Après une 38e édition marquée entre autres par le triomphe des Bêtes du Sud Sauvage et la longue masterclass de William Friedkin (visible depuis sur le disque de l’édition spéciale de son Killer Joe), le festival du cinéma américain de Deauville 2013 revient enflammer les planches de la cité balnéaire entre le 30 août et le 8 septembre. Comme chaque année, les organisateurs vont faire se côtoyer perles (ou déchets, c’est selon) du ciné indépendant et grosses machines, œuvres intimistes et stars sur tapis rouge. Comme chaque année, les chasseurs d’autographes vont être au garde-à-vous près de l’hôtel Normandy ou de la plage immortalisée par Lelouch, en espérant être un peu plus rassasiés qu’en 2012, « pas un grand cru » selon les accro du festival croisés sur place.

[quote_left] »Steven Soderbergh et Michael Douglas ouvriront le festival avec Ma vie avec Liberace. »[/quote_left]Deauville continue à souffrir de la concurrence frontale avec deux autres événements prestigieux occupant la première quinzaine de septembre, à savoir Venise et Toronto. Pas d’avant-première mondiale à la Gravity à prévoir cette année encore du côté des planches. Cela n’empêche pas le festival de continuer son travail de défrichage et de promotion glamourisante de l’industrie américaine, avec quelques belles exclusivités et rencontres à prévoir.

Du drame maritime à l’horreur cannibale

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Au rayon compétition, quelques productions passées par Cannes ou, inévitablement, Sundance, ont déjà créé le buzz, et devraient poursuivre sur leur lancée après leur passage en Normandie. C’est le cas du All is lost de JC Chandor, réalisateur et scénariste de l’intéressant mais surestimé Margin Call, et qui met cette fois en scène Robert Redford lui-même, perdu au milieu de l’océan sur son voilier. Un deuxième essai qualifié de chef d’œuvre sur la Croisette, ce qui est le meilleur moyen de mettre une pression disproportionnée sur un film. Moins côtés mais tout aussi remarqués, le très noir Blue Ruin, le remake We are what we are et le drame policier Les amants du Texas, qui semble payer sa dette à la Balade Sauvage de Terrence Malick, figurent aussi au programme. On guettera aussi la présentation du curieux western féministe Shérif Jackson, avec Ed Harris, et surtout de Fruitvale Station, dont nous avions déjà parlé, et qui pourrait figure de vainqueur tout désigné après ses prix remportés à Sundance.

Autre sélection qui se révèle chaque année plus intrigante, « Les docs de l’oncle Sam » ne s’est révélée pour l’instant qu’en partie seulement (le programme complet sera connu le 15 août prochain). Sortent pour l’instant du lot le fameux documentaire Seduced and abandoned, réalisé par James Toback pendant le festival de Cannes, sur les coulisses de la production de son prochain film, ainsi que Our Nixon, composé d’images en Super 8 de la présidence de « Tricky Dicky », jamais dévoilées jusqu’à présent. On peut attendre à nouveau de belles choses dans une sélection où figuraient notamment l’an dernier Room 237, West of Memphis ou Into the abyss de Werner Herzog.

Masterclass et tapis rouges

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Outre les rendez-vous (assez artificiels) autour des séries américaines qui reviennent pour une quatrième saison, il faudra compter par ailleurs avec les fameuses avant-premières, qui comme à Paris, permettent souvent de découvrir quelques semaines avant leur sortie des films prestigieux en présence de leurs vedettes. On sait déjà que Steven Soderbergh, Michael Douglas (habitué de la manifestation) et sans doute Matt Damon ouvriront le festival le 30 août avec le fameux Ma vie avec Liberace, financé et diffusé par HBO, mais qui a tout d’un film de cinéma. C’est d’ailleurs, normalement, le dernier de Soderbergh, qui avant de prendre sa retraite hollywoodienne animera une master class.

Entraperçu le temps d’un court-métrage à l’Etrange Festival 2012, le Wrong Cops de Quentin Dupieux avec un Marilyn Manson méconnaissable succèdera logiquement à Wrong. On ne sait pas encore si les acteurs du White House Down d’Emmerich, du Rush de Ron Howard ou de Very Good Girls (drame réalisé par la scénariste d’A bout de course, au casting incroyable) seront là. Mais les présences de Cate Blanchett, à l’affiche du nouveau Woody Allen, de Nicolas Cage, attendu dans le Joe de David Gordon Green (qui a aussi réalisé Prince Avalanche cette année), et de John Travolta, confronté à De Niro dans le pas prometteur du tout Killing Season, sont quant à elles confirmées, puisque Deauville leur rendra hommage. Des rétrospectives vont notamment permettre de découvrir le très rare Sonny, unique réalisation de Cage à ce jour, et peut-être, sait-on jamais, d’assister à une présentation conjointe de Volte/Face, sans doute leur meilleur film d’action respectif, et de loin. Confirmation et affûtage des stylos le 15 août, donc.

Programme de la 39e édition du festival de Deauville :

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Compétition

[icon_check]A single shot, de David Rosenthal
[icon_check]All is lost, de JC Chandor
[icon_check]Blue Caprice, d’Alexandre Moors
[icon_check]Blue Ruin, de Jeremy Saulnier
[icon_check]Breathe In, de Drake Doremus
[icon_check]Fruitvale Station, de Ryan Coogler
[icon_check]Les amants du Texas, de David Lowery
[icon_check]Lily, de Matt Creed
[icon_check]Night Moves, de Kelly Reichardt
[icon_check]Shérif Jackson, de Logan et Noah Miller
[icon_check]Short Term 12, de Destin Cretton
[icon_check]Stand clear of the closing doors, de Sam Fleischner
[icon_check]The Retrieval, de Chris Eska
[icon_check]We are what we are, de Jim Mickle

Avant-premières

[icon_check]Blue Jasmine, de Woody Allen
[icon_check]Charlie Countryman, de Fredrik Bond
[icon_check]Joe, de David Gordon Green
[icon_check]Killing Season, de Mark Steven Johnson
[icon_check]Le Majordome, de Lee Daniels
[icon_check]Le Transperceneige, de Bong Joon Ho
[icon_check]Lovelace, de Rob Epstein et Jeffrey Friedman
[icon_check]Ma vie avec Liberace, de Steven Soderbergh
[icon_check]Marfa Girl, de Larry Clark
[icon_check]No pain no gain, de Michael Bay
[icon_check]Parkland, de Peter Landesman
[icon_check]Planes, de Klay Hall
[icon_check]Sunlight Jr., de Laurie Collyer
[icon_check]Suspect, de Scott Walker
[icon_check]The Wait, de M. Blash
[icon_check]Upstream Color, de Shane Carruth
[icon_check]Very Good Girls, de Naomi Foner-Gyllenhall
[icon_check]White House Down, de Roland Emmerich
[icon_check]Wrong Cops, de Quentin Dupieux

Les docs de l’oncle Sam

[icon_check]Dancing in Jaffa, de Hilla Medalia
[icon_check]Inequality for all, de Jacob Kornbluth
[icon_check]Our Nixon, de Penny Lane
[icon_check]Seduced and abandoned, de James Toback
[icon_check]Twenty feet from stardom, de Morgan Neville

Hommages

[icon_check]Danny Kaye
[icon_check]Gale Ann Hurd
[icon_check]Cate Blanchett
[icon_check]Nicolas Cage
[icon_check]John Travolta
[icon_check]Larry Clark