C’est désormais une habitude, à chaque mois sa sélection « pas vu au ciné », dont le but est de vous guider vers des titres dont vous avez peu entendu parler. Ces derniers n’ont pas eu la chance de passer par la case ciné, mais ils font tout de même l’actualité en Blu-ray, DVD, VOD, location, téléchargement local, Canalplay illimité, streaming à durée limitée… Bref, on peut au moins les voir pour quelques euros avec des sous-titres français. Vu qu’il va falloir désormais investir pour découvrir ces films méconnus, Born To Watch continue de vous aiguiller vers les sorties les plus intéressantes. Il en va de votre santé cinéphile !

Après le calme relatif des fêtes de Noël, surtout propice à la mise en avant des têtes de gondoles à mettre au pied du sapin, le mois de janvier a vu les éditeurs repartir sur les chapeaux de roue. Le nombre de DTV sortis en janvier est tout simplement gargantuesque, certains titres (Retreat, Poursuite mortelle) ayant même déjà été traités sur le site. D’où une rubrique qui a largement explosé son quota sur ce coup, avec des découvertes venues des quatre coins de la planète : Russie, Thaïlande, Chine et même bien sûr, ces damnés d’impérialistes yankees. Alors, sans plus tarder, bonne lecture… et bonne chasse !

Seconds apart

Un film d’Antonio Negret, avec Edmund et Gary Entin, Orlando Jones

Sorti le 3 janvier – Atypik Video

Genre : fantastique

Seconds Apart fait partie de la vague des « After Dark Originals », une collection de films produits ou distribués par la société After Dark, lesquels sortent chaque année simultanément huit séries B sous l’appelation « Horrorfest ». Voilà pour la petite histoire, toujours intéressante à rappeler, surtout lorsqu’on est confronté aux films proprement dits. Car à quelques exceptions près, le label After Dark est surtout synonyme de produits sans grand intérêt, ne se distinguant guère du tout-venant du DTV horrifique fauché. Seconds Apart, réalisé par Antonio Negret (dont le nouveau film, Transit, sort d’ailleurs aussi ce mois-ci en dvd), a pour lui sa parenté revendiquée avec un chef d’œuvre nommé Faux-Semblants. Seulement là où le film de Cronenberg restait aux frontières du surnaturel, Seconds Apart y plonge de plein pied, les jumeaux maléfiques de l’histoire ayant le pouvoir de pénétrer, façon X-Men, dans l’imagination de leurs victimes pour les plier à leur volonté. Passée une séquence d’ouverture intrigante à base de roulette russe, le film s’enlise malheureusement vite dans une peu passionnante enquête criminelle doublée d’un clash attendu entre les deux frères, à cause… d’une fille, bien évidemment. À voir malgré tout pour le charisme étrange des deux véritables jumeaux Entin, raison d’être d’un film bancal et languissant.

Ong Bak 3

Un film de Tony Jaa et Panna Rittikrai, avec Tony Jaa, Dan Chupong

Sorti le 18 janvier – Europeart

Genre : aventure

Les fans du premier Ong Bak (enfin, ceux qui n’avaient aucun problème avec le remontage musical imaginé par papy Besson) doivent encore avoir en mémoire le virage « historique » assez inattendu du second opus. Sorte de préquelle, au niveau spirituel tout du moins, du premier épisode, Ong Bak 2 a été tourné quasiment back-to-back avec l’opus 3 qui sort enfin en France. Retour au Moyen-âge thaïlandais donc, et sa jungle pleine de dangers et de gentils éléphants, pour le jeune Tien, qu’on avait laissé aux mains de ses ennemis (ainsi qu’à une mort pleine de tourments, apprenait-on lors d’une conclusion plus qu’expéditive). Toutefois, avant de mourir vieux et malheureux, Tien a encore quelques leçons de méditation et coups de genoux dans la carotide à donner. Et il va le faire, au terme d’un film encore plus mystique que ses prédécesseurs, maladroit même dans ses scènes d’action, mais toujours aussi « autre ».

Mother’s day

Un film de Darren Lynn Bousman avec Rebecca De Mornay, Jaime King, Patrick John Flueger

Sorti le 17 janvier – Metropolitan

Genre : horreur

Quoiqu’il fasse, on se souviendra toujours que Bousman (mais quel nom, je vous jure…) a été le fossoyeur volontaire d’une saga prometteuse nommée Saw, et qu’il a tenté de s’en échapper avec plus ou moins de réussite (avec le branque Repo et l’inédit mais paraît-il foireux 11-11-11). Seul film de sa carrière à échapper au lynchage critique, Mother’s day, remake d’un « classique » oublié du home invasion movie, qui confronte trois frères sadiques et leur daronne encore plus dingu à une bande de wasp ayant racheté sans le savoir leur maison. Confiné dans un seul décor, le scénario brasse beaucoup de personnages, uniformément négatifs. Égoïstes, menteurs ou lâches, tous sont appelés à trépasser dans un jeu de massacre à la fois surprenant et répétitif. Les rebondissements sont téléphonés, le film trop long, mais le tout fonctionne grâce à la Mère, jouée par une Rebecca de Mornay en pleine résurrection. De manière perverse, c’est elle le personnage plus attachant, car le plus fidèle à ses principes.

Hesher Rebel

Un film de Spencer Russer, avec Joseph Gordon-Levitt, Rainn Wilson, Natalie Portman

Sorti le 3 janvier – Metropolitan

Genre : comédie dramatique

Curieux inédit que ce film à l’humour noir féroce, signé par un inconnu, Spencer Russer, à la tête d’un casting 100 % hype (Gordon-Levitt, entre deux Nolan ; Rainn Wilson, qu’on imagine plus autrement qu’en Super ; et Natalie Portman). Hesher est un rebelle, nous apprend la jaquette française, un trentenaire un peu paumé et asocial qui s’inscruste chez un ado en deuil pour lui pourrir tranquillement la vie. Pour situer un peu le décalage du personnage incarné par Gordon-Levitt, rappelons que « hesher » est un terme argotique qui désigne les métalleux. Ambiance jurons et auto-radio à fond la caisse donc, même si notre headbanger n’est pas le vrai héros de l’histoire. Hesher Rebel s’intéresse plus au jeune TJ, qui doit réapprendre à vivre après le décès de sa mère, avec l’aide inattendue d’un chevelu qui bouscule ses convictions. Signe de qualité, le film est signé par David Michod, qui s’est fait remarquer l’année dernière avec une autre histoire de famille, Animal Kingdom.

Prince Yaroslav

Un film de Dimitri Korobkin, avec Aleksandr Ivashkevich, Svetlana Chuikina, Aleksei Kravchenko

Sorti le 06 janvier – Zylo

Genre : historique

C’est l’une des marottes du cinéma russe moderne : la reconstitution à grands frais de leurs grands moments historiques. Tentation habituelle dans chaque pays, celle de « parrainer » des épopées à la fois éducatives et un brin nationalistes, qui rappelle le credo d’un pays voisin, la Chine. Prince Yaroslav est l’un de ces caprices d’État, financé en partie par le ministère de la Culture local, et qui retrace la fondation au XIe siècle de la ville de Yaroslavi (c’est au nord-est de Moscou) par le prince du même nom. Plus que la dimension historique, nébuleuse vue d’ici, et les sous-textes politiques d’une telle entreprise, ce qui intéressera le spectateur c’est le spectacle proposé. Et il est plutôt correct (on a même droit à des gros ours) dans son genre, même si certaines références stylistiques – Le seigneur des anneaux et Gladiator – font tâche dans ce décor de Russie médiévale.

A special relationship

Un film de Richard Loncraine, avec Dennis Quaid, Michael Sheen

Sorti le 23 janvier – Metropolitan

Genre : politique

Étonnant, après le succès international de The Queen, que le troisième épisode de la trilogie officieuse consacrée par le scénariste Peter Morgan à l’ex-premier ministre Tony Blair soit une coproduction télévisée entre la BBC et HBO. A special Relationship aurait pu être un projet de cinéma : son statut de téléfilm de samedi soir le condamne à un certain anonymat de ce côté-ci de l’Altantique, alors qu’il s’avère tout aussi pertinent et « prestigieux ». Dirigé par Richard Loncraine (Richard III), Michael Sheen endosse pour la troisième fois après The Deal et The Queen le costume de Tony Blair, qu’il maîtrise à la perfection. Le film s’intéresse cette fois à ses dix ans de relation politique avec Bill Clinton (un Dennis Quaid perruqué), baby boomer de gauche comme lui, qui va métaphoriquement le prendre sous son aile, comme un grand frère. A Special Relationship passe en revue les événements qui ont cimenté leur quasi-décennie de règne, de la guerre en ex-Yougoslavie à l’affaire Lewinski, avec un œil tantôt acerbe, tantôt détaché. Un passionnant exercice didactique.

Echo

Un film de Yam Laranas, avec Jesse Bradford, Amelia Warner

Sorti le 11 janvier – Metropolitan

Genre : fantastique

C’est une histoire d’appartement où l’on n’aimerait pas signer une caution. Celui où un ex-détenu solitaire, Bobby, doit s’installer. Sa mère y est décédée pendant qu’il était en taule, et forcément, il y a comme des traces du passé qui volent entre ces murs. A tel point que Bobby se demande s’il n’y a pas des fantômes dans le coup… Voilà pour l’histoire, pleine d’originalité comme on peut le constater. Mais qui est-on pour refuser le plaisir d’une bonne vieille histoire de revenants tapageurs et de voisins chelous ? Le Philippin Yam Laranas remake ici façon Takashi Shimizu son propre film, Sigaw, sous pavillon américain et avec un nouveau nom, Echo. Le beau gosse Jesse Bradford (Mémoires de nos pères) est le héros de cette série B qui préfère jouer sur son ambiance et ses frissons faciles pour compenser son manque de nouveautés. Pourquoi pas ?

The Violent Kind

Un film de Yam Laranas, avec Jesse Bradford, Amelia Warner, Iza Calzado

Sorti le 4 janvier – Pathe Video

Genre : horreur

Projeté en avant-première lors du Pifff 2011, l’occasion d’une séance totalement grindhouse (avec bande-son cramoisie et plusieurs changements de pellicule défectueux) ratée par votre serviteur, The Violent Kind est l’un de ces films férocement inclassables qui lancent un défi à chacun de leur spectateurs : love it or leave it. À prendre ou à laisser. Impossible toutefois de ne pas être intrigué par le mélange des genres opéré par les auto-nommés Butcher Brothers (The Hamiltons), duo de cinéastes ayant fait le pari d’opérer à plusieurs reprises dans leur film un virage à 90°. Film de bikers façon Sons of Anarchy qui mute soudain en exercice rockabilly à la Équipée sauvage, avant de s’embarquer dans le home invasion sanglant, puis de bifurquer vers l’imbroglio lynchien… Une vraie course de fond à la Bip-bip, pleine de zizgags (très) brutaux, de folie « consciente » et d’accélérations en plein virage. Le film ne sera pas du goût de tout le monde, c’est sûr, mais en même temps, c’est le but, et la raison d’être d’un tel exercice.

Dark Fantasy

Un film de Anton Megerdichev avec Svetlana Ivanova, Ivan Zhidkov

Sorti le 17 janvier – Seven Sept

Genre : fantasy

Notons-le pour la postérité : Dark Fantasy (ou Dark World dans une première version anglaise) est le premier film en 3D produit par la Russie. Forcément, c’est aussi une superproduction suintant du premier au dernier plan le formatage « blockbuster à l’américaine » de mise ces dix dernières années dans la patrie de Lénine. Cette mise à l’échelle des moyens influe indéniablement sur la conception même de Dark Fantasy, qui mêle mythes slaves (la figure de Baba Yaga, que Mignola a notamment convoqué dans la série Hellboy) et teenagers à la Twilight, pouvoirs spéciaux qu’on jurerait sortis de X-Men et artefacts ancestraux, récupérés au Nord du pays, près des frontières historiques… Destiné en priorité aux adolescents russes, Dark Fantasy vise également le public international, quitte à gommer ses spécificités culturelles dans le processus. Cela n’empêche pas le film d’être riche en aventures et en explosions en tous genres, avec un fort parfum d’inédit.

Confucius

Un film de Mei Hu, avec Chow Yun-Fart, Zhou Xun, Yi Lu

Sorti le 18 janvier – Elysée

Genre : historique

Mis en branle pour célébrer les 2000 ans de la mort du philosophe, Confucius avait l’espoir de battre Avatar au box-office : mais les ET bleus de Cameron ont aplati sans pitié la fresque de Mei Hu, instrumentalisée sans finesse par le régime. Dur dur, donc, de mettre ses a priori de côté pour s’intéresser à ce film plus qu’ambitieux, qui s’intéresse à la deuxième partie de la vie de Confucius (Chow Yun-Fat, aussi débonnaire qu’imposant), alors qu’il tente de réunifier les royaumes féodaux qui s’affrontent dans une Chine morcelée. Tous réunis derrière la figure d’un leader qui prône la paix commune pour le bien général, ça ne vous rappelle rien ? Raah, et dire qu’on avait dit « pas de politique »… Visuellement inspiré (merci au directeur de la photo, qui n’est autre que Peter Pau – Jiang Hu, quand même), Confucius permet d’en apprendre beaucoup sur une figure historique dont les enseignements ont modifié le destin de toute une civilisation. Tous à vos copies !