Là où le précédent film n’offrait qu’un spectacle faiblard sans éclat aucun (ndlr Nico : cette appréciation n’engage que l’auteur de ces lignes !), l’aventure proposée par Tsui Hark dans Young Detective Dee -Rise of the Sea Dragon, retitré Detective Dee II : la légende du dragon des mers, se révèle être d’une bien autre ambition et en 3D de surcroît, format déjà abordé par le maître de Hong-Kong dans Dragon Gate. Préquelle de Detective Dee et le mystère de la flamme fantôme qui avait marqué le retour triomphant du Spielberg chinois dans le domaine du wuxia virevoltant, ces premières aventures du Sherlock Holmes asiatique, du temps de la Dynastie des Tang (VIIe siècle de notre ère pour ceux qui suivent) se révèlent être un cocktail très sympathique de film de sabre et de fantasy, de mystère voir d’épouvante, avec la petite dose de commentaires politiques habituels de la part de Tsui Hark.

Une aventure foisonnant d’idées

Young Detective Dee - Rise of the Sea Dragon :  Tsui Hark au sommet

Préquelle oblige, nous suivons dans ce nouvel épisode les jeunes années de celui qui n’est pas encore le Detective Dee (Mark Chao, Monga). Arrivé dans la capitale impériale au moment où débute le règne de l’Impératrice Wu (la grande Carina Lau), Dee se retrouve bien malgré lui au centre d’une chasse au monstre marin, aux côtés d’un véritable détective, Yuchi (Feng Shaofeng, Tai Chi Zero), qui voit arriver d’un mauvais œil cette concurrence héroïque. Cette péripétie n’est que le premier acte d’une histoire où complots, trahisons, coups d’état et créatures antédiluviennes vont mettre les talents de Dee à rude épreuve…

À la confusion et au choc des situations parfois incongrues qui pouvaient gêner dans le précédent opus,  Detective Dee II répond par une volonté d’être plus lisible. Une narration en chapitres permet de suivre sans accroc ce pur serial à la sauce CGI, de très bonne facture toutefois. Tsui Hark ne renonce en rien à ce qui fait sa marque de fabrique : ses guerriers épéistes défiant la gravité et volant dans les airs, son sens précis de la reconstitution historique, la beauté des décors et costumes… Les studios chinois démontrent les progrès notables dans le domaine des CGI avec des SFX plus élaborés qu’à l’accoutumée, des doublures numériques réussissant à faire illusion, mais aussi des séquences maritimes particulièrement réussies et un splendide mastodonte sous-marin, sans oublier la profusion d’armes blanches envoyées à la face du spectateur muni de ses lunettes 3D !

No limit !

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Il est à regretter que Mark Chao ne dispose pas d’autant de classe et d’intensité qu’Andy Lau. Dommage également qu’il n’y ait pas d’opposant de la carrure de Tony Leung Ka-fai dans la balance. Mais ce casting de nouveaux visages asiatiques a malgré tout de l’allure, et se révèle tout aussi adroit dans ses acrobaties que ses prédécesseurs (Carina Lau étant le seul personnage récurrent dans les habits de l’impératrice Wu Zetian). Film d’action foisonnant laissant peu de répit au spectateur, Rise of the sea dragon se permet néanmoins des transitions réussies vers le romanesque, avec l’évocation des amours perturbés entre la courtisane Yin et son amant poète, ainsi que quelques apartés horrifiques particulièrement inattendus.

[quote_left] »Les studios chinois démontrent les progrès notables dans le domaine des CGI avec des SFX plus élaborés qu’à l’accoutumée. »[/quote_left]Malgré le temps qui passe, Tsui Hark ne recule jamais devant ce qui fait son indéniable marque de fabrique : il va toujours un peu trop loin dans la folie. Il nous gratifie ainsi d’un double final apocalyptique comme lui seul en a le secret, versant allègrement dans le surréalisme complet, terminant son aventure avec une scène étonnante que nous vous laisserons le soin de découvrir… Le réalisateur fait preuve de la même folie et la même inventivité démontrées dans Zu, les Guerriers de la montagne magique, mais dans une ambiance qui rappelle plus son tout premier long-métrage, le labyrinthique Butterfly MurdersYoung Detective Dee ressemble indéniablement à un aboutissement dans la vague des neo-wu xia pian à tendance numérique dont Tsui Hark s’est fait depuis quelques années le chantre. Ce véritable blockbuster, carton commercial en Chine, peut piétiner les plates-bandes des Pirates des Caraïbes et Lone Ranger sans aucun complexe. En outre, le film témoigne d’un sens de la comédie versant parfois dans le trash, avec un des meilleurs gags visuels vus dans ce genre de production !


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Quatresurcinq
Detective Dee II : la légende du dragon des mers (Young Detective Dee – Rise of the Sea Dragon)
De Tsui Hark
Chine / 2013 / 134 minutes
Avec Mark Chao, Feng Shaofeng, Carina Lau, Angelababy
Sortie le 6 août 2014
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