Au cas où la question vous aurait traversé l’esprit (si ça n’est pas le cas, pas grave, nous allons y répondre quand même), non, nous avons décidé de ne pas chroniquer dans cette inestimable sélection mensuelle d’inédits vidéo les films disponibles uniquement sur Netflix. D’une part, parce que leur côté exclusif (il est impossible de se procurer certains titres autrement que chez eux) va à l’encontre de notre idée de démocratisation du DTV ; de l’autre, nous avons en fait prévu de vous concocter un dossier spécifique à ces « oubliés de la VOD », qui, indépendamment de l’identité de leur diffuseur, valent quand même parfois sacrément le détour !

Pour le reste, les traditions sont respectées à la lettre dans notre livraison de septembre : du rire, du suspense, du gore, et des fautes de goût à éviter à tout prix ! Il a fallu, comme souvent, faire des choix, mais si nous avons oublié une perle en route, n’hésitez pas à réagir dans les commentaires (soyez pas timides). Bonne lecture… et bonnes soirées vidéo !


We are still here

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Un film de Ted Geoghegan, avec Barbara Crampton, Larry Fessenden, Lisa Marie

Sortie le 27 septembre en DVD (Factoris)

Pas mal

Remarqué, comme c’est le souvent le cas pour les films d’horreur à petit budget, au détour de plusieurs festivals, We are still here fait partie de ces modestes productions qui marquent les esprits par leur refus d’appliquer les recettes à la mode et de plaire au plus grand monde. Ted Geoghegan, pour son premier long-métrage, a choisi comme beaucoup de ses congénères (au hasard : Ti West) de se téléporter à la fin des années 70, et de mettre en vedette un couple tirant vers la cinquantaine, et tout sauf glamour. Paul et Anne tentent de se remettre de la mort accidentelle de leur fils en aménageant dans une maison isolée de Nouvelle-Angleterre. Laquelle est bien évidemment hantée par des fantômes au look de grands brûlés, et du genre expéditif ! Dans son rythme, son esthétique (peaufinée par le chef op’ Karim Hussain), son casting atypique, mais malin – Larry Fessenden en hippie possédé, l’excellente Barbara Crampton en mère éplorée -, sa durée resserrée et même son script à tiroirs, We are still here se fait l’héritier d’une tradition du fantastique disparue. La deuxième très sanglante moitié du métrage fait se croiser les fantômes de La quatrième dimension, de Lucio Fulci et des Chiens de paille, avec une radicalité visuelle (hello les effets gore prosthétiques !) qui n’empêche pas une de voir poindre certaine mélancolie émotionnelle. Très recommandable.

À voir… si vous appréciez les films fantastiques et le gore à l’ancienne, les séries B indé qui sortent du tout-venant.


Keanu

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Un film de Peter Atencio, avec Keegan-Michael Key, Jordan Peele, Tiffany Haddish

Sortie le 10 septembre en VOD (Warner Bros)

Pas mal

Si vous évoquez devant un spectateur français les noms de Jordan Peele et Keegan-Michael Key, il y a peu de chances que celui-ci lâche un grand sourire en ajoutant « j’adore ces mecs ! ». Tout comme Tyler Perry, ou dans une moindre mesure Andy Samberg, le duo Key & Peele fait partie de ces phénomènes yankees qui n’ont pas encore réussi leur exportation chez nous. Superstars du stand-up et de la télé (Key est même apparu dans un numéro d’anthologie de traducteur… aux côtés de Barack Obama), les deux humoristes ont filé à Hollywood pour emballer ce Keanu fidèle à leur style : satirique, azimuté et absurde. Key et Peele jouent ici deux cousins partis chercher Keanu, le chat du deuxième, kidnappé par erreur par des gangsters (et oui, le film n’hésite pas à balancer quelques références hilarantes à l’acteur). Le mignon petit animal devient le McGuffin d’une comédie calée sur les codes du buddy movie, dont l’humour vient du fait que Key & Peele tentent maladroitement de se faire passer pour des homeboys sans pitié – alors qu’ils adorent George Michael et les calendriers de chatons. Même s’il faut avoir quelques références en matière de culture US pour comprendre certains gags, que d’autres tombent à plat, et que l’ensemble abuse de codes éprouvés (deux nigauds criminels malgré eux, l’idée n’est pas très fraîche), Keanu se déguste comme une bonne comédie à l’ancienne, avec un quota « absurdités » bien rempli. De l’utilisation du chat à l’irruption de chœurs antiques en passant par des caméos énervés, Keanu a de la folie douce à revendre.

À voir… si vous aimez les buddy-movies comiques, Keanu Reeves et les petits chats gangstas.


Eye in the sky

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Un film de Gavin Hood, avec Helen Mirren, Aaron Paul, Alan Rickman

Sortie le 9 septembre en e-Cinéma (Sony Pictures)

Incontournable

Déjà survolé dans l’assommant Good Kill, le thème de la guerre contemporaine, où l’on tue par drones et par ordinateurs interposés soulève de nombreuses questions, que le cinéma se fait un plaisir de traiter. Dans cette production britannique sortie l’année dernière, Gavin Hood tente de répondre à la question : « press the button or not« . Pour savoir si un jeune soldat américain récalcitrant doit envoyer une frappe aérienne sur un village malien infesté de fanatiques au risque de toucher la population civile, Eye in the sky va faire le tour des états majors dans un long débat philosophique et pragmatique. Intéressant à plus d’un titre, le film prend rapidement un rythme théâtral, orchestré par un excellent montage. Tellement efficace, que le film pourrait bien se faire prendre à son propre jeu, en construisant un insoutenable suspense, parfois drôle, autour d’une situation particulièrement grave et réaliste. Malgré cette ambiguïté gênante, Eye in the Sky, sorti en e-cinéma, aurait mérité les honneurs des salles obscures françaises.

À voir… pour son casting, pour un dernier adieux à Alan Rickman, pour les larmes d’Aaron Paul et  pour l’impitoyable Helen Mirren.

[icon_check] Lire la critique de Eye in the sky


Diabolical

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Un film d’Alistair Legrand, avec Ali Larter, Max Rose, Chloé Perrin

Sortie le 28 septembre en DVD et Blu-Ray (Marco Polo)

Pas mal

Et voici venir un nouveau film de maison hantée dans cette sélection, et qui ne s’embarrasse pas de modestie puisqu’il s’appelle The Diabolical ! L’histoire démarre sur les chapeaux de roue, alors que Madison (Ali Larter, la grande blonde de Resident Evil et de Destination Finale), mère célibataire de deux marmots, fait face à des spectres flippants, car en lambeaux, qui se manifestent dans les pièces de sa maison – même dans la machine à laver ! Leurs apparitions sont accompagnées de lueurs électriques, et le rythme de celles-ci s’accélère. Pas étonnant, dans ces conditions, que le fiston soit violent à l’école, et que Madison ait du mal à gérer sa relation avec un prof sexy (Arjun Gupta, Nurse Jackie), en plus de ses traites impayées. Le mystère s’épaissit alors que la famille tente de comprendre ce que ces fantômes cherchent… Et c’est dans la réponse que se situe le véritable intérêt de ce suspense surnaturel, marchant dans les traces d’Insidious avant de subitement changer de genre. Tout ne tient pas véritablement debout là-dedans, et The Diabolical perd souvent en frissons ce qu’il gagne en complexité narrative – la faute à un final assez nébuleux. Mais cette aimable série B a le mérite de l’originalité, et on s’attache vite à cette famille sous pression, prise dans un cauchemar sans fin.

À voir… si vous cherchez des surprises dans les films de fantômes et si vous aimez le mélange des genres.


The Wee Man

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Un film de Ray Burdis, avec Martin Compston, John Hannah, Patrick Bergin

Sortie le 7 septembre en DVD (M6 Vidéo)

Pas mal

Les critiques évoquent souvent lorsqu’il s’agit de films de gangsters l’héritage écrasant du cinéma américain et de ses « mythes » fondateurs. Mais après les USA, le Royaume-Uni est sans doute le plus gros pourvoyeur de films du genre, inspirés le plus souvent de figures réelles du crime organisé. Après Legend avec Tom Hardy, qui s’intéressait au règne et à la chute des frères Kray, voici venir The Wee Man, un inédit de 2013, qui chronique la vie mafieuse de Paul Ferris (Martin Compston, révélé par Sweet Sixteen). C’est à Glasgow, avec ses rues grises et ses pubs douteux, que se déroule dans les années 80 cette histoire de meurtres crapuleux, de trahisons et de doubles jeux. Ferris est un gamin nerveux qui veut prendre sa revanche sur la vie, et devient l’homme de main du parrain local (Patrick Bergin), ainsi que la cible d’un machiavélique tenancier de boîte de nuit (John Hannah). Qui va en sortir vainqueur ? Pas grand-monde, finalement, vu que The Wee Man, manifestement inspiré par Le Parrain (rien que ça), réserve deux sorts au choix à tous ses personnages, qu’ils soient loyaux ou envieux : la mort ou la prison. Le schéma est familier, la réalisation un peu laborieuse, et le film tout sauf « sexy » dans sa peinture d’un milieu impitoyable (loin du clinquant de Legend, dont les personnages sont d’ailleurs cités ici).

À voir… si vous aimez les accents écossais et les règlements de compte entre faux amis.


Cell Phone

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Un film de Tod Williams, avec John Cusack, Samuel L. Jackson

Sortie le 21 septembre en DVD et Blu-Ray (Sony Pictures)

Á éviter

Véritable serpent de mer dans l’océan des adaptations de Stephen King, Cell Phone (adapté, donc, du roman Cellulaire) aurait dû au départ voir le jour sous la houlette d’Eli Roth… en 2007 ! Après de nombreux faux départs et d’annonces avortées, le projet a vu le jour avec le casting de Chambre 1408 – autre adaptation du King -, soit Samuel L. Jackson et John Cusack, dirigé par Tod Williams (Paranormal Activity 2 !). Dans cette histoire de population infectée par un signal téléphonique qui rend fou, les deux acteurs jouent des survivants cherchant à atteindre un proverbial refuge au nord des USA. Livre à succès, Cellulaire ne cherche malgré tout pas à être autre chose qu’un ersatz plein d’ironie du Fléau. Et de ce côté série B, Cell Phone n’a pas retenu grand-chose. Handicapé par un script (pourtant signé du romancier) biffant une bonne partie de l’intrigue, une réalisation aux fraises d’un mercenaire sans talent, un casting somnambulique – mention au pauvre Cusack, plus zombie encore que les infectés -, et un rythme pachydermique, Cell Phone n’est que l’ombre du gros film apocalyptique qu’il aurait pu être avec des producteurs plus avisés et ambitieux. Un désastre, un vrai.

À voir… si vous êtes un complétiste de Stephen King au cinéma, si vous voulez savoir ce que devient John Cusack.


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