Blackwood, le pensionnat : une école pas très magique

par | 8 février 2019

Sélectionné à Gérardmer, Blackwood nous fait pénétrer dans les murs d’un pensionnat surnaturel dirigé par une inquiétante Uma Thurman. Critique !

Tous les manoirs victoriens à destination d’enfants « dotés d’un don » ne sont pas aussi cosy et magiques que dans Harry Potter. C’est une leçon qu’apprennent à la dure les étudiantes de Blackwood, le pensionnat, le nouveau film du réalisateur de Buried Rodrigo Cortés. Cinq filles, plus ou moins délinquantes, plus ou moins addicts, et totalement rebelles, sont inscrites dans ce manoir aussi élitiste que mystérieux, dirigé avec un mélange de théâtralité et de discours motivationnel par Mme Duret (Uma Thurman). Ces jeunes femmes qui font le désespoir de leurs parents ont des talents cachés, résume en substance la directrice, et Blackwood est l’endroit parfait pour les développer. Seulement, comme le remarque rapidement Kit (AnnaSophia Robb, The Carrie Diaries), ce pensionnat luxueux se situe un peu trop près des frontières du réel. Elle qui connaissait à peine ses gammes maîtrise en quelques jours le piano comme personne, la timide Izzy (Isabelle Fuhrman, Esther) devient elle un génie des maths, les professeurs sont étrangement obsédés par leurs dons… Quel mystère se cache donc derrière l’école de Mme Duret ?

Des filles et des fantômes

Pour les amateurs (et ils sont nombreux) de films fantastiques feutrés et ténébreux, où le danger et les non-dits se cachent toujours derrière une porte qui grince, Blackwood est une proposition alléchante. D’autant plus lorsqu’on sait que le film est adapté du roman pour ados de Lois Duncan, écrivain souvent mal servi par le cinéma (Souviens-toi l’été dernier, notamment, était une adaptation lointaine dans l’esprit de son livre). Blackwood possède tous les ingrédients qui font l’attrait de ce genre de récit en forme de boîte à énigmes, depuis la directrice aux manières décalées (Uma Thurman, qui prend un terrible accent français, est prise en flagrant délit de cabotinage) jusqu’aux apparitions spectrales nocturnes en passant par l’héroïne tourmentée par un passé familial tragique et l’obligatoire pièce secrète… Et la réalisation de Cortés, sans éviter des détours numériques peu fameux, sait se montrer énergique pour plier cette affaire bien familière en 90 minutes bien tassées.

Et pourtant, Blackwood se révèle rarement à la hauteur de ces promesses. Une fois que le secret entourant la venue des jeunes filles dans le pensionnat est révélé, le film tourne désespérément en rond, et accumule les twists avec une précipitation qui génère frustration et incompréhension. Les motivations de Mme Duret demeurent ainsi confuses, tout comme celles des esprits qui hantent le pensionnat. Et la caractérisation pour le moins sommaire des personnages qui entourent AnnaSophia Robb, plutôt convaincante, n’aide pas à s’intéresser à leur sort, d’autant plus que le film, destiné aux ados et classé PG-13, se montre bien faible en matière de frissons. Dans le même style, et pour rester dans l’actualité, The Haunting of Hill House reste d’un tout autre niveau. Même si l’ambition n’est pas la même, Blackwood avance peu d’arguments pour se distinguer de la masse et rendre notre séjour mémorable…