Les belles « exclus » sont rares ce mois-ci dans le petit et bouillonnant monde du direct-to-dvd. Pas que la quantité baisse, hein : les portails VOD et les linéaires de Virgin sont toujours aussi remplis de titres ésotériques pour ceux qui ne jurent que par l’Officiel des spectacles (oui, ça existe encore), de jaquettes accrocheuses vous vendant parfois un blockbuster (si possible occidental) qui s’ignore, alors qu’il s’agit bel et bien d’une série Z tournée en Bulgarie. C’est qu’il y a un business à faire tourner, les amis. La sélection de rentrée (elle paraît déjà bien loin !) de Born to Watch doit donc comme d’habitude trier le grain de l’ivraie, sans pour autant garantir qu’un chef d’œuvre se cache ci-dessous. Mais parfois, toujours en fait, un beau ratage est bien plus intéressant à découvrir qu’un film correct avec Steven Seagal. Non ? Allez, bonne lecture… et bonne chasse !

Fantassins

Un film d’Oleg Ryaskov, avec Dmitriy Miller, Aleksandr Bukharov

Sortie le 25 septembre – Seven Sept

Genre : guerre

La jaquette de Fantassins tente de nous vendre un des rares films s’intéressant « aux batailles de l’époque napoléonienne ». L’intention est louable, l’assertion est proche de la vérité, mais manque de pot, The Sovereign Servant, de son titre original, est en fait une production russe, datée de 2007, dont l’histoire se déroule un siècle avant le règne de Napoléon, durant la guerre entre les royaumes de Suède et Russie. Si l’on doit parler de monarque frenchy, ce sera de Louis XIV, qui va exiler pour l’exemple deux chevaliers jouant les duellistes façon Ridley Scott (un vrai film napoléonien, lui), l’un au pays d’Abba, l’autre auprès du Tsar ennemi. Vous voyez où on veut en venir ? Reconstitution luxueuse, pléthore de figurants, Fantassins ne plaisante pas avec le spectacle, surtout quand arrive l’heure de la guerre, détaillée dans tous ses mouvements stratégiques et ses assauts meurtriers. Une belle découverte, pour peu que l’on sache vraiment où on met les pieds.

Le sorcier et le serpent blanc

Un film de Ching Siu-Tung, avec Jet Li, Eva Huang, Charlene Choi

Sorti le 4 septembre – FIP

Genre : fantasy

Du propre aveu de Ching Siu-Tung, le réalisateur culte d’Histoires de fantômes chinois, Le sorcier et le serpent blanc a été pensé pour plaire à un public (chinois avant tout) le plus large possible. Cette relecture à gros budget d’un conte classique déjà illustré voilà presque vingt ans par Tsui Hark (c’était pour Green Snake) parade donc avec sa star Jet Li en tête d’affiche, sa ménagerie d’animaux parlants échappée de Narnia, ses vampires façon Van Helsing, ses effets numériques servant à pomper des plans entiers de 2012 et Le seigneur des anneaux, ses combats câblés et sa romance niaiseuse… Un véritable pot-pourri que cette fantasy colorée façon pastel, visuellement assez indigeste mais ménageant malgré tout quelques moments impressionnants, surtout lorsque l’action se déchaine à l’approche de l’apocalyptique (façon de parler) dernier acte. Jet Li a été meilleur ailleurs, le cinéaste aussi. Incongru et bancal, Le sorcier et le serpent blanc permet malgré tout de prendre le pouls d’un cinéma commercial chinois cherchant encore ses repères face à un marché aussi gigantesque que difficile à cerner – le film a pour l’anecdote été un succès mitigé en salles.

Menace d’état

Un film de Hadi Hajaig avec Sean Bean, Charlotte Rampling, Michelle Ryan

Sorti le 27 septembre – Wild Side

Genre : espionnage

L’embrigadement terroriste et la multiplication de cellules d’Al Qaeda a inspiré voilà deux ans l’une des meilleures comédies britanniques de récente mémoire : Four Lions, qui démontrait via un absurde pythonesque la dangereuse inanité du fanatisme religieux, lorsqu’il pousse à se tuer par un acte kamikaze dérisoire. Le sujet a également inspiré le réalisateur de Menace d’État, Hadi Hajaig, qui traite de ce thème brûlant d’actualité sur un tempo de film d’espionnage. Le film oppose un barbouze traumatisé (Sean Bean en mode poker face) à un ex-gentil étudiant (Abhin Galeya) devenu terroriste pour des raisons qui resteront assez obscures, malgré le temps conséquent qui lui est consacré lors d’un looong flash-back central. Une exploration de l’embrigadement, donc, un peu trop simpliste, et qui met sur le bas-côté l’ambiance sèche et brutale d’un thriller où il est, fatalement, question de complot et d’attentats à empêcher à la dernière minute. Un peu dommage, car dans ce domaine, malgré quelques limitations budgétaires, Hajaig démontre un certain savoir-faire, et emballe des séquences à suspense parfaitement réussies, qui font de Menace d’état une honnête, quoique bancale, série B.

Max Schmeling

Un film d’Uwe Boll avec Henry Maske, Susanne Wuest, Heino Ferch

Sorti le 20 septembre – Elephant

Genre : boxe historique

Vous ne connaissez peut-être pas Max Schmelling. Ce boxeur des années 30 est pourtant une célébrité nationale en Allemagne, grâce à une histoire aussi mouvementée que cette trouble période de l’Histoire. En 1936, Max Schmelling, était en effet champion du monde poids lourd, et de facto, la fierté du 3e Reich. Manque de pot, Max perd en 1938 le combat qu’il ne fallait pas perdre, contre le black américain Joe Louis. Déchu, exilé sur le front russe, le boxeur devra revenir à la force des poings sur le devant de la scène et dans son pays. Pour mettre en scène la vie de ce personnage bigger than life, c’est le serial filmeur Uwe Boll qui s’y colle. Et « l’auteur » de Postal, Far Cry et autre Bloodrayne surprend plutôt en s’effaçant pour une fois derrière son sujet. Pas de montage hasardeux ou de scandale gratuit dans ce biopic plutôt sage, au budget un peu trop serré vu son ambition, et qui pâtit d’un acteur principal, Henry Maske, plutôt inexpressif dans le rôle-titre du champion repenti. Les combats de boxe et la découverte progressive, didactique, du destin de Schmelling, servent de points d’ancrages faciles et efficaces à un film qui, s’il n’entrera pas lui dans l’Histoire, n’est pas loin d’être le meilleur travail de Boll à ce jour.

Hisss

Un film de Jennifer Lynch avec Mallika Sherawat, Jeff Doucette, Divya Dutta

Sorti le 13 septembre – FIP

Genre : désastre

Autant vous prévenir tout de suite : Hisss est un nanar. Du genre qui fait mal aux yeux quand il ne fait pas rire par inadvertance. Et pourtant, le projet, lors de son annonce en 2008, faisait saliver : Jennifer Lynch, fille de et réalisatrice de l’intéressant Surveillance, partait en Inde, à Chennai, tourner une nouvelle adaptation d’une légende locale populaire à propos d’une déesse-serpent, avec dans le rôle-titre, la sulfureuse et sculpturale Mallika Sherawat. Las, le tournage s’est avéré être un calvaire : incompréhensions entre les techniciens anglo-saxons et l’équipe locale, grèves à répétition, embrouilles avec des policiers, et Lynch dépossédée au final de son film par le producteur… Ce cafouillage grandeur nature explique la dimension quasi schizophrène de Hisss, tantôt curieux et fascinant (les premières transformations, « mécaniques » de Sherawat, la sensualité exacerbée, inhabituelle dans le cinéma indien), tantôt risible et cheap (les SFX, le jeu des acteurs anglais, plusieurs scènes over the top où l’actrice se colle à un lampadaire ou à un serpent gluant…). L’enfer du tournage de Hisss, où Jennifer Lynch, mère célibataire, avait en plus fait l’erreur d’emmener sa jeune fille, est documenté dans le très buzzé Despite the gods, en passe de devenir le nouveau Lost in la Mancha du genre. Sauf que là, le film tourné existe, prêt pour un double programme qui devrait être d’anthologie.

The Expatriate

Un film de Philippe Stölzl avec Aaron Eckhart, Olga Kurylenko, Rosamund Pike

Sorti le 27 septembre – M6 Vidéo

Genre : Taken bis

Vous reprendrez bien un peu de Taken ? Les producteurs de Fatal (entre autres, puisqu’ils sont au moins cinq à se partager la tâche) aussi, même si c’est uniquement en vidéo cette fois-ci. Dans le rôle de l’ex-espion de la CIA qui va devoir démastiquer du figurant pour libérer sa fille, c’est Aaron Eckhart, aka Double-Face, qui s’y colle. Le prétexte est cette fois un complot d’espionnage industriel, dans lequel l’acteur se retrouve piégé façon The Game. L’action se déroule en grande partie en Belgique (pourquoi pas) et comporte son lot de scènes spectaculaires, même si on ne peut s’empêcher de regretter la trame cousue de fil blanc, et une bonne partie des rebondissements, empruntés sans honte à la franchise de Luc Besson (déjà pas un modèle d’originalité). En plus, la fille kidnappée est un modèle de mioche à baffer, ce qui change en mal de Maggie Grace. Bon au moins, The Exptatriate donne l’occasion de revoir Olga Kurylenko, plus convaincante que dans Quantum of Solace, et Eckhart se montre plutôt convaincant en homme d’action. L’un dans l’autre, un bon divertissement qui arrive avec pas mal d’à-propos quelques jours avant la sortie d’un certain Taken 2

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