Boucles temporelles : 10 films aux histoires sans fin

Il était inutile de refaire, comme le tente Un mariage sans fin, un titre aussi réussi que Palm Springs. Cette romcom solaire et déjantée réinterprète à sa manière les codes érigés par Harold Ramis avec l’histoire du gentil ahuri Andy Samberg, dont la vie bloquée à l’infini dans le même mariage se transforme quand la pétillante Cristin Milioti entre dans la boucle. Le résultat, drôle, profond et touchant, se bonifie avec le temps !

Passons sur le titre français médiocre pour dire quelques mots sur Jagged Mind, une exclusivité Disney+ qui saupoudre son récit de boucle temporelle d’une dose de thriller psychologique, sur fond de romance queer et de métaphores sur la mémoire et le consentement. Maisie Richardson-Sellers y incarne une jeune femme dont le quotidien se répète inlassablement suite à sa rencontre avec sa mystérieuse amoureuse…

L’un de nos chouchous fantastiques de ces dernières années, Scream Girl (qui vient de ressortir sur Shadowz), est un hommage énamouré au slasher qui imagine la plus drôle et méta des boucles temporelles : les héros sont en effet projetés, façon Last Action Hero, à l’intérieure d’une série B d’horreur des années 80, et condamnés à revivre le film de A à Z jusqu’à ce que son tueur soit arrêté. Irrésistible !

Le film d’action très conceptuel de Joe Carnahan (Narc) porte ses influences vidéoludiques en étendard, dès son titre : le musculeux Franck Grillo y joue un pur protagoniste de jeu vidéo, obligé par une manipulation scientifique de revivre la même matinée pour sauver les siens, à la manière d’un joueur expérimentant le die & retry manette en main. Fun, bourrin et imaginatif, Boss Level vaut bien une partie ou deux !

Avec son titre « français » plus explicite que l’original (A Day), Car Crash annonce la couleur : dans ce thriller coréen, tout tourne autour d’un accident de voiture qui ôte la vie de la fille du chirurgien Kim Joo-yeong. Le destin lui offre de revivre encore et encore ce drame pour espérer la sauver, jusqu’à ce qu’il comprenne qu’un ambulancier revit aussi le même événement. Une sorte de « Jour sans frein » bourrée de suspense !

Sans doute le titre le plus cérébral de cette sélection, Triangle reste l’une des preuves les plus évidentes du talent de Christopher Smith. Le réalisateur britannique de Black Death et Detour nous enferme dans une spirale horrifique digne du ruban de Moebius, avec cette aventure maritime où Melissa George tente de s’extirper d’un cauchemar sans fin sur un bateau où se multiplient les versions d’elle-même. Tordu et brillant.

En parlant de film tordu, Predestination, qui n’a pas eu la carrière qu’il mérite, se pose là. Fruit de l’imagination des frères Spierig, ce thriller de science-fiction suit à travers le 20^e siècle des agents spéciaux pouvant voyager dans le temps pour stopper des crimes. Mais le film, qui repose sur les prestations bluffantes d’Ethan Hawke et Sarah Snook, cache un script bien plus complexe, qui débouchera sur un twist d’anthologie.

Avant de faire leur trou à Hollywood avec des séries Marvel, Aaron Moorhead et Justin Benson ont prouvé leur ingéniosité avec des films fantastiques inspirés à petit budget, tel ce The Endless mélangeant rituels inquiétants et ambiance lovecraftienne. Les boucles temporelles sont un élément marquant, mais moins central ici, alors que l’on suit deux frères empêtrés dans un culte vénérant une curieuse entité…

En plus de donner son nom à l’une de nos rubriques, Rétroaction est aussi une petite perle des années 90, le meilleur film de son auteur, l’oublié Louis Morneau (Hitcher 2). Bourré d’action, le film oppose le long d’une route désertique une psychologue à un mari criminel et beauf joué par un James Belushi déchaîné, à coup de boucles répétées de 20 minutes. De la série B propre et pas bête, typique de son époque.

Remarqué à la fin des années 2000, Timecrimes (Cronocrimenes dans la langue de Cervantès) a lancé avec force la carrière de l’espagnol Nacho Vigalondo (Colossal). Ce thriller part d’une situation banale (un quadra quelconque espionne sa séduisante voisine) pour l’extrapoler jusqu’au vertige en multipliant paradoxes et chaînes de conséquences. Un exercice de style minimaliste, mais très stimulant !