Il n’aura pas fallu longtemps pour que la rencontre miraculeuse entre l’insaisissable Nicolas Winding Refn et la star de ces dames Ryan Gosling sur Drive (ses néons, cette BO, ce montage hypnotique… Drive, quoi) se transforme en collaboration à long terme. Le projet de remake de L’Age de cristal étant repoussé à une date indéfinie, le cinéaste et sa muse ont rapidement jeté leur dévolu sur le projet Only god forgives, écrit par Refn. [quote_left] »Il est permis de trépigner sur ce qui s’annonce comme un véritable choc esthétique. »[/quote_left]Ce thriller mystérieux, co-production franco-danoise dont l’action se déroule dans les bas-fonds de Bangkok, devait au départ être avoir Luke Evans (qu’on reverra bientôt dans les suites du Hobbit) en guise de star. Gosling a pris la place du comédien, et, comme une évidence, Only god forgives s’est imposé dans l’esprit de tous, y compris de NWR, comme une suite logique, en tout cas au niveau visuel et thématique, de Drive.
Les anges aux poings sales
D’après ce que l’on sait, l’histoire d’Only god forgives suit en parallèle la quête de vengeance d’un mafieux blanc, Julian (Gosling), gérant d’un club de boxe clandestin cherchant les responsables de la mort de son frère. Sa mère (Kristin Scott-Thomas, méconnaissable) arrive alors à Bangkok pour lui demander de tuer en particulier un lieutenant de police corrompu, surnommé l’Ange de la vengeance (tiens ? Peut-être tient-on là l’explication du titre…). Julian, pas maladroit de ses poing ou avec un flingue, entreprend de saccager bordels et casinos clandestins pour se faire justice…
« Conte de fées avec une pointe de surnaturel et d’existentialisme » selon son réalisateur, Only god forgives s’annonce surtout, avec son premier trailer faisant suite à un frustrant sneak peek de 20 secondes, comme un film gorgé de fusillades, de sadisme et d’éclats de violence encore plus marqués que dans Drive, rythmé par une fascinante chanson locale (du groupe P.R.O.U.D. Retenez le nom, on ne sait jamais…). Des couloirs étroits éclairés au néon, la stone face de Gosling et les répliques minimalistes mais anthologiques (notamment cette punchline finale d’un Julian s’approchant d’un groupe de mafieux, en lâchant un « Wanna fight ? » détendu) servent bien sûr d’échos directs au manifeste eighties de NWR. Mais quelque chose de plus pernicieux parcoure les images léchées et incroyablement composées d’Only god forgives. Un malaise impossible à décrire vu les mystères que renferme encore le scénario, mais en partie révélé par la voix-off de Kristin Scott-Thomas, qui raconte la naissance mouvementée de Julian.
« Time to meet the devil »
Le voile sera levé rapidement, puisque la sortie du film est prévue pour la fin mai, une date qui laisse espérer une sélection, qui apparaît inévitable, au prochain festival de Cannes. D’ici là, il est permis de trépigner sur ce qui s’annonce comme un véritable choc esthétique, tourné en Thaïlande avec une équipe bigarrée où l’on retrouve malgré tout des fidèles du cinéaste (Mat Newman, présent sur tous ses films depuis Bronson, à la photo ; le compositeur de Drive, Cliff Martinez, et le monteur de Bronson, Larry Smith). So… Wanna fight ?