Elle est un peu en retard, et elle s’excuse, mais la sélection du mois de juin 2012 est bien là, et en grande forme. Le dernier mois de ce printemps pourri a été chargé en sorties d’inédits, à tel point qu’on a décidé d’en mettre un peu de côté pour plus tard. Un film comme Red State, dernier ( ?) opus très surprenant de Kevin Smith, mérite plus que quelques lignes. Par ailleurs, il faut signaler la sortie (notamment en pack avec le magazine Mad Movies) du décevant Don’t be afraid of the dark, qui avait fait la clôture de l’Etrange Festival 2011 et était annoncé comme sortant en salles, avant de finalement apparaître sur les linéaires de supermarchés. Comme quoi, mêmes les attelages les plus alléchants (Del Toro, Guy Pearce, Kathie Holmes, de l’horreur gothique) peinent à attirer les distributeurs, même s’il faut reconnaître que l’édition Blu-Ray se révèle très soignée. Pour avoir une critique détaillée, il suffit de cliquer ici.

Sinon quoi ? Hé bien, un petit effort de votre index droit sur la souris va vous permettre de découvrir une pelletée de titres très recommandables à louer, enregistrer, graver, regarder d’un œil sur l’ordinateur dernier cri de votre voisin de TGV, ou à oublier prestement si nous n’avons pas les mêmes goûts. C’est dur à croire, mais c’est possible.

Il y a toutefois du choix, et du varié, attention ! Que vous soyez fans de Milla Jovovich, de post-apocalyptique, de savonnettes dans les douches ou d’ectoplasmes, il y aura forcément un plat à votre goût. Allez, sans plus tarder, bonne lecture… et bonne chasse !

The Divide

Un film de Xavier Gens, avec Lauren German, Michael Biehn, Milo Ventimiglia, Rosanna Arquette

Sorti le 1er juin – Bac Films

Genre : post-apo

On l’avait découvert également à la dernière édition de l’Etrange Festival, et Xavier Gens doit être le premier à s’en plaindre : malgré ses qualités et son ambition, The Divide a raté cette fois la marche « grand écran », là où les précédents, et bien moins réussis longs-métrages du cinéaste français avaient réussi. Le réalisateur de Frontiere(s) et Hitman réussit avec ce huis-clos post-apocalyptique à faire oublier un début de carrière légèrement (voire carrément) foireux (pour plus de détails, voire la critique ici). En passant directement par la case DTV, The Divide a toutefois gagné un director’s cut, plus long d’une vingtaine de minutes, qui accentue particulièrement la dureté du troisième acte du film, là où la poignée de personnages confinée dans un sous-sol d’immeuble montre sa vraie nature, bestiale et sadique. Il y a encore des défauts, des caprices stylistiques inutiles et des incohérences flagrantes, mais le résultat impressionne cette fois durablement. De bonne augure pour la suite de la carrière de Gens.

Le règne des assassins

Un film de Chao-Bin Su, avec Michelle Yeoh, Kelly Lin, Jung Woo-Sung, Shawn Yue

Sorti le 1er juin – Metropolitan

Genre : wu xia-pian

On a peu l’habitude de voir débarquer en France des wu xia pian fantastiques aussi traditionnels que ce Règne des assassins. Le film de Chao-Bin Su, produit et un petit peu (mais ça ne se voit guère) réalisé par John Woo, rappelle ainsi fortement les films 70s de la Shaw Brothers, avec leurs décors somptueux reconstitués en studio, leur intrigue feuilletonnante à tiroirs, leurs combats étonnants basés sur les pouvoirs surnaturels très spécifiques de chaque personnage, et un premier degré assumé et inébranlable. Michelle Yeoh, en ex-assassin assumant une autre identité et rattrapée par son passé, mène le bal avec énergie et autorité, et si le film, particulièrement au moment des révélations, est parfois difficile à suivre, il reste un divertissement quatre étoiles rendant un bel hommage aux vieux bijous de Chu Yan. Allez, maintenant amenez-en d’autres !

Un flic pour cible

Un film de Dino Montiel, avec Channing Tatum, Al Pacino, Tracy Morgan, Ray Liotta

Sorti le 1er juin – Metropolitan

Genre : polar

Channing Tatum est ce qu’on peut appeler un gars fidèle. Pas en amour non (en fait j’en sais rien, donc peut-être… mais j’en sais rien), mais au niveau professionnel. La star de 21 Jump Street a en effet fait ses premières armes devant la caméra de Dino Montiel, cinéaste et scénariste d’un premier film remarqué à l’époque, Il était une fois le Queens. A suivi un deuxième film humant lui aussi l’atmosphère new-yorkaise, Fighting, sorte de Full Contact mélodramatique où Tatum distribuait des pains en marcel. Désormais en haut de l’affiche, le jeune colosse rempile donc pour la troisième fois chez Montiel (aucune parenté avec Bernard) pour les besoins de ce Flic pour cible, polar… new-yorkais au casting quatre étoiles, puisque l’acteur côtoie rien de moins qu’Al Pacino, Ray Liotta, Katie Holmes et Juliette Binoche. Un tel alignement de stars suffit à éveiller la curiosité, même si le film n’évite pas l’écueil du déjà-vu, avec son lot de personnages improbables et/ou ultra-clichés et son intrigue bourrée d’invraisemblances. Surtout, Un flic pour cible pâtit d’une structure en flash-backs assez indigeste et Tatum porte une moustache affreusement ridicule. Sans déconner, c’est une faute de goût assez impardonnable quand il s’agit de mettre en vedette le dernier beau gosse à la mode. Vous avez déjà vu Justin Timberlake avec un duvet improbable pour se donner un air adulte ? Non. Pas fou le mec.

Le dernier rite

Un film de Peter Cornwell, avec Virginia Madsen, Kyle Gallner, Elias Koteas

Sorti le 7 juin – Metropolitan

Genre : fantastique

Vous avez vu Le Rite ? Et Le dernier exorcisme ? Vous serez donc ravis d’apprendre que Metropolitan nous sort Le dernier rite, qui n’a rien à voir avec les deux autres titres, vu que le long-métrage a été réalisé avant, et qu’il s’appelle en fait Haunting in Connecticut (il n’a rien à voir aussi avec American Haunting). Bon, si le titre ne veut rien dire en tant que tel, et que la jaquette joue les plagieurs sans trop de remords, le film nous cause toutefois bien d’exorcistes et de phénomènes ectoplasmiques, inspirés on s’en doute bien d’une histoire-vraie-que-le-film-relate-avec-fidélité. Ce récit plus vrai que vrai tu meurs, c’est celui de la famille Snedeker, confrontée à des démons/fantômes très agressifs dans leur maison, entre 1986 et 1988. L’événement est assez sérieux pour avoir entraîné la réalisation d’un documentaire, et de cette fiction solide car disposant d’une vraie atmosphère et de moments effrayants. En prime, ce Dernier rite permet de retrouver deux acteurs qu’on adore, Virginia « Candyman » Madsen en mère courage et le fiévreux Elias Koteas en prêtre fatigué.

Faces

Un film de Julien Magnat, avec Milla Jovovich, Julian McMahon, Michael Shanks

Sorti le 29 juin – Seven Sept

Genre : thriller

Dans des temps désormais anciens, Julien Magnat était un turbulent élève de la célèbre Femis. Grand fan de Stephen King, le jeune étudiant s’est fait remarquer avec un court-métrage d’études sobrement intitulé Les aventures de Chastity Blade. Grand amateur de cinéma bis, doué techniquement, il n’en fallait pas plus pour que l’aspirant cinéaste soit engagé sur une production « Bee Movies », cette vague de films de genre à petit budget qui a fleuri au début des années 2000 suite au joli (et incompréhensible, sauf effet Fête du Cinéma) succès de Promenons-nous dans les bois. Las, avec l’affreux Bloody Mallory, Magnat s’est mangé une gamelle critique et commerciale assez saignante, et le réalisateur s’est depuis lors (2002) reconverti en scénariste de séries, animées ou non, à Hollywood. Dix ans plus tard, le revoilà derrière la caméra d’un deuxième long intitulé Faces in the crowd, avec Milla Jovovich qui, effectivement, ne tourne pas que Resident Debil. L’argument de ce thriller fantastique resté un temps inédit est attrayant : on y parle de prosopagnosie (compte triple au scrabble), une maladie qui empêche notre héroïne de reconnaître les visages. Ce qui arrange bien les affaires d’un serial-killer qui a essayé de la tuer, et qui désormais, peut littéralement être n’importe qui. Avec un tel pitch que n’aurait pas renié le King, Faces n’a aucun mal à divertir le chaland, et Magnat tient plutôt bien sa barque. Mieux vaut tard que jamais, non ?

Hell

Un film de Tim Fehlbaum, avec Hannah Herzsprung, Stipe Erceg, Angela Winkler

Sorti le 29 juin – M6 Vidéo

Genre : post-apocalyptique

Avec l’allemand Hell, les fanas du genre post-apocalyptique ont désormais de quoi compléter une collection spéciale déprime : le film de Tim Fehlbaum, vu au dernier festival de Gérardmer, ne dépareillerait pas, en effet, projeté à la suite de La Route, Stake Land ou Le livre d’Eli. Avec peu de moyens mais un certain style, Hell nous plonge dans un univers brûlé par les rayons de soleil. Suite à ce radical réchauffement climatique, une poignée de survivants doit trouver son chemin à travers des terres arides, en quête d’eau, de paix et de sécurité. Car comme dans n’importe quel bon post-apo, la chute de la civilisation a entraîné l’apparition de pilleurs et de truands sans scrupules. Volontairement très surexposé (quoi de plus normal si les températures atteignent plus de 60°), paradoxalement très noir dans son ton (quoi de plus normal vu le titre), Hell se démarque surtout de ses congénères par un rythme lent et une observation attentive des modes de vie dans un monde où le soleil bienfaiteur s’est transformé en tueur de masse. Etonnant.

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