La voici, la voilà, la sélection du mois de mai de Born to Watch, un peu chiche en grandes découvertes, mais toujours aussi importante pour savoir quoi louer, enregistrer, graver dans votre grille-pains ou emprunter l’air de rien chez votre collègue cinéphage. Si si, vous en connaissez sûrement un qui n’a pas que l’intégrale de Fast & Furious dans sa bibliothèque et un exemplaire « qu’on lui a offert » du dernier spectacle d’Elie Semoun.

Avec un peu de chance, il aura peut-être de l’Uwe Boll en rayon, quelques films de gangsters anglais et irakiens (c’est déjà plus rare), et il aura acheté une comédie avec des marionnettes pour sa fifille ! Vous pourrez alors profiter de cette sélection DTV en toute quiétude, et pour pas un rond. C’est vraiment swag. Allez, sans plus tarder, bonne lecture… et bonne chasse !

Postal

Un film d’Uwe Boll, avec Zack Ward, Dave Foley, Verne Troyer, Uwe Boll

Sorti le 2 mai – Bach Films

Genre : nawak

Il aura fallu presque six ans à la pochade anarchiste d’Uwe Boll pour atteindre les étals français. Six ans pendant lesquels Bush junior a tiré sa révérence, et Ben Laden mordu la poussière. Autant dire que le propos du réalisateur teuton, qui signait ici une comédie trash joyeusement bordélique, racontant les méfaits d’un Ossama réfugié dans un bled paumé d’Amérique, a pris un coup dans l’aile. C’est qu’à force d’attendre cet ersatz live de South Park, la violence de l’attaque s’est amoussée, et le film a pris un coup de vieux assez rude. Postal garde tout de même une certaine saveur, ne serait-ce que par l’hénaurmité de ses gags (l’armée des singes, la secte apocalyptique, le chat-silencieux…) et la vulgarité aussi crasse qu’assumée d’un projet en forme de doigt d’honneur. Uwe Boll a choisi la caricature extrême, à tel point que ses personnages apparaissent comme des jouets de l’irrépressible envie de leur créateur d’attaquer tout et tout le monde en même temps. C’est très con, mais ça marche parfois (surtout le prologue, aussi hilarant qu’incorrect).

L’ascension d’un homme de main

Un film de Julian Gilbey, avec Craig Fairbrass, Ricci Harnett, Terry Stone

Sorti le 11 mai – Zylo

Genre : film de gangsters

La France connaît encore mal le genre typiquement british du film de « hoodlums », de voyous prolos évoluant à la frontière entre le hooliganisme, le monde de la nuit et la mafia londonienne. Des films de gangsters, peuplés de beaufs de banlieue à l’accent impensable, généralement assez violents et misogynes, surtout s’ils sont réalisés par Guy Ritchie. Loin d’être roublard ou post-moderne, L’ascension d’un homme de main (dont le titre rappelle les grandes heures du polar italien) plonge la tête la première dans le quotidien d’un jeune con de hooligan nommé Carlton, qui se fabrique dans les années 90 un destin de grand gangster (en fait il devient videur de boîte de nuit) jusqu’à son implication dans un véritable fait divers, le triple meurtre de Rettendon. Brutal, souvent complaisant, mais très efficace, L’ascension d’un homme de main est réalisé par Julian Gilbey, qu’on connaît bien puisqu’il a depuis mis en scène le tout aussi efficace – en tout cas dans sa première moitié – A lonely place to die.

The Caller

Un film de Matthew Parkhill, avec Rachelle Lefevre, Stephen Moyer, Luis Guzman

Sorti le 30 mai – Pathé

Genre : fantastique top chrono

Allô, maman, ici le passé ! Voilà une phrase qui ne veut peut-être rien dire pour vous, mais pour Mary, c’est bien une réalité. L’héroïne de The Caller, interprétée par Rachelle Lefevre (mais si, elle joue vous-savez-qui-mais-pas-moi-et-je-m’en-fous dans Twilight) est en effet persécutée par… une vieille dame au bout du fil, qui prétend l’appeler du passé. Oui, voilà, comme dans Fréquence Interdite. Sauf que l’interlocuteur n’est pas un gentil pompier joué par Dennis Quaid, mais une femme menaçante qui va rendre Mary et son nouveau petit copain (Stephen « True Blood » Moyer) un petit peu stressés. Auparavant réalisateur du très nul Attraction fatale avec Gael Garcia Bernal, Matthew Parkhill réussit une jolie B avec un argument fantastique pour le moins original, en tout cas d’une simplicité qui autorise tous les développement imaginables. Des personnages aux lourds secrets, du suspense, un peu d’horreur et une mise en scène très soignée font de The Caller une valeur sûre.

The Devil’s Double

Un film de Lee Tamahori, avec Dominic Cooper, Ludivine Sagnier, Raa Rawi

Sorti le 2 mai – BAC Films

Genre : guerre et sexe

Seuls les cinéphiles esquissent un sourire peiné à l’évocation du nom de Lee Tamahori. Le réalisateur néo-zélandais fut, il y a déjà presque vingt ans, l’homme d’un film, L’âme des guerriers, propre à lui assurer une grande carrière de cinéaste. Las, en partant à Hollywood sitôt ce coup de maître, Tamahori est devenu l’un des pires yes-man de l’industrie, enquillant les pires navets qui soient dans tous les genres possibles : Les hommes de l’ombre, XXX2, Next, et même Meurs un autre jour, pas exactement le plus aimé des James Bond. Le voir sur un projet comme The Devil’s double fait presque figure de rédemption, tant ce drame contant l’histoire « scarfacienne » d’Oudaï Hussein, fils aîné de Saddam et ordure diabolique surnommé le Prince Noir, paraît ambitieux. Construit comme un film de gangsters plongeant dans un Irak corrompu par l’argent et la dictature, The Devil’s double s’attache plus particulièrement à l’innocente « doublure » d’Oudaï. Dominic Cooper (Captain America) joue les deux rôles avec talent dans cet improbable, rutilant et peu subtil drame mafieux, où l’on croise aussi… Ludivine Sagnier. Improbable, qu’on vous dit.

Les Muppets, le retour

Un film de James Bobin, avec Jason Segel, Amy Smart, Chris Cooper

Sorti le 10 mai – Walt Disney France

Genre : puppetmasterz

Les Muppets, c’est ringard. C’est le concept même du film de James Bobin, qui signe leur retour au cinéma après dix ans de quasi-oubli. Sous la houlette d’un acteur-scénariste fan de la première heure (Jason Segel de How I met your mother), la troupe de marionnettes créée par Jim Henson fait effectivement un come-back en fanfare en partant du principe, dans son scénario, que leur univers n’intéresse plus personne, surtout les producteurs d’Hollywood. Kermit, Piggy, le couple de vieux, toute la bande va s’échiner, si possible en chansons et en couleurs pétantes, à nous/vous/leur prouver le contraire. Malgré son succès aux States, tonton Walt a jugé bon de priver la France d’une sortie salles qui s’imposait, malgré le fait que le Muppet Show soit effectivement moins connu chez nous. Mais enfin, n’y a-t-il pas de place sur les écrans pour des marionnettes cultes en plein revival alors qu’on y envoie chaque année des écureuils en CGI qui font du rap ?

Wind Blast

Un film de Gao Qunshu, avec Duan Yihong, Zhang Li, Francis Ng

Sorti le 9 mai – Elephant Films

Genre : action / aventure

Un thriller façon HK situé dans les étendues « westerniennes » du désert de Gobi ? En voilà une idée qu’elle est bonne, et c’est le réalisateur chinois Gao Qunshu (The Message, un whodunit en costumes encore inédit chez nous) qui l’exploite dans le bien nommé Wind Blast. Basiquement, le film parle d’un gentil tueur à gages et de sa femme qui se retrouvent poursuivis, dans le Nord du pays, par un commando de policiers (dont le prodige martial Wu Jing, vu dans SPL) et un duo d’autres tueurs à gages, parce qu’il détient une preuve incriminante. Le scénario n’est qu’un prétexte à une course-poursuite explosive, faisant peu de cas des erreurs de continuité ou d’une quelconque progression narrative. Qu’importe, les décors naturels et le rythme soutenu du film font quand même l’affaire si l’on aime l’évasion à peu de frais.

The Last Son (Hideaways)

Un film d’Agnès Merlet, avec Harry Treadaway, Rachel Hurd-Wood, Stuart Graham

Sorti le 4 mai – Wild Side

Genre : fantastique

Le marketing (tout relatif, le film ayant même changé de nom) autour de The last son a matraqué cette idée que le nouveau film d’Agnès Merlet (Le fils du requin, Dorothy) ressemblait à un épisode de X-Men réalisé par Jean-Pierre Jeunet. On est d’accord pour dire que le film parle de pouvoirs surnaturels avec des filtres hideux et un prologue staccato qui évoque Amélie Poulain. Mais The last son ne possède ni le côté échevelé de la saga mutante, ni la cohérence visuelle (à défaut d’autre chose) des films de Jeunet, malgré son ambition de raconter une histoire originale. Celle de James Furlong, dernier rejeton d’une famille à supers-pouvoirs, qui peut tuer tous ceux qui l’entourent rien qu’en étant contrarié. Retiré dans la forêt, il va tomber amoureux de la jeune Mae, atteinte d’un mal incurable. Vous voyez venir les gros sabots de « l’amour peut tout vaincre », là ? Bon, soyons honnêtes, le tout n’est pas si mal troussé, et les deux acteurs sont trognons. Disons que si vous aimez les love story à la Twilight avec des cœurs tracés dans le ciel…

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