Born to Watch continue son voyage au pays du 8e art, avec la deuxième partie de notre retour sur les shows découverts à la cinquième « saison » du festival Séries Mania, qui se termine cette semaine au Forum des Images. Comme chaque année, les séries britanniques se révèlent particulièrement intéressantes, et, au niveau international, des thèmes émergent, pour le meilleur et pour le pire : trois séries en particulier investissent le sous-genre du « film de virus », avec des résultats allant de l’anecdotique au passionnant. Découvrez ci-dessous la suite de nos chroniques !
The Red Road – Saison 1 : crimes dans la réserve
Nouvelle venue, la chaîne Sundance TV se construit petit à petit une belle réputation, avec des shows aussi exigeants qu’anticonformistes. Après la délicate Rectify et le Top of the Lake de Jane Campion (tous deux présentés au Forum), voici venir The Red Road, créé par Aaron Guzikowski, le scénariste de Prisoners. L’intrigue, qui se déploie dans le pilote de manière implacable, se déroule au sein de la réserve indienne de Ramapo Mountain, où revient après plusieurs années de prison Philip Kopus, personnage inquiétant qui a plus ou moins renié ses origines. Il se retrouve mêlé à une sombre affaire de meurtre, dans laquelle est aussi impliqué le shérif local, Harold Jensen. Le colossal Jason Momoa (Game of Thrones) prête sa stature à cet anti-héros ambigu, qui noue des liens étranges avec Jensen, joué par Martin Henderson. Une saison 2 est déjà annoncée pour cette série pleine de promesses, dont le premier épisode est réalisé, sans chichis, par James Gray.
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The Red Road
De Aaron Guzikowski
2014 / USA / 6×45 minutes
Avec Jason Momoa, Martin Henderson
Diffusée de février à avril 2014 sur Sundance TV
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Babylon – Saison 1 : bloody idiot cops
Pour le meilleur et pour le pire, Babylon s’avère très représentative de son époque. Lancé le temps de son long et haletant pilote par Danny Boyle lui-même, Babylon se propose de revisiter le concept de série chorale policière (le milieu est ici la police de Londres, à la fois dans les hautes sphères et sur le terrain) sous l’angle de l’invasion médiatique et des nouvelles technologies. Pas étonnant donc que l’héroïne principale de ce show satirique et bien troussé soit une responsable des relations publiques, incarnée par l’américaine Brit Marling (The East), blonde toujours aussi glaciale et pincée. Le show n’avance pas de théories révolutionnaires sur l’influence des médias dans le traitement de l’insécurité, et ressemble parfois à une parodie de lui-même, mais divertit avec assurance et un casting plutôt bien pensé.
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Babylon
De Danny Boyle et Jon S.Baird
2014 / UK / 1×74 + 6×42 minutes
Avec Brit Marling, James Nesbitt, Adam Deacon
Diffusée en février 2014 sur Channel 4
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Black Mirror – Saison 1 et 2 : au-delà du réel
Encensé dès ses début sur Channel 4, Black Mirror est une création inhabituelle à plus d’un titre : peu d’épisodes (deux saisons de trois épisodes), peu d’acteurs connus, et surtout peu de concessions. Chaque épisode est une histoire close, à la noirceur étouffante, qui distord avec acuité notre société actuelle en accentuant les conséquences du tout-technologique sur la politique, sur nos comportements et sur notre avenir. Et selon Charlie Brooker (Dead Set), celui-ci risque de ne pas être rose. Incroyablement pessimistes, ces six histoires nous font passer du rire à la réflexion en un claquement de doigts, tout en clignant de l’œil aux grands classiques du fantastique. Une perle noire.
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Black Mirror
De Charlie Brooker
2011-2013 / UK / 6×42 minutes
Avec Rory Kinnear, Hayley Atwell, Lindsay Duncan
Diffusé en France sur France 4 depuis le 1e mai
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The Crimson Field – Saison 1 : les femmes de l’ombre
Vous aimez les intrigues à corset serré de Downton Abbey ? Vous aimez vos films de guerre sans bataille ? Découvrez donc The Crimson Field, série agréable mais fondamentalement poussiéreuse sur les hôpitaux de campagne qui soignaient les blessés de guerre durant les années 14-18. Les infirmières, emmenées par la diaphane Oona Chaplin (Game of Thrones), sont les véritables héroïnes de ce feuilleton sentimentalo-émotionnel, qui se complaît un peu trop souvent dans les clichés du genre et force le trait sur ses personnages pour convaincre sur la durée. Mieux vaut se revoir MASH…
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The Crimson Field
De Sarah Phelps
2014 / UK / 6×60 minutes
Avec Oona Chaplin, Kerry Fox, Suranne Jones
Diffusée en avril et en mai 2014 sur BBC One
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Mammon – Saison 1 : le savoir-faire nordique
Si vous ne connaissez pas Mammon, thriller venu de Norvège, cela ne saurait tarder. Comme d’autres productions scandinaves, cette série fera bientôt l’objet d’un remake américain, et au vu des premiers épisodes, on comprend pourquoi. Comme le Suédois Millenium, Mammon mélange avec bonheur politique, secrets de famille et journalisme d’investigation, en suivant le parcours de Peter Veras, reporter déterrant les magouilles de son businessman de frère, qui se retrouve mis au pilori lorsque ce dernier se suicide. Cette tragédie n’est pourtant que la première partie d’une machination qui s’étend sur plusieurs années… Peu avare en rebondissements, rappelant par leur côté impitoyable et imprévisible les romans de Jo Nesbo (Headhunters), Mammon est le genre de série qui peut vite rendre accro. A guetter avant le remake !
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Mammon
De Vegard et Gjermund Eriksen Stenberg
2013 / Norvège / 6×58 minutes
Avec Jon Oigarden, Terj Stromdahl, Andrine Saether
Diffusée de janvier à février 2014 sur NRK
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Série Noire – Saison 1 : auteurs à tout prix
Âge d’or ou heureuse coïncidence, les séries québécoises perçant à l’international sont de plus en plus nombreuses, et Série Noire fait partie de ces découvertes qu’on aimerait voir diffusées avec l’attention qui s’impose en France. Série méta par excellence, joyeusement azimutée, déconstruisant avec un humour narquois les codes du feuilleton judiciaire à Juge et flic, Série noire imagine le périple de deux scénaristes pince-sans-rire à succès, qui décident d’expérimenter la gonzo-écriture pour sauver leur série éreintée par la critique. S’ensuivent des aventures violemment drôles qui repoussent une à une leurs limites… Avec son tandem de trentenaires falots mais irrésistibles, sa voix off parodique et ses dialogues ciselés, Série Noire fait mouche. Alors, à quand la diffusion ?
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Série Noire
De François Letourneau, et Jean-Francois Rivard
2014 / Canada / 12×43 minutes
Avec François Letourneau, Vincent-Guillaume Otis, Edith Cochrane
Diffusée en janvier 2014 sur Radio-Canada
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The End of the world – Saison 1 : labo-rieux
2013 aura été placé sous le signe de l’épidémiologie en Corée du Sud ! Alors que Pandémie attirait les spectateurs en salles, le feuilleton The End of the world faisait ses débuts à la télévision. Sur ce point, nous donnerons un avantage certain au long-métrage de Kim Sung-Su, tant la série, qui conte par le menu les recherches d’une équipe de scientifiques dédiée à l’éradication d’un virus mortel, se révèle dès le départ souffrir d’un rythme léthargique au possible, avec d’interminables scènes d’analyse et de dialogues dans le cadre confiné de labos immaculés. À l’inverse de projets ambitieux comme Iris, The End of the world ne passe jamais pour autre chose qu’un produit télévisuel de consommation courante, sans éclat ni idées élaborées. Une déception.
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The End of the world
De Park Hye Ryun
2013 / Corée du Sud / 12×60 minutes
Avec Yoon Je Moon, Jang Kyung Ah
Diffusée en juin 2013 sur JTBC
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Hélix – Saison 1 : épidémie de non-sens
Virus toujours, mais coté américain cette fois. La chaine Sy Fy accueille depuis quelques mois la nouvelle production de Ronald Moore, qui peine à rebondir depuis son Battlestar Galactica. Et il ne risque pas de réveiller les fanboys avec cet Hélix qui ne cache pas longtemps sa nature de grosse bisserie commerciale aux défauts aussi béants que gênants. Certes, le pitch de départ (un virus synthétique et agressif contamine petit à petit une base de recherches bien étrange située en Arctique) est alléchant et très visuel, n’est pas The Thing qui veut. Mené par un Billy Campbell mou du genou, le casting se débat avec un script aussi finaud qu’un plan poitrine de Michael Bay, blindé d’incohérences et tournant rapidement en rond. À oublier.
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Hélix
De Cameron Porsandeh
2014 / USA / 13×42 minutes
Avec Billy Campbell, Hiroyuki Sanada, Jordan Hayes
Diffusée de janvier à mars 2014 sur SyFy
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Cordon – Saison 1 : panique à Anvers
Virus, enfin, mais un peu plus d’âme et d’originalité, grâce à Cordon, production belge en langue flamande, qui a fait ses débuts l’an passé. Sans effets de styles pompeux, mais avec un script bétonné qui ne laisse aucune place aux digressions inutiles (hello Hélix), Cordon (pour cordon sanitaire) enferme dès son pilote une poignée de personnages dans et autour d’un quartier d’Anvers mis en quarantaine pour cause de propagation d’un virus volatile, importé dans un container d’origine étrangère. Avec en ligne de mire les récentes crises sanitaires européennes (souvenez-vous le H5N1…), Cordon imagine ce qui se passerait en cas de réelle épidémie bactériologique en milieu urbain. Plutôt effrayant, car très réaliste, la série traite son sujet avec un sérieux qui ne l’empêche pas d’employer les grosses ficelles du feuilleton à cliffhangers…
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Cordon
De Carl Joos
2013 / Belgique / 10×50 minutes
Avec Veerle Baetens, Wouter Hendrickx, Sven De Ridder
Diffusée en mars et avril 2014 sur VTM
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Nymph – Saison 1 : la lune mortelle
Visiblement les Finlandais aussi goûtent sans détour aux séries fantastiques féminines à la sauce True Blood. Charlaine Harris, la reine de la bit-lit, aurait justement pu écrire cette histoire érotico-horrifique, qui débute… dans le lit d’une vierge. La jeune Didi fait l’amour pour la première fois un soir de pleine lune. Le lendemain, elle découvre son petit ami décédé. Peu après, elle rencontre Cathy et Nadia qui révèle son statut de Nymphe. En tant que telle, elle doit se méfier des Satyres qui cherchent à l’assassiner. Malgré le manque de profondeur des personnages, Nymph bénéficie d’un astucieux montage qui, en alternant le passé et le présent, donne un excellent rythme à l’histoire. Nymphe se présente donc sous de plutôt bons hospices, à condition bien entendu d’apprécier le genre.
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Nymph
De Miikko Oikkonen
2013 / Finlande / 12×44 minutes
Avec Sara Soulié, Rebecca Viitala, Manuela Bosco |
Diffusée en mars 2014 sur MTV3
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