Bien loin du rassemblement dédié à la contre-culture qu’il pouvait être au début, le Comic Con, qui s’est terminé le 23 juillet à San Diego, est devenu une plate-forme incontournable de communication pour les gros studios. Temple du monde geek, immortalisé entre autres par les héros de The Big Bang Theory, l’événement a essaimé son concept jusqu’en France (la 3e édition du Comic Con Paris se déroulera du 27 au 29 octobre). Et comme chaque année, c’est à San Diego que sont révélées, en juteuse exclusivité, les nouvelles images de gros films américains, au milieu d’innombrables panels dédiés aux comics et aux séries TV. Les grosses écuries (Marvel, DC Comics, Netflix, Warner et bien d’autres) ne manqueraient le rendez-vous pour rien au monde… Au lendemain de cette édition 2017, faisons un bilan rapide des titres qui ont le plus marqué les esprits !
Ready Player One : on est prêts, oui !
À peine dix heures après sa mise en ligne, la relativement courte bande-annonce de Ready Player One a déjà généré une énorme excitation. Les premières images du prochain film de Steven Spielberg ont été disséquées dans tous les sens, par un public qui ne peut qu’être sensible à son univers. Adaptation du roman culte de science-fiction d’Ernest Cline (paru chez nous sous le titre « Player One »), Ready Player One ne pouvait que tomber entre les mains du wonderboy hollywoodien. Œuvre visionnaire sur la réalité virtuelle, mais aussi et surtout réflexion sur la construction de notre culture geek, les liens entre imaginaire personnel et références nostalgiques (ce qu’on appelle désormais dans les médias bien informés « la culture doudou »), le livre de Cline se déroule dans un futur pas si lointain où le jeu en réalité virtuelle est devenu un échappatoire global et quasi-permanent. Un monde vibrant car propulsé par l’imagination de tous ses participants. D’où ces séquences magiques de bataille, de course et d’aventure où s’entrecroisent Freddy Krueger, la moto d’Akira, Duke Nukem, le Géant de Fer (qui jouera un rôle important dans l’intrigue selon Spielberg), la DeLorean ou même Gandalf… Le mélange s’annonce vertigineux, tout autant que la réalisation de Spielby, qui semble revenir vers les choix graphiques de Minority Report tout en laissant s’exprimer une virtuosité dans les mouvements de caméra qui s’est libérée ces derniers temps avec les tournages en performance capture de Tintin et Le bon gros géant. Mars 2018 ne peut arriver plus vite ?
Bande-annonce
Thor Ragnarok : la galaxie du rococo
Les deux opus de la franchise Thor, bien que plus sympathiques que l’on aurait pu l’imaginer, sont des films mineurs et oubliables, à la fois dans le monde de Marvel, et dans celui des super-héros. La force qui les anime tient dans le charisme de ses deux vedettes, Chris Hemsworth et Tom Hiddleston, et les producteurs du MCEU l’ont bien compris. Pour le troisième (et dernier ?) épisode, Ragnarok, ils ont fait appel à Taïka Waititi, choix on ne peut plus intéressant, quant on sait que le Néo-zélandais amateur de shorts fleuris est l’auteur des excellents Vampires en toute intimité et Hunt for the wilderpeople (toujours inédit chez nous, mais pourquoi ?). Un cinéaste indépendant et vierge de toute expérience dans les grosses productions ? Oui, un de plus, mais tout comme avec James Gunn, le concept semble avoir profité à Thor, dont le nouveau trailer annonce une aventure aussi joyeuse et colorée que trépidante. Au son d’une BO synth wave du groupe Magic Sword, le dieu nordique affronte un Hulk doué de parole à l’autre bout du cosmos, puis une déesse de l’apocalypse jouée par Cate Blanchett, tout en retrouvant son frère ennemi Loki… Business as usual, comme on dit, mais la palette graphique rétro 80 de Waititi, si chargée en couleurs primaires qu’elle évoque Flash Gordon, tranche avec l’univers d’habitude pas si chamarré du Marvel Universe, même dans Les gardiens de la galaxie. Ça sort le 25 octobre, et on est désormais curieux de voir ça…
Bande-annonce VOST
Justice League : tout pour le tout
Après quatre films naviguant entre le consternant (Suicide Squad), l’agréable (Wonder Woman) et l’indigeste (les deux Superman), une chose est sûre : l’univers étendu de DC Comics chapeauté par Zack Snyder n’est pas ce qui arrivé de plus excitant au genre super-héroïque. Même si Warner semble piloter à vue cette accumulation de blockbusters, le succès financier est au rendez-vous, et rien n’empêchait de fait Snyder d’être à la barre de Justice League, la réponse tant attendue aux Avengers de Marvel. Prévu pour le 15 novembre, le film aura pour tâche d’introduire trois nouvelles célébrités (Aquaman, Flash et Cyborg) aux côtés du taciturne Ben « Batman » Affleck et de l’élégante Gal « Wonder Woman » Gadot, clairement le personnage le plus apprécié du public. Pas un hasard, d’ailleurs, que le trailer du Comic Con s’ouvre sur une de ses péripéties, avant que l’on enchaîne sur le (ahem) mystère entourant la mort de Superman. Une disparition qui oblige Bruce Wayne à créer une ligue de super-héros, apte à contrer l’inévitable menace planétaire qui s’annonce (elle s’appelle Steppenwolf – rien à voir avec du rock’n’roll). On retiendra deux choses du trailer, qui baigne une fois de plus dans un magma de nuances de noir et de décors de jeux vidéo assez usant pour les yeux : la profusion indécente de scène d’action, tantôt classe, tantôt grotesques (Aquaman ressemble vraiment à un personnage de cartoon une fois en action), et l’absolu manque de charisme de Flash et Cyborg, pas aidés par leurs costumes dignes d’une série CW.
Bande-annonce
Bright : Ayer a-t-il retrouvé la lumière ?
Restons un peu dans le sujet de DC Comics, ou presque, et prenons des nouvelles de David Ayer. Le scénariste et réalisateur de Fury, vilipendé et à raison pour un Suicide Squad dont il refusait très maladroitement d’assumer les nombreux défauts, a pris une décision logique au sortir d’un tournage apparemment cannibalisé par sa vedette Will Smith : collaborer à nouveau avec Will Smith ! Mais cette fois, ça se passera chez Netflix. En attendant Irishman, Bright est la production la plus coûteuse du géant du streaming : un film au carrefour du polar rugueux californien, comme les emballe si bien l’auteur de Training Day et End of Watch, et de la fantasy moderne, puisque dans ce monde-là, les humains cohabitent avec des orques, des fées et des elfes ! La nouvelle bande-annonce dévoile un peu plus ce curieux univers rappelant la BD Fables, la série Once upon a time ou plus encore la franchise Futur Immédiat, avec un Will Smith en flic acariâtre forcé de faire équipe avec un officier orc. Bright a du potentiel, mais restons prudents : le script est après tout signé Max Landis, qui depuis Chronicle s’est plus fait remarquer en tant troll d’élite sur Twitter que pour la qualité de ses scénarios. Verdict le 22 décembre sur Netflix !
Bande-annonce
Stranger Things S2 : Halloween et nostalgie
Petit détour par le monde des séries pour finir, toujours sur Netflix, parce qu’on ne pouvait pas ne pas parler de la saison 2 de Stranger Things. Décriée ou adorée, le show nostalgique créé par les frères Duffer a touché la corde sensible d’un public de trentenaires connectés, et au-delà. Melting-pot inoffensif mais savamment mis en images de références universelles (Stephen King en premier lieu, John Carpenter, Spielberg et les productions Amblin, la Quatrième Dimension…), la série peut s’appuyer sur un formidable jeune casting, intégralement de retour dans cette très attendue deuxième saison, qui doit nous en apprendre plus sur l’Univers Inversé. C’est un Will traumatisé par son séjour là-bas que l’on suit dans l’excellente bande-annonce du Comic Con, rythmée par une version irrésistible du Thriller de Michael Jackson. Les garçons, apparemment traumatisés par SOS Fantômes, vont s’unir pour retrouver leur amie Eleven, qui tente désespérément de fuir cet Univers (l’occasion d’un plan littéralement conçu sur le modèle de l’affiche du Blob). Arrivée de tous les épisodes pour Halloween !