En 2005, personne n’aurait pensé, Greg McLean le premier, que son premier long-métrage, Wolf Creek, générerait autant de remous médiatiques dans son pays natal, l’Australie. Envisagé au départ comme un pur film d’horreur situé dans les paysages quasi lunaires de l’outback, Wolf Creek changea peu à peu de forme quand l’apprenti cinéaste entendit parler de deux faits divers, l’un concernant la disparition d’un randonneur anglais près de Barrow Creek, en 2001, l’autre le serial-killer Ivan Milat, qui s’était fait une spécialité dans les années 90 de kidnapper et de tuer des auto-stoppeurs. L’ajout du décor, bien réel, de Wolf Creek, qui désigne en fait un cratère de météorite, aida d’une part à trouver un nom catchy pour le film de McLean, et à exciter l’imagination du public.
À sa sortie, en pleine vague du torture porn, Wolf Creek fait sensation au Marché du film de Cannes, puis dans le monde. McLean joue habilement avec les attentes des spectateurs, amenés pendant trois quarts d’heure à suivre le voyage de trois jeunes touristes autour de Wolf Creek, dans ce qui serait sûrement aujourd’hui traité comme un found footage, avant de faire entrer en scène son sadique croquemitaine, le redneck faussement avenant Mick Taylor. Le film se transforme alors en survival particulièrement retors qui joue avec les nerfs du spectateurs, d’autant plus attaché aux victimes qu’il les a suivies dans un contexte banal auparavant. Tourné pour quelques millions de dollars, Wolf Creek en rapporte 30 au total, le marketing opéré par les frères Weinstein autour du côté « inspiré de faits réels » enclenchant dans la foulée une véritable frénésie éditoriale (six livres publiés !) et, ô ironie, touristique, autour de faits divers se muant peu à peu en légendes urbaines. Dans ce contexte, il est finalement étonnant que Wolf Creek 2, annoncé peu de temps après, ait mis si longtemps à se concrétiser.
C’est qu’entre-temps, le réalisateur Greg McLean, qui aura choisi de refuser une suite de carrière toute tracée à Hollywood, a changé de ton et d’ambition avec le cruellement sous-estimé Solitaire (alias Eaux troubles dans sa version honteusement coupée distribuée par TF1 vidéo). Film d’aventures et de monstre à l’ancienne, clamant à la fois son amour pour Les dents de la mer et pour les fabuleux paysages naturels de son pays, Solitaire ne rencontre malgré tout pas le succès escompté, et McLean se re-penche alors sérieusement sur la séquelle de son premier succès. Après avoir aider à révéler un autre talent du cru (Patrick Hugues sur Red Hill, qui a depuis fait le voyage à Hollywood via la Roumanie, pour le tournage d’Expendables 3), le réalisateur co-écrit et réalise cette suite, toujours tourné dans la campagne éblouissante d’Australie-Méridionale, et qui fait revenir le plus xénophobe, crasseux et diabolique des tueurs de cochons du continent, Mick Taylor (John Jarratt enfile à nouveau le stetson), sur le devant de la scène.
Pas de pitié pour les randonneurs
Après une présentation en avant-première mondiale à Venise, puis une programmation à Sitges, Wolf Creek 2 révèle donc enfin ses premières images, sept ans après son prédécesseur. Sans surprise, de nouveaux randonneurs venus d’Europe (des Allemands cette fois) sont les proies du camionneur fou, qui n’aime rien que de chasser la « vermine étrangère » de son pays. Le malheureux couple n’a pas fini de courir, mais contrairement au premier opus, c’est cette fois le mâle de la bande qui bénéficie le plus des « soins » du tueur. Peut-être pour contrer les accusation de misogynie lancée à l’époque contre le film ? Toujours est-il que la bande-annonce évoque cette fois plus un suspense routier mâtiné d’action spectaculaire qu’un film d’horreur graphique, les références venant immédiatement à l’esprit se nommant Hitcher, Breakdown, et surtout Duel pour la cascade finale. L’étiquette « réaliste » du premier film semble être passée à la trappe en faveur d’une formule beaucoup plus commerciale, Taylor étant présenté comme une sorte de Freddy Krueger version bush australien, increvable et sardonique au possible. Pour savoir si ce changement de recette fonctionne, il faudra s’armer non pas de son fusil mais de patience, Wolf Creek 2 étant attendu en salles en Australie en février 2014 seulement.