Quarante ans déjà que la Normandie se transforme, à chaque rentrée, en terre d’accueil pour nos cousins d’outre-Atlantique. Le festival du cinéma américain de Deauville fêtera un bel anniversaire à partir du 5 septembre, confirmant par sa programmation et son « casting » de tapis rouge la bonne santé d’un événement culturel peut-être moins prestigieux, moins exclusif que par le passé (pour véritablement découvrir en avant-première les œuvres qui rythmeront, entre autres, la saison des Oscars, il faut encore et toujours se tourner vers Venise et Toronto). Mais il n’en garde pas moins sa cohérence propre, alternant judicieusement pour les festivaliers productions indépendantes et films de studios, découvertes confidentielles et projections « prestiges ». Le tout avec le cachet inimitable de la station balnéaire : ses planches et ses cabines truffées de noms prestigieux, ses leçons de cinéma données à quelques mètres de la plage, ses chasseurs d’autographes tournant autour des grands hôtels… C’est aussi ça, Deauville !
Le thriller en force sur les planches
La quarantième programmation comporte donc cette année une quinzaine de films en compétition (celle-ci fête pour l’anecdote ses 20 ans d’existence), qui seront départagés par un jury… d’anciens présidents de jury, emmené par l’inusable Costa-Gavras et Emmanuelle Béart. Au menu, beaucoup de titres repérés chez le cousin yankee du festival, Sundance, ou bien à Cannes : It Follows, Whiplash, Juillet de sang, Love is Strange ou I, origins n’ont sans doute plus de secrets pour les cinéphiles les plus attentifs.
[quote_center] »Qui n’a pas envie d’entendre l’auteur de Piège de Cristal et À la poursuite d’Octobre rouge parler de mise en scène ? »[/quote_center]
Cela n’empêche pas la liste d’intriguer, puisqu’on y retrouve notamment le nouveau et mystérieux film de Carter Smith (Les Ruines), Jamie Marks est mort, le thriller glacé d’Anton Corbijn (Control) avec le regretté Philip Seymour Hoffman, Un homme très recherché, ou encore un biopic de Lincoln (encore un) relatant cette fois son enfance, The Better Angels, soutenu par un casting étincelant.
Woody au rendez-vous
Côté avant-premières hors compétition, les festivaliers cocheront sûrement très vite sur leur agenda les dates de projection du nouveau Woody Allen, Magic in the moonlight, comédie en costumes avec Emma Stone et Colin Firth on ne peut plus éloignés de son Blue Jasmine. Cette exclusivité ne doit pas occulter certaines autres curiosités comme le très « buzzé » divertissement culinaire Chef, de Jon Favreau (Iron Man), qui a appelé tous ses amis de Hollywood pour célébrer la bonne chair, le très attendu (ou redouté ?) biopic de James Brown Get on Up, le nouvel opus de l’infatigable Abel Ferrara, qui retrouve pour l’occasion Willem Dafoe, le film d’animation Les Boxtrolls par les auteurs de Paranorman et Coraline, ou encore le drame « guantanamien » Camp X-Ray où Kirsten Stewart tente le tout pour le tout en incarnant une bleusaille de l’armée déboussolée par son boulot de gardienne.
Nous noterons aussi, avec un peu de regret, la présence de la romance The disappearance of Eleanor Rigby : Them, version finale « rabotée » d’un film qui était au départ un diptyque contant la passion entre James McAvoy et Jessica Chastain, chaque film épousant le point de vue de l’un des deux. La star rouquine de Take Shelter fera d’ailleurs partie des nombreux invités décrochés par le festival, qui a aligné une belle brochette de talents pour son anniversaire.
La leçon de John
Outre le producteur Brian Grazer et l’habitué Ray Liotta, Deauville accueillera en effet, en même temps que la Cinémathèque Française ou presque, le cinéaste John McTiernan, sorti de prison il y a quelques mois après un cauchemar judiciaire qui aura duré dix ans, et qui viendra donner une leçon de cinéma attendue fébrilement. Qui n’a pas envie d’entendre l’auteur de Piège de Cristal et À la poursuite d’Octobre rouge parler de mise en scène ?
Les fans d’humour déconcertant feront la révérence à Will Ferrell, pour un hommage bien mérité, tandis que beaucoup attendront, la bave aux lèvres, de savoir si James Cameron, annoncé puis annulé, peut se libérer pour fouler les planches normandes. Avec Cameron et « McT », Deauville avait pourtant réussi un beau doublé, qui reste du coup pour l’instant de l’ordre du fantasme.
(MAJ : Le site officiel a finalement retiré la section consacrée à la rétrospective James Cameron. Ce sera pour une autre fois…)
Pour avoir toutes les infos, et découvrir également la section documentaires du festival, une seule adresse : Festival-deauville.com
Programme
Compétition
[icon_check] A girl walks home alone at night, d‘Ana Lily Amirpour
[icon_check] I Origins, de Mike Cahill
[icon_check] It Follows, de David Robert Mitchell
[icon_check] Jamie Marks est mort, de Carter Smith
[icon_check] Juillet de sang, de Jim Mickle
[icon_check] Love is strange, d’Ira Sachs
[icon_check] The Better Angels, de A.J. Edwards
[icon_check] The Good Lie, de Philippe Falardeau
[icon_check] Things people do, de Saar Klein
[icon_check] Un homme très recherché, d’Anton Corbijn
[icon_check] Uncertains Terms, de Nathan Silver
[icon_check] War Story, de Mark Jackson
[icon_check] Whiplash, de Damien Chazelle
[icon_check] White Bird, de Gregg Araki
Les Premières
[icon_check] Alex of Venice, de Chris Messina
[icon_check] Avant d’aller dormir, de Rowan Joffe
[icon_check] Camp X-ray, de Peter Sattler
[icon_check] Chef, de Jon Favreau
[icon_check] Deepsea Challenge 3D, de John Bruno, Ray Quint & Andrew Wight
[icon_check] Get on up, de Tate Taylor
[icon_check] Infinitely polar bear, de Maya Forbes
[icon_check] Land Ho !, de Martha Stephens & Aaron Katz
[icon_check] Légendes vivantes (Anchorman 2), d’Adam McKay
[icon_check] Les Boxtrolls d’Anthony Stacchi & Graham Annable
[icon_check] Les Recettes du bonheur, de Lasse Hallström
[icon_check] Magic in the moonlight, de Woody Allen (film d’ouverture)
[icon_check] Pasolini, d’Abel Ferrara
[icon_check] Sin City : J’ai tué pour elle, de Robert Rodriguez (film de clôture)
[icon_check] The disappearance of Eleanor Rigby : Them, de Ned Benson
Documentaires
[icon_check] Last days in Vietnam, de Rory Kennedy
[icon_check] Life Itself, de Steve James
[icon_check] National Gallery, de Frederick Wiseman
[icon_check] Red Army, de Gabe Polsky
[icon_check] The Go-Go Boys, de Hilla Medalla
Hommages
[icon_check] John McTiernan
[icon_check] Jessica Chastain
[icon_check] Will Ferrell
[icon_check] Brian Grazer
[icon_check] Ray Liotta
[icon_check] Hommage posthume à Lauren Baccall, Robin Williams et Yul Brynner