Puppet Master : the Littlest R, du gore en petite forme
Primé à Gérardmer, Puppet Master : the littlest Reich vient relancer, sans énergie mais avec un paquet de sang, une franchise horrifique toujours aussi Z dans l’esprit.
Lorsqu’on évoque les franchises cultes et increvables du fantastique, les mêmes noms reviennent toujours à l’esprit : Halloween, les Vendredi 13, Freddy, Chucky (qui sera de retour, en mode reboot, dès cet été), à la rigueur Amityville… Le nom de Puppet Master vient plus rarement à l’esprit, et ce malgré le fait que la saga fête cette année ses 30 ans… et son treizième épisode ! Oui, il y a bien eu treize opus, quasi-intégralement destinés au marché de la vidéo (de la VHS, faut-il le préciser), réalisés depuis le premier épisode signé par David Schmoeller en 1989. Des histoires de marionnettes meurtrières et dotées d’une vie propre, fabriquées par un psychopathe fana de sciences occultes et nostalgique du régime nazi, André Toulon. Des séries Z horrifiques, en gros, produites par le spécialiste Charles Band, auxquelles s’ajoute donc désormais ce Puppet Master : the littlest Reich, réalisé par le duo Sonny Laguna et Tommy Wiklund. Une nouvelle itération un poil (un poil) plus friquée que ses prédécesseurs, qui présente surtout l’intérêt d’être scénarisée par S. Craig Zahler, le teigneux cinéaste et romancier auteur de Bone Tomahawk et Section 99. Pour le reste… euh ça dépend, on vous a dit que c’était du Z ?
Zahler a imaginé pour ce qui s’apparente presque à un revival de l’univers « Puppet Master » de nouveaux personnages extérieurs aux intrigues habituelles de Toulon et ses adorateurs. Les héros de The Littlest Reich sont deux vendeurs de comic books, Edgar (Thomas Lennon) et Markowitz (Nelson Franklin, vu dans Veep et New Girl), qui se rendent à une vente aux enchères au Texas où vont être exposées des dizaines de poup…, pardon, de marionnettes de Toulon, à l’occasion du 30e anniversaire de sa mort – alerte mise en abyme ! Sur place, Markowitz, Edgar et sa nouvelle petite amie Ashley (Jenny Pellicer) sont confrontés comme les autres vendeurs à une nuit d’horreur dans l’hôtel où ils résident : les marionnettes reprennent vie, et vont faire un massacre…
Un carnage qui manque d’énergie
Avec un pitch aussi bête, mais malgré tout aussi ramassé et linéaire, il y avait moyen de faire de ce Puppet Master propulsé par les dialogues provocants, parfois réjouissants (et parfois moins) de Zahler, et un mauvais goût généralisé, une chouette bande horrifique, sans prétention mais digne de ses ambitions. Les réalisateurs ont même pensé à convier à la fête quelques grands noms du bis (Udo Kier de passage deux minutes, Barbara « Re-Animator » Crampton, l’éternel revenant Michael Paré), et à inclure, comme au bon vieux temps, un peu de nudité gratuite, pour se mettre quelques fans dans la poche. Puppet Master est en outre généreux en maquillages sanglants, les poupées diaboliques n’hésitant pas à taillader, trancher, carbonise et éviscérer tout ce qui bouge, dans des geysers de sang parfaitement repoussants. Mais pour qu’il soit un peu plus que ça, il aurait fallu que l’ensemble soit moins pachydermique et somnolent : de l’interprétation souvent calamiteuse (Thomas Lennon est anti-charismatique au possible) au montage en passant par la musique et le rythme, anémique, The Littlest Reich est absolument dénué de toute énergie ou zeste de compétence filmique. Quelques mises à mort et gags inattendus, ainsi qu’un beau générique, surnagent, mais Puppet Master 13, dès qu’il ne s’agit plus d’oblitérer son casting, tient plus de la corvée que du festival bisseux attendu.
Même si le « facteur salle », et l’ambiance potache qui découle d’une projection entre connaisseurs, n’est pas à éluder, le fait que le film ait remporté en janvier dernier le Grand Prix du Festival de Gérardmer demeure une énigme complète. Les présidents du jury et Grolandais Delepine et Kervern ont sûrement trouvé dans le mauvais esprit du film quelque chose qui leur parlait. Mais c’était faire trop d’honneur, quand même, à ce qui reste une toute petite chose vaguement drôle et choc, qui nécessitera d’être nombreux sur le canapé et pas mal imbibés pour devenir mémorable.