Fear Street 1978 : malédiction au camp d’été
Après un épisode orienté nineties, Fear Street 1978 s’aventure dans l’univers des slashers à la Vendredi 13, avec un certain bonheur.
L’été sanglant de Netflix se poursuit quelques jours seulement après Fear Street 1994, avec le deuxième opus de la trilogie conçue par Leigh Janiak (Honeymoon) à partir des romans de E.L. Stine, Fear Street 1978, qui nous plonge cette fois, comme son nom l’indique, à la fin des années 70. Une période glorieuse pour le slasher, qui explosait alors à travers les USA, dans la foulée du succès du Halloween de John Carpenter. Adolescents délurés, brimades dans les toilettes, amusements futiles, amourettes contrariées et coups de hache en travers du visage constituaient les ingrédients traditionnels des hits qui ont parsemé ces années fastes, de Massacre au camp d’été au Monstre du train en passant bien sûr par la franchise increvable des Vendredi 13, dans l’ombre duquel vient se nicher très ouvertement cette séquelle encore plus référencée que l’épisode précédent.
L’action de ce deuxième film embraie directement sur le final de 1994 : Deena et Josh partent sur les traces de l’unique survivante du massacre du camp Nightwing en 1978, C. Berman (incarnée par Gillian « Community » Jacobs), qui vit recluse et paranoïaque dans une maison barricadée. Peut-elle être la clé qui libérera la pauvre Sam des griffes de la sorcière Sarah Fier ? Pour le savoir, Berman raconte aux deux ados son histoire ou plutôt son calvaire : une nuit sanglante vécue quinze ans auparavant dans le fameux camp de vacances estival, durant laquelle un nouvel habitant de Shadyside a succombé à la folie meurtrière. Une nuit durant laquelle les sœurs Berman (incarnées par Sadie Sink, nouveau transfuge après Maya Hawke de la série Stranger Things, et Emily Rudd) ainsi que le futur shérif Nick Goode, ont dû redoubler de courage pour combattre l’invincible malédiction de la sorcière…
Adoration ou imitation ?
Tout comme le trop méconnu Scream Girl, Fear Street 1978 ne fait pas qu’émuler l’ambiance forestière et macabre des Vendredi 13 : il en reprend littéralement les décors, le rythme et les codes, en utilisant l’excuse du flash-back pour ressusciter l’esprit d’une décennie, comme un groupe de reprises s’appliquerait à reproduire le plus fidèlement des grands classiques du rock’n’roll. Bien sûr, ce deuxième film donne l’occasion à Janiak d’approfondir un peu plus la mythologie de Shadyside, sa malédiction ancestrale (qui, et c’est le côté aventureux du script, prend sa source dans une caverne où pullulent les substances peu ragoûtantes) et mise à nouveau sur un duo d’héroïnes, non pas amantes cette fois mais sœurs de sang. Deux personnages là encore attachants, dont la trajectoire est teintée de fatalisme et de suspense – qui est la sœur qui a survécu ? -, bien plus développés que les gentils clichés sur patte qui les entourent, souvent destinés à être occis sans autre forme de procès.
« Le film reprend littéralement les décors, le rythme et les codes de Vendredi 13, en utilisant l’excuse du flash-back pour ressusciter l’esprit d’une décennie. »
Mais avec son programme écrit d’avance, son côté redondant (on est à peine plus avancés à la fin de l’histoire), Fear Street 1978 demeure surtout un exercice de style vermillon brut de décoffrage, avec son tueur possédé pas du tout sophistiqué aux faux airs de Robert Pattinson, qui démastique (heureusement hors-champ) des jeunes gamins à la hache en finissant par se coiffer avec une toile de jute à la Jason. Le côté juke-box musical est toujours présent mais sait se mettre en retrait pour laisser la BO percutante de Marco Beltrami s’exprimer. À la photo, Caleb Heymann fait encore du très beau boulot, surtout pendant les scènes nocturnes : Fear Street 1978 est sans doute le plus beau slasher niveau plastique qu’on ait croisé depuis The Town that dreaded sundown. Reste maintenant à clore cette affaire avec Fear Street 1666, qui explorera lui un territoire un poil plus inconnu et, espérons-le, original…