3 From Hell : dernier massacre pour la route
Avec 3 From Hell, Rob Zombie donne une suite à son film culte The Devil’s Rejects et sombre malheureusement dans la redite craspec, sans surprise.
Pour le meilleur et pour le pire, Rob Zombie est quelqu’un que l’on peut qualifier d’intègre. Même quand il a oeuvré pour des studios et composé avec les humeurs des frères Weinstein en livrant deux Halloween, le cinéaste, scénariste et chanteur de métal n’a jamais été du genre à accepter de se compromettre et de mettre de l’eau dans sa tequila. Depuis l’échec d’Halloween 2, le réalisateur a adopté une ligne de conduite simple : travailler avec des petits budgets (de plus en plus petits d’ailleurs), faire ce qui lui plaît sans penser à une quelconque rentabilité. Quoique, avec 3 From Hell, la démarche s’avère différente : si le sabbat bordélique Lords of Salem et le slasher cheap 31 étaient des histoires originales, ce nouveau long-métrage se place en suite directe de ses deux films les plus cultes, La maison des 1000 morts et surtout The Devil’s Rejects. Sorti en 2005, l’éprouvant film d’horreur se terminait, du moins le pensait-on, avec la dernière cavale sur fond de Free Bird, façon Butch Cassidy et le Kid, de la famille Firefly. Un trio de psychopathes qui faisait passer Leatherface et le clan de Massacre à la tronçonneuse pour de simples péquenauds, face à qui se dressait un shérif tout aussi dérangé du ciboulot.
Il aura fallu près d’une quinzaine d’années pour que Zombie cède aux envies de ses fans et remette la bande dans la lumière. L’envie de replonger ainsi dans une quasi-saga « populaire » est compréhensible. Mais au vu du résultat, la question se pose toujours : ce retour était-il vraiment nécessaire ?
Satan les habite toujours
La première épine dans les boots de Zombie, similaire à la situation qu’a dû gérer David Lynch en tournant Twin Peaks : the return, a été la santé déclinante, et finalement le décès de son acteur principal, Sid Haig, qui incarnait depuis La maison des 1000 morts le sinistre clown Capt’ain Spaulding. Quand 3 From Hell commence, avec une débauche d’images d’archives du précédent film et de fausses coupures de presse, Spaulding et ses rejetons Baby (Sheri Moon Zombie, en roue libre et filmée comme une déesse de la mort, jusqu’à l’overdose) et Otis (Bill Moseley, plus jovialement redneck que jamais) sont à l’hôpital ou en prison. Criblés de balles, ils ont malgré tout survécu au final de The Devil’s Rejects et sont même devenus un objet bizarre de fascination pour le public suite à leur procès – un embryon d’idée qui restera lettre morte. Zombie savait qu’il ne pourrait tourner longtemps avec Sid Haig, et le comédien apparaît effectivement le temps d’une unique scène, avant son personnage soit exécuté hors champ. Logiquement, Moseley et Moon prennent le relais et vont être rejoints, pour justifier le titre, par un remplaçant tout trouvé, un cousin serial killer surnommé « le loup de minuit » (Richard Brake, déjà à l’affiche de 31). Ce dernier sert de déclencheur à l’évasion successive d’Otis et Baby, qui repartent dès leur sortie sur les routes pour empiler joyeusement les cadavres derrière eux, et gagner le Mexique pour échapper à la police…
« Baignant dans une ambiance grindhouse familière, 3 From Hell c’est The devil’s rejects en moins surprenant, en plus rigolard et limité visuellement. »
Si vous venez voir 3 From Hell pour retrouver des personnages à la folie sanguinaire intacte, avatars lointains, punk et satanistes de Bonnie & Clyde et tous leurs imitateurs, vous avez une nouvelle fois tapé à la bonne porte. En ressuscitant (il n’y a pas d’autre mot : le prologue nous apprend que Baby a survécu à vingt impacts de balle, dont il ne reste aucune trace sur son corps !) ses héros pour leur permettre, une nouvelle fois, de déchaîner l’Enfer sur tous les inconscients qu’ils croisent, Rob Zombie se résoud à faire de l’exploitation au sens premier du terme. Baignant dans une ambiance grindhouse familière, 3 From Hell c’est The devil’s rejects en moins surprenant, en plus rigolard et limité visuellement. Lorsque le trio n’est pas en train d’assassiner la famille de leur directeur de prison ou d’éliminer un cartel de trafiquants masqués comme des luchadors, lors d’un dernier acte mexicain qui évoque plus le cartoonesque de Desperado que le crépusculaire d’une Horde Sauvage citée explicitement, il réfléchit à son existence dans des dialogues révélateurs de l’impasse dans laquelle Zombie se retrouve. À la question « C’est quoi la suite du plan ? », Otis ne peut que répondre « Aucune idée. Je pensais même pas qu’on arriverait jusque-là ». Baby, elle, a un court accès de lucidité en se demandant « Si tout cela valait finalement la peine ». Une question qui a des allures de confession.
Cavale sans fin
Ce n’est en tout cas pas avec 3 From Hell que Zombie gagnera de nouveaux fans, ou se sortira du guêpier artistique dans lequel il s’est lui-même enfermé. Peut-être surestimé, le cinéaste a toutefois réussi à cultiver un style qui n’appartient qu’à lui, même s’il tourne depuis deux ou trois films à l’auto-parodie involontaire. Le cinéma de Zombie se doit d’être crade, malpoli, nihiliste, bourré de cuts transformant certaines scènes violentes en pâtée visuelle, d’hommages aux séries B analogiques, de caméos (Danny Trejo passe une tête, tout comme une Dee Wallace méconnaissable), de nudité frontale et de fontaines de sang déversées sans scrupules. La recette est là, fidèle au poste, mais le réalisateur a déjà dépassé le stade de la redite : à aucun moment 3 From Hell ne justifie vraiment les raisons de son existence, au-delà du plaisir régressif pris par son auteur à faire de véritables monstres humains des bandidos partouzeurs adeptes du tir à l’arc. Et lorsque le film se termine, sur une bande de bitume défilant sans fin à vive allure nous laissant penser que la voie est ouverte pour un quatrième épisode, on en vient à se demander si Zombie n’a pas finalement créé sa propre franchise à la Halloween : une saga sanglante sans fin ni logique, qui se poursuivra épisode après épisode jusqu’à ce que plus personne ne les regarde.
J’ai trouver ce film ultra cool, un bordel incommensurable qui fais passer deux heure de rigolade avec notre famille préfèré