Dans une période marquée par les annonces tonitruantes de Netflix, qui semble vouloir faire main basse sur vos soirées canapé, le marché de l’inédit vidéo physique et dématérialisé pourrait avoir du plomb dans l’aile. À bien regarder le planning des sorties à venir, ou même celui du mois de février 2017 qui nous occupe, nous avons envie de répondre par la négative. La sélection de ce mois-ci réserve une nouvelle fois son lot de surprises, plus ou moins bonnes, toujours caractérisées par une vaste représentation de cinématographies internationales.

Dans cet univers que nous nous plaisons toujours à défricher pour vous, il nous faut faire des choix et limiter nos chroniques à une poignée de titres. Mais si nous avons oublié un titre en route, n’hésitez pas à réagir dans les commentaires. Bonne lecture… et bonnes soirées canapé !


Toro

Inédits vidéo : la sélection DTV de février 2017Un film de Kike Maillo, avec Luis Tosar, Mario Casas, Claudia Canal

Sortie le 17 février en DVD et Blu-Ray (Wild Side)

Incontournable

S’il y a bien un pays qui doit réjouir en ce moment les fans de film noir, c’est l’Espagne. Le triomphe de La Isla Minima en 2015 aidant, le genre a le vent en poupe et permet de voir naître des propositions singulières comme Toro. Nouveau long-métrage de Kike Maillo, qui s’était fait connaître avec le sympathique film de SF Eva, Toro situe son action sur la côte andalouse, que le cinéaste filme comme un Michael Mann expatrié en Méditerranée. Luis Tosar, coiffé pour jouer dans une adaptation de GTA V, et Mario Casas (Mi gran noche) incarnent deux frères on ne peut plus opposés, mais réunis par un traumatisme familial qui a envoyé le second, surnommé Toro, en prison. Le côté esthétisant de la mise en scène, l’interprétation appuyée dans les premières minutes, font figure de note d’intention : Toro est un polar très premier degré, qui déroule une histoire classique de vengeance et de course-poursuite avec des rebondissements visibles à trois kilomètres. Maillo le sait, et mise tout sur l’ambiance, sur ses décors de plages inquiétantes, ses beautés fatales (et sans défense), et surtout une brutalité qui explose vraiment dans le troisième acte. Avec une violence qui évoque le cinéma sud-coréen, Toro, pas si éloigné dans son mutisme du pilote de Drive, s’en va chercher vengeance contre un vieux parrain lanceur de couteaux. C’est cruel, sans bavures et impitoyable.

À voir… si vous aimez les films musclés mais pas idiots, le polar andalou, les perruque de Luis Tosar et les taiseux tatoués


Detour

Inédits vidéo : la sélection DTV de février 2017Un film de Christopher Smith, avec Tye Sheridan, Bel Powley, Emory Cohen

Sortie le 17 février en VOD (UFO Distribution)

Incontournable

À force de vous en parler, vous finirez bien par le comprendre : Christopher Smith est de retour ! Découvert en avant-première à l’Étrange Festival, Detour marque la première incursion du réalisateur britannique, auteur entre autres de Triangle et Black Death, en terre américaine. Comme son titre l’indique, Detour est autant un hommage au film noir – via le classique d’Edgar G. Ulmer du même nom – qu’à son pendant post-moderne, le néo-noir. Smith, qui s’essaie pour la première fois au genre, insuffle une vraie fraîcheur dans cette histoire de meurtre, au centre de laquelle on retrouve un trio d’acteurs jeunes, beaux et torturés. Il y a Harper (Sheridan), l’étudiant vouant une haine tenace à son beau-père, Johnny (Cohen), la petite frappe qui accepte de le tuer, et Cherry (Powley), la proverbiale petite amie blonde pas si innocente. Detour pourrait être une cavale sardonique pleine de rebondissements, pas éloignée de ce que tournait John Dahl dans les années 90. Le twist, c’est la narration éclatée de Smith qui introduit un split-screen et deux temporalités alternatives dans l’équation, rendant un scénario balisé en apparence imprévisible. Alors oui, c’est un « truc » de petit malin, mais comme dans Triangle, Smith maîtrise jusqu’au bout son expérience, qui ne l’empêche pas de soigner ses personnages au point de les rendre vraiment attachants.

À voir… si vous aimez le néo-noir avec un twist ludique, les cavales dans le désert, les polars qui sortent de l’ordinaire

Lire la critique de Detour


Don Verdean

Inédits vidéo : la sélection DTV de février 2017Un film de Jared Hess, avec Sam Rockwell, Jemaine Clement, Danny McBride

Sortie le 1er février en DVD (Universal)

Pas mal

Dans le genre « histoire farfelue à laquelle vous n’auriez jamais pensé », voici Don Verdean ! L’auteur de cette comédie biblico-farfelue s’appelle Jared Hess, et si vous ne le connaissez pas, c’est à la fois logique et dommage. Dès son premier long, Napoleon Dynamite, ce cinéaste américain que l’on pourrait vaguement relier à Wes Anderson, est devenu une sorte de marotte culte, connu pour ses personnages absurdes et ses récits surréalistes. Après avoir transformé Jack Black en catcheur dans Super Nacho, Hess a récemment cédé à l’appel des studios avec le faible Les Cerveaux, sorti en catimini en salles. Don Verdean est plus proche de sa sensibilité : c’est l’histoire d’un archéologue biblique, sincère mais charlatan, qui se voit embauché par un leader religieux nommé Tony Lazarus (sic) pour retrouver de saintes reliques, comme le crâne de Goliath ou le Graal. Verdean est bientôt pris dans un engrenage de mensonges et manipulé par son homme de main, Boaz… L’un des atouts de Don Verdean est qu’on ne sait jamais où cette histoire vraiment, vraiment étrange, va nous emmener. Le film menace souvent de tomber dans la farce (Danny McBride et Will Forte n’y sont pas pour rien), et le personnage de Verdean, joué avec génie par Sam Rockwell, n’est jamais loin de susciter l’antipathie. Heureusement, Jemaine Clement, dans le rôle du repoussant Boaz, est là pour lui voler le film et nous rappeler qu’il n’y a pas grand-chose de sérieux dans cette aventure mystique et désenchantée, où l’on nous rappelle qu’il n’y a de richesse que dans les vraies amitiés…

À voir… si vous aimez les personnages vraiment farfelus, l’univers de Jared Hess, les plans foireux qui ô surprise ne marchent jamais


Police Story Lockdown

Inédits vidéo : la sélection DTV de février 2017Un film de Ding Sheng, avec Jackie Chan, Tian Jing, Ye Liu

Sortie le 1er février en DVD et Blu-ray (AB Vidéo)

Á éviter

On a adoré voir cette année Jackie Chan récompensé par l’Académie des Oscars pour l’ensemble de sa carrière. Sa joie sincère, ajoutée au fait que la star asiatique méritait plus que jamais ces honneurs pour son incroyable carrière, nous donnent envie d’oublier encore plus vite la vision de ce Police Story Lockdown, qui part pourtant d’un bon sentiment. Malgré le titre, qui renvoie à l’une des sagas qui a fait le succès de Jackie, ce Lockdown prend en compte l’âge du bondissant comédien, qui est ici un flic et père de famille aux abois, pris en otage avec sa fille dans une boîte de nuit. Jackie ne va pas rétamer trente hommes de main avec le sourire ici, mais rester pour l’essentiel spectateur, comme nous et les autres otages, d’une histoire racontée en flash-back. Ding Sheng, déjà réalisateur de Little Big Soldier, ne sait visiblement pas quoi faire de son lieu unique, et use d’une réalisation elliptique proprement dégueulasse pour donner du relief à un scénario loin d’être renversant. Il y aura bien entendu une confrontation finale, où Jackie démontrera plutôt ses qualités d’acteur dramatique que de toupie humaine, mais malgré les points à donner pour l’effort, on aura à ce moment-là autant de mal à rester éveillé qu’à applaudir la démarche.

À voir… si vous êtes un complétiste forcené de la filmo de Jackie, si vous aimez les huis-clos filmés par un épileptique


Kite

Inédits vidéo : la sélection DTV de février 2017Un film de Ralph Ziman, avec Samuel L. Jackson, India Eisley, Carl Beukes

Sortie le 14 février en DVD et Blu-ray (Condor)

Á éviter

Dans un futur lointain où Los Angeles, tombé en ruines, est contrôlé par des gangs de trafiquants d’êtres humains et de yamakazis à capuche, une jeune émule de Hit Girl nommée Sawa veut venger sa famille avec l’aide d’un policier joué par une guest star nommée Samuel L. Jackson. Voilà pour le pitch de Kite, co-production mexicaine adaptée d’un anime japonais et tournée en Afrique du Sud (oui, quand même), et qui du coup particulièrement anonyme. Même si la bande-annonce laisse espérer un quota décent d’action frénétique, Kite s’avère être terriblement mou et perclus de dialogues sans éclat. Malgré sa courte durée, le film semble durer une éternité, s’épuisant à filmer des décors de ruines urbaines sans relief, déjà mille fois vus dans les productions hollywoodiennes tournées en Bulgarie. Sawa échoue à rester dans nos mémoires en grande partie parce que l’actrice ne sait pas jouer, et qu’elle n’est pas aidée par des partenaires, à l’image de Jackson courant une fois de plus le cacheton, pas vraiment concernés – vu le caractère prémâché de leurs personnages, on peut presque ne pas leur en vouloir.

À voir… si vous aimez les adaptions d’animes affreusement statiques, si vous êtes curieux de voir un Samuel Jackson en pilote automatique


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