Antigang : la relève : de la baston, oui, mais familiale

par | 1 septembre 2023 | À LA UNE, Critiques, VOD/SVOD

Antigang : la relève : de la baston, oui, mais familiale

Suite tardive, Antigang : la relève donne dans la comédie policière inoffensive. Du « Lenoirsploitation » taillé pour Disney.

Le refrain commence à être connu… Mais en même temps, ce n’est pas notre faute : à peine a-t-on le temps de commenter à nouveau l’ascension fulgurante d’Alban Lenoir, devenu star du DTV musclé français sur Netflix, tout en soulignant son rythme de production élevé, que celui-ci nous donne à nouveau raison quelques mois plus tard ! Si l’acteur des Balle Perdue insiste pour dire qu’il n’a pas nécessairement envie d’être catalogué comme un nouveau Bébel à la gouaille irrésistible, cantonné à un seul genre, il faut admettre que la « Lenoirsploitation » commence à être une réalité. Prenez Antigang : la relève. Qui aurait parié sur la mise en chantier d’une suite à Antigang, modeste succès de 2015 porté par Jean Reno, il y a encore deux ans ? Si cette séquelle atterrit aujourd’hui sur Disney+, c’est bien parce que l’original comptait Alban Lenoir au générique.

Détendus du gang

Antigang : la relève : de la baston, oui, mais familiale

Lenoir est donc passé de sidekick adepte de la batte de base-ball à celui de héros incontestable : plus que le retour de la brigade antigang adepte de la manière forte, c’est son personnage, Niels Cartier, qui occupe toute l’attention, aux côtés… de Charlotte, sa fille de 14 ans. Car oui, Disney oblige, Antigang : la relève s’avère être, plus encore que son prédécesseur, une véritable comédie policière familiale. Interprétée par la gentiment énervante Cassiopée Mayance, Charlotte a grandi sans sa mère, flic elle aussi, décédée lors d’une enquête avec Niels. L’ex-chien fou raccroche la batte et devient moniteur d’auto-école – une excuse pour que Lenoir endosse une tenue endimanchée avec lunettes du plus bel effet. Bien entendu, Charlotte est à l’image de ses géniteurs, rentre-dedans, grande gueule et impatiente. Et par la force des choses, ce duo père-fille est remis sur la piste du gang responsable de la mort de la mère, alors que celui-ci prépare l’attaque d’un fourgon blindé en plein Paris à l’aide d’une substance chimique explosive…

« L’heure est ici à la franche rigolade, la comédie franchouillarde mixée avec des clichés de films d’action bessoniens paresseux. »

Si Antigang n’avait rien de révolutionnaire, avec son canevas d’enquête policière musclée assortie de répliques bien senties, il remportait en partie la mise en assumant ses références hollywoodiennes, sans compter la solidité de ses scènes d’action tournées en décor réel, notamment du côté de Bercy. Benjamin Rocher, qui n’avait plus retouché au cinéma depuis ce semi-échec commercial, a gardé intacte son ambition de tourner « en dur » et prend son pied à tourner dans un Decathlon parisien un duel douloureux ou une scène de fusillade à la Heat en pleine rue. Pour le reste, Antigang : la relève n’a que peu à voir avec l’ambiance détendue, mais virile du premier opus. L’heure est ici à la franche rigolade, la comédie franchouillarde mixée avec des clichés de films d’action bessoniens paresseux. Plus que les cascades et l’intensité de la traque, ce sont les gags, les chamailleries entre Lenoir et Mayance (dont on a peine à croire qu’ils forment une famille) qui importent ici.

Le retour du reste du casting passe du coup au second plan – un peu normal, finalement, vu qu’on les avait un peu tous oubliés -, et cela concerne aussi Jean Reno. Fatigué et le regard cerné, l’acteur fait acte de présence sans vraiment s’impliquer, visiblement plus trop à sa place dans cette nouvelle ambiance de divertissement remuant-mais-pas-trop, à la facture visuelle anonyme. Lenoir y est iconisé tant bien que mal, et l’énergie du bonhomme continue d’être contagieuse et enthousiasmante. Mais on est loin de l’efficacité métronomique des Balle Perdue, et la dimension opportuniste du projet, qui capitalise en quatrième vitesse sur une vedette encore « fraîche » plutôt que sur une possible franchise afin de livrer un produit digérable et tout public, finit par être voyante. Mieux vaut attendre Balle Perdue 3