !
S’il est un peu trop tôt pour désigner un vainqueur incontournable parmi cette liste très variée, quelques valeurs sûres se détachent d’ores et déjà du lot. Les récompenses techniques ont d’ores et déjà une bonne chance de souligner le boulot titanesque de l’équipe de La belle et la bête de Christophe Gans, même si Saint-Laurent devrait aussi faire bonne figure dans ce domaine. Rayon révélations, la statuette semble promise à l’ex-chanteuse-et-actrice-débutante Louane Emera, pour La famille Bélier et Kévin Azaïs pour Les Combattants. Le film de Thomas Cailley devrait aussi repartir avec la récompense du meilleur premier film, un prix que l’Académie Lumière, sorte d’équivalent des Golden Globes, lui a déjà remis début février.
Cette cérémonie parallèle donne par ailleurs quelques indices précieux sur les chances actuelles des « gros » films de la soirée : Timbuktu en particulier a triomphé dans les catégories phares de réalisateur et meilleur film, devant Saint-Laurent, récompensé à travers la prestation, qui met de toute manière tout le monde d’accord, de Gaspard Ulliel dans le rôle du couturier. Karin Viard est, elle, applaudie pour son rôle de mère sourde chez les Bélier. Ce quatuor, idéalement équilibré, pourrait-il être reproduit à l’identique au Châtelet ?
Les incertitudes demeurent
L’absence qui a généré le plus d’incompréhension cette année, celle d’Astérix le domaine des dieux, ouvre la voie à un vrai suspense pour le César du film d’animation. Alors : Minuscule ou Le chant de la mer ? Les paris sont véritablement ouverts dans ce domaine, tout comme pour la catégorie encombrée du César du film étranger. Enfin… Doute-t-on vraiment que les Français loupent une occasion de faire monter sur scène Xavier Dolan et son Mommy ? Du côté du glamour, si la présence à Paris de Kirsten Stewart, « ombre » de Juliette Binoche dans le film d’Assayas et nommée pour le meilleur second rôle, se confirme, il y a fort à parier que l’actrice américaine ne sera pas venue pour rien…
Une chose est sûre : Sean Penn sera la star américaine invitée de l’année, lui qui vient de tourner avec le réalisateur de Taken un… sous-Taken, nommé The Gunman. Un retour sous le signe de la série B commerciale, qui selon un timing étrange lui vaudra donc un César d’honneur. Quand on vous dit que les Césars cherchent à être populaires !
Trêve de bavardages : retrouvez ci-dessous l’ensemble des nominations aux Césars, assortis de nos pronostics complets. Et rendez-vous le 20 février, et de bonne humeur s’il vous plait !
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