Aussi inévitable que les reportages sur la rentrée scolaire au journal de 13h, aussi underground et décalé que le festival de Deauville est clinquant et mainstream, l’Etrange Festival fera son grand retour du 6 au 17 septembre prochain, dans son antre indétrônable qu’est le Forum des Images. « Extrême, éclectique et hallucinée », la manifestation promet un nombre incalculable de séances d’un autre monde, et ce ne sont pas les cinévores parisiens, qui remplissent avec joie les quatre salles dédiées à l’événement, qui s’en plaindront.

L’Espagne en force

L’Etrange en chiffres cette année, c’est 131 séances programmées, 9 avant-premières mondiales, 25 avant-premières françaises, et 24 films concourant cette année encore pour le prix Nouveau Genre, décerné par le partenaire Canal+, et le prix du Public, qui avait été remis l’an dernier à un chouchou des lieux, Alejandro Jodorowsky, pour son Poésie sans fin. Le réalisateur ne sera pas présent cette fois (ou alors incognito), mais le calibre des invités est malgré tout à la hauteur en 2017 : les traditionnelles cartes blanches ont été confiées pour cette édition au duo Marc Caro et Jean-Pierre Jeunet, dont l’excentricité nous manque toujours autant (une exposition leur sera par ailleurs consacrée à la Halle Saint-Pierre), et au cinéaste ibérique Jaume Balaguero, qui viendra évoquer son amour pour David Lynch ou Andrei Tarkovski. De fait, l’Espagne est pratiquement l’invité d’honneur de ce 23e Etrange Festival, puisqu’un compatriote de Balaguero, l’hyperactif Alex de la Iglesia, se verra consacrer une mini-rétrospective alléchante en sa présence ! De son petit dernier (enfin, avant-dernier), El Bar, à la perle rare Perdita Durango avec Javier Bardem, ce sera l’occasion de prendre des nouvelles en chair et en os du trublion de Bilbao.

Et ce n’est pas tout ! L’Etrange jette également un coup de projecteur amical sur la concurrence, en choisissant de fêter les 50 ans du festival catalan de Sitges, en projetant notamment en avant-première mondiale la coproduction Cold Skin, de Xavier Gens, et les 20 ans du cousin tourangeau Mauvais Genres. Des collègues qui partagent le même besoin insatiable de défricher des nouveaux territoires cinématographiques et visuels.

Des habitués et de nombreuses curiosités

Et les films dans tout ça ? Pas de panique ! Du film d’ouverture Mayhem de Joe Lynch, qui a fait sensation à SXSW, à la très attendue clôture avec l’adaptation de la BD Mutafukaz, il y en aura pour tous les goûts, même les plus inavouables. Pour les séances « prestige », on peut compter sur la reprise des phénomènes cannois La lune de Jupiter, Mise à mort du cerf sacré, du très violent Une prière avant l’aube ou encore du « midnighter » coréen The Villainess. La Corée du Sud sera également représentée avec l’avatar sous adrénaline d’Un jour sans fin, A Day. On surveillera sans faute la présentation des nouveaux films de Kioshi Kurosawa (Avant que nous disparaissions), Joachim Trier (Thelma), ou de la mascotte Sono Sion (Tokyo Vampire Hotel)…

Bien sûr, une partie du plaisir de l’Etrange réside dans la découverte de longs-métrages plus ou moins improbables, plus ou moins réputés. On ne peut par exemple que vous recommander le solide Cold Hell, thriller teuton qui nous renvoie aux bonnes vieilles années 90, et on vous conseille de ne pas trop manger avant d’aller découvrir le sulfureux Kuso, trip provocateur signé du rappeur Flying Lotus, ou le très Z Kotoku Meatball Machine. Enfin, par souci d’exhaustivité, on vous invite à jeter un œil sur les premières images des titres Mon Mon Monsters, Bitch, Attack of the Adult Babies, Lowlife ou du docudrama australien The Family. Autant de raisons de ne pas louper ce rendez-vous dédié au côté obscur du 7e art !

Programme complet et horaires sur www.etrangefestival.com