Jackals : le home invasion pour les nuls

par | 12 février 2019

Vous avez vu You’re Next ? Ou The Strangers ? Un conseil, revoyez-les plutôt que de subir le terrible Jackals, mis en boîte par l’un des yes man de la saga Saw.

Depuis qu’il a été popularisé par Michael Haneke avec Funny Games, le home invasion s’est avéré être l’un des sous-genres les plus prolifiques du cinéma, américain en particulier. Parce que l’idée qu’un ou plusieurs inconnus puissent rentrer chez vous pour vous faire vivre un calvaire s’avère bien plus terre-à-terre et crédible qu’un croquemitaine invincible, le home invasion n’en finit pas de se décliner sur tous les continents. Les vraies réussites sont rares, parce que la création d’une vraie tension en huis-clos avec des personnages qu’on aurait un tant soit peu envie de voir survivre n’est pas donnée à tout le monde. Avec Jackals, Kevin Greutert, le réalisateur qu’on a jamais pu prendre au sérieux après qu’il ait réalisé Saw 6 et Saw 7 (pauvre homme), tente d’apporter sa pierre à l’édifice à l’aide d’un script branlant et d’un style bourrin qui donne l’impression que la chose a été produite par la WWE.

La nuit des masques chelous

Après un prologue sanglant en vue subjective qui cligne lourdement de l’œil à Halloween et Manhunter, Jackals nous envoie sans transition au fond des bois dans le chalet de la famille de Justin (Ben Sullivan, Les 100). Derrière sa gueule d’ange à mèche, Justin est un psychopathe membre d’une secte violente. Sa famille, effondrée, le kidnappe et tente une « déprogrammation » pour le ramener à la raison. L’ancien Marine Jimmy (Stephen Dorff, gaspillé) a été engagé pour contrer ce lavage de cerveau, et il pourrait mener son expérience à bien si les amis de Justin, masqués comme au carnaval mais sans l’envie de rire, ne commençaient pas à entourer les lieux à la nuit tombée. À l’évidence, ils ne repartiront pas sans Justin… et sans avoir fait quelques victimes.

Si vous avez déjà vu un home invasion potable, et en particulier You’re Next et The Strangers (dont Greutert était d’ailleurs le monteur), alors Jackals ressemblera au mieux à une mauvaise copie, au pire à une série Z manquant terriblement d’imagination. Greutert a bien compris en bossant chez Blumhouse (les pas folichons Jessabelle et Visions) qu’on pouvait emballer 90 minutes de métrage à l’aide d’un seul décor campagnard, mais il n’est clairement pas foutu d’en exploiter le potentiel. Plus convaincant dans son habillage que dans sa direction photo, Jackals est une production anonyme à en crever, dont les masques semblent être la seule originalité. Ces derniers sont d’ailleurs bien plus mémorables que le casting mollement pris au piège dans la maison : entre le charisme aussi hésitant que l’orthographe de son prénom de Johnathon Schaech, et le poker face permanent de la plastiquement ravagée Deborah Kara Unger, encore moins expressive qu’à ses débuts, difficile de choisir qui nous passionne le moins. À vrai dire, même Greutert, plus concerné par l’esthétique de ses (timides) passages gore et l’étalage d’un nihilisme de cour de récré, semble s’en foutre. Alors pourquoi pas nous ?