Little monsters : heureusement, il y a Lupita

par | 5 février 2020

Le renouvellement de la « zombie comedy » attendra. Little Monsters et son humour trasho-enfantin tourne vite court, mais au moins, son héroïne crève l’écran…

Il en va des films de zombies comme il en va de votre survie dans un monde post-apocalyptique : il faut avoir des idées pour avoir une chance d’exister. Ce n’est pas qu’on déteste ces bons vieux morts-vivants, mais à la force de les voir servir de métaphore sociale et/ou de chair à canon en BD, dans The Walking Dead, les jeux vidéo et un nombre incalculable de films de genre, on devient pointilleux. Même efficace, un « zombie flick » ne sera rien s’il n’apporte pas une nouvelle pierre, donc des idées fraîches, à cet univers. Le contrat n’est que partiellement rempli par Little Monsters, production australienne qui se pique de mélanger invasion de baveux décharnés et comédie trash-mais-feel-good en parachutant une maîtresse dévouée à sa classe de marmots en plein milieu d’une épidémie zombiesque.

La ferme aux zombies

Il faut dans Little Monsters attendre patiemment que les « festivités » se déclenchent, puisque le film d’Abe Forsythe commence par nous décrire le quotidien pas reluisant de Dave (Alexander England), métalleux raté et immature qui se fait larguer par sa chère et tendre après des années de sévères engueulades. La seule chose qui pourrait racheter Dave, c’est l’amour sincère que lui voue son neveu, un marmot asthmatique mais précoce qui adore Star Wars (et qui semble aussi crédule que celui de la pub Volkswagen). Bien que drôle et acerbe, ce premier acte finit par tourner à vide, jusqu’au moment où Dave tombe en pamoison devant l’institutrice du neveu, Miss Caroline (Lupita Nyong’o), pro du ukulele et idole de sa classe, et accepte de les accompagner dans un voyage de classe, au cœur d’une ferme éducative. En moins du temps qu’il n’en faut pour hurler « cerveaux ! », la base militaire toute proche laisse échapper un virus mortel, et les zombies envahissent le champêtre parc pour enfants, forçant Dave et Miss Caroline à toute faire pour protéger l’innocence, et la vie, des petiots…

« Épatante dans la badasserie comme dans le charme aérien, dévorant l’écran comme un personnage de comic book, Lupita Nyong’o est l’atout numéro un de Little Monsters. »

Balancer des jeunes enfants inconscients du danger en plein milieu d’une (très) classique invasion de morts-vivants, voilà quelque chose que l’on avait peu vu à l’écran avant Little Monsters. La force du film réside pourtant plus dans ce personnage improbable et pourtant magnifique de Miss Caroline, maîtresse courage désarmante qui fait passer les enfants avant toute chose, et ne recule, façon Roberto Benigni dans La vie est belle, devant aucun subterfuge pour leur faire croire qu’il s’agit d’un jeu et pas d’un affreux massacre. Épatante dans la badasserie comme dans le charme aérien, dévorant l’écran comme un personnage de comic book (la pétulante robe jaune canari aide bien), Lupita Nyong’o est l’atout numéro un de Little Monsters, et même sa raison d’être. Le pauvre Dave, lancé grâce à elle sur le chemin de la maturité, pâlit en comparaison, et c’est sans parler du présentateur d’émission pour enfants Teddy McGiggle, qui s’avère sans surprise être un comédien raté libidineux et égoïste, joué au dernier niveau de cabotinage possible par l’affreux Josh Gad. Un protagoniste pénible et hors-sujet faisant dérailler à chaque occasion l’intrigue déjà assez squelettique du film, qui peut pourtant s’appuyer sur de sympathiques enfants acteurs. Une erreur d’angle s’ajoutant au bilan contrasté de ce film sympathiquement bancal, à la mise en scène trop pataude pour déclencher les rires attendus, mais qui a heureusement tout le loisir de démontrer le talent et le charisme de la jeune star de 12 years a slave et Us.