Samson : un péplum qui montre les poings

par | 2 janvier 2020

La légende de Samson est revisitée avec moins de faste que Cecil B. de Mille dans ce film d’aventure très pieux qui ronronne façon téléfilm malgré quelques caméos de choix.

S’il n’a pas eu droit au même traitement de choix que d’autres colosses mythologiques comme Hercule, Samson reste un personnage fameux dans la Bible, et l’un des plus à mêmes de se retrouver au centre d’un gros film d’aventures en costumes. Qui dit Bible, dit Cecil B. de Mille, et depuis près de 50 ans, Samson et Dalila et son Victor Mature est la version cinématographique du mythe qui vient instantanément à l’esprit quand on évoque le hébreu aux longs cheveux. Respect est donc dû au studio prosélyte Pureflix d’avoir voulu se frotter à une nouvelle version de Samson, malgré un budget qui le situe plus dans la ligue des téléfilms italiens du dimanche après-midi que du Hercule avec Dwayne Johnson.

Samson (le massif Taylor James, dont le rôle le plus fameux jusque-là était d’être figurant non-crédité dans Justice League), donc, est un jeune hébreu à qui Dieu a confié une force surnaturelle, et qui a une fâcheuse tendance à tomber amoureux de femmes philistines, un peuple qui a réduit les siens en esclavage. Ce héros shakespearien, après avoir terrassé à lui seul un lion, se retrouve tiraillé entre son devoir divin de libérer son peuple et son amour sincère pour la belle Taren. La cruauté du prince Rallah (Jackson Rathbone, des Twilight, en flagrant délit de surjeu façon film d’animation Disney) va précipiter son destin et le faire devenir un guerrier légendaire…

Dieu m’a donné la foi… et de gros muscles

Pour qui connaît bien sa Bible, et plus précisément le livre des Juges où figure cette histoire (prélude à celle du roi David, que le film tente maladroitement d’introduire en toute fin de métrage), Samson est plutôt fidèle à la légende. Littérale et illustrative, la réalisation de Bruce Macdonald fait de son mieux pour faire oublier le côté étriqué et répétitif des décors sud-africains devant passer pour moyen-orientaux, tandis que les effets spéciaux numériques tâchent de se faire discrets. Samson traite son sujet de manière évidemment manichéenne, avec un sérieux et une envie de bien faire qui font oublier ses limites artistiques (Taylor James a beau essayer de toutes ses forces, il joue mal, et les postiches de la deuxième partie n’aident pas) et techniques (le célèbre final avec la destruction du temple est un vrai pétard mouillé).

« Le célèbre final avec la destruction du temple est un vrai pétard mouillé »

Le plus étonnant dans l’histoire, c’est encore le refus du film d’être aussi démonstratif dans la violence que peut l’être son héros, qui n’hésitait pas à mettre le feu à des renards pour incendier des champs ou à tuer 1 000 soldats pour venger la mort de son père. Ce moment fameux se traduit ici par un combat au ralenti où Samson tabasse des figurants façon Astérix, avant de trôner sur une pile de cadavres tous propres (le Philistin succombe rapidement, c’est un fait) comme un Conan antique qui ne ferait pas de tâches. C’est pourtant le vrai morceau de bravoure de ce simili-péplum très pieux, qui se paie au passage quelques caméos luxueux toujours bienvenus, de Billy Zane en roi chauve à Lindsay Wagner en passant par le regretté Rutger Hauer, sous-employé dans le rôle du père sacrifié de Samson.