K.O. : une petite victoire aux poings

par | 13 juin 2025 | À LA UNE, Critiques, NETFLIX

K.O. : une petite victoire aux poings

Malgré un script paresseux et des ambitions limitées, K.O., impose le combattant Ciryl Gane comme une star convaincante de film d’action.

Nul doute que le destin hollywoodien de stars du catch comme Dwayne Johnson ou Jon Cena a donné des idées, de l’autre côté de l’Atlantique, à certains musculeux spécialistes du ring. Ou plutôt de l’octogone, dans le cas de Ciryl Gane : l’imposant Vendéen de 35 ans est un champion certifié de MMA ou Arts martiaux mixtes, discipline populaire où il a enchaîné les victoires dans les années 2010. Cette intimidante armoire à glace ironiquement surnommée « Bon Gamin » a manifestement des envies de cinéma. Il enchaîne les apparitions depuis 2017 à la télévision et au cinéma, souvent en tenant son propre rôle, comme dans la série bien nommée La Cage, de Franck Gastambide. Après un rôle secondaire en début d’année dans Criminal Squad : Pantera, Ciryl Gane est en train d’affoler les chiffres de visionnage avec son tout premier rôle en tête d’affiche dans K.O. : un film d’action marseillais qui ne vole pas haut et vaut surtout, avant tout, comme acte de naissance d’un acteur-athlète à la présence physique indéniable.

Volée de gnons sur la Canebière

K.O. : une petite victoire aux poings

Il est fatigant d’avance de décrire les péripéties qui composent le scénario photocopié de K.O. : tout respire en effet le déjà-vu dans cette histoire de combattant de MMA (Gane, évidemment) traumatisé par un accident mortel sur le ring, qui accepte à la demande de la veuve de son adversaire de retrouver son fils, témoin de meurtres perpétrés par un gang de trafiquants marseillais ultra-violent. C’est aussi basique et linéaire que ça en a l’air, et l’abondance de dialogues affligeants – quand ils ne sont pas incroyablement vulgaires ou inintelligibles – n’incite pas de prime abord à la compassion. Au milieu des images de carte postale de la cité phocéenne et d’un marasme de passages obligés exécutés sans grosse conviction par Antoine Blossier (La Traque, Rémi sans famille), c’est bien Ciryl Gane, quasi-débutant devant la caméra finalement, qui tient le projet à bout de (gros) bras.

« L’apprenti acteur est un corps de cinéma brut, que Blossier impose à l’écran avec une certaine imagination. »

Filmé comme un colosse brisé caractérisé autant par sa force effrayante que par sa capacité d’empathie (il faut le voir dispenser des leçons de vie au fils de celui qu’il a tué dans l’octogone), l’apprenti acteur est un corps de cinéma brut. Une présence, plutôt qu’une performance, que Blossier impose à l’écran avec une certaine imagination, en l’opposant à la frêle, mais farouche Alice Belaïdi, flic de choc et alliée de circonstance du héros, à qui il rend bien deux têtes d’écart. Ce qui n’empêche pas le duo de manifester son attirance mutuelle lors d’une scène romantique atrocement mal construite. Mais K.O. n’est pas là pour vous faire des bisous, après tout. Comme le récent Ravage, autre production Netflix, le long-métrage fait surtout parler les poings lors de deux scènes marquantes, un passage à tabac de videurs trop confiants en boîte de nuit, puis un final carpenterien dans un commissariat (factice de chez factice) déserté. Ciryl Gane s’y montre féroce et à l’aise en distributeur de gnons et de baffes à la Don Lee (le héros coréen de la saga The Roundup). Et la référence au séminal Assaut de Carpenter n’est pas vaine : Blossier veut tellement montrer l’influence que le réalisateur américain a eue sur lui qu’il se permet de conclure sa petite série B cogneuse avec Vortex, l’un de ses Lost Themes les plus populaires. Au vu du film, c’est hors sujet, mais ça fait plaisir !