Iron Sky 2 : la farce est avec eux

par | 16 mai 2019

Six ans après avoir trouvé des Nazis sur la Lune, Iron Sky 2 nous renvoie dans les étoiles, pour une suite mieux dotée et imaginative, mais toujours aussi potache.

On prend la même Lune, et on recommence ! Séquelle d’Iron Sky annoncée depuis bientôt six ans, Iron Sky 2 : the Coming Race fait partie de ces projets improbables et farfelus sur le papier, qui par la force de l’enthousiasme de leurs géniteurs finissent par se transformer en longs-métrages plutôt bien dotés. Jugez plutôt : pour la transformation de ce one-shot balourd et proche du Z en franchise interstellaire ambitieuse (il y a littéralement un « Iron Sky Universe » qui donne son nom à la boîte de production créée pour l’occasion), le réalisateur métalleux Timo Vuorensola a vu son budget tripler et passer à 21 millions de dollars, entièrement financés en indépendant ! Coproduction finlando-belgo-allemande, Iron Sky 2 bénéficie donc logiquement d’une patine un peu plus « professionnelle », sans que cela n’entame la dimension potache et décomplexée du film, qui évoque autant Jules Verne qu’Uwe Boll – ça, c’est du grand écart culturel !

Si vous n’avez pas goûté au plaisir un peu déviant du premier Iron Sky, petit rappel du pitch, parce que c’est toujours un plaisir : les Nazis, avant de perdre la guerre, ont réussi à coloniser la Lune et à installer une base sur sa face cachée. Ils tentent de nos jours d’envahir la Terre avec une armée spatiale, mais leur plan échoue. Iron Sky 2 se déroule lui en 2038, alors que le conflit mondial déclenché par leur arrivée a transformé la planète en no man’s land apocalyptique. Les survivants se sont réfugiés dans la base lunaire désertée : dans ce dernier refuge de l’Humanité, les ressources sont rares. À la faveur de l’arrivée d’un vaisseau de réfugiés russes, Obi (Lana Rossi), fille rebelle de la blonde Richter (Julia Dietze) vue dans le premier épisode, trouve une opportunité de retourner sur Terre, pour y chercher un précieux artefact. Accompagnée de plusieurs acolytes, elle va devoir affronter sur place les Vrill, une race de reptiliens extraterrestres qui a mené les Hommes à leur perte… Puisqu’on vous disait qu’on nous cachait la vérité !

Voyage dans la planète bis

Si l’on ira pas jusqu’à dire qu’Iron Sky est culte, il faut reconnaître que la désarmante bêtise de son scénario et le côté débrouillard de cette production affreusement ambitieuse au vu de son budget finissait par nous séduire. Est-ce dû à sa plus longue gestation, ou à l’expérience accumulée ? Toujours est-il qu’Iron Sky 2, dans ses premières minutes, montre clairement le chemin parcouru entre les deux épisodes. Plus de décors en dur, plus de figurants, une description d’un monde lunaire qui peut renvoyer momentanément au Total Recall de Verhoeven, un décalage un peu moins brutal entre effets numériques et scènes en plateau… Bref, les Finlandais ont bien bossé leur space opera cette fois, même si l’ambition du projet n’est pas d’en remontrer aux Star Wars et Star Trek auxquels le film cligne régulièrement de l’œil. S’il se montre plus ambitieux, Iron Sky 2 n’en reste pas moins un film à prendre au troisième degré, une indécrottable comédie dans laquelle Udo Kier chevauche un dinosaure ou vocifère des insultes en allemand avec une peau de croco sur le visage, et où le revenant Tom Green incarne le chef d’une encombrante secte de Jobistes… qui vouent un culte à Steve Jobs, donc.

C’est idiot, pas fin, (souvent) ridicule et pas forcément bien rythmé, particulièrement durant la partie centrale sur Terre, avec ses décors en carton-pâte façon Les Pierrafeu et son carnaval de sosies de politiciens façon Postal. Mais c’est aussi complètement assumé, le film n’essayant jamais d’être plus prétentieux qu’il ne le pourrait, et faisant fi de ses limites pour laisser vagabonder son extravagante imagination. On se croirait un peu revenu au temps des films d’exploitation italiens des années 80, quand le pays copiait Star Wars et Mad Max avec les moyens du bord et une conviction à toute épreuve. Une série B, plus que Z, dans laquelle on high kick des T-Rex pour le plaisir du gag, et qui se permet de conclure les festivités avec un twist final aussi patiemment amené que drolatique.