The Moon : on s’est vautré sur la Lune
Tentative de réponse coréenne à Gravity et Seul sur Mars, The Moon est loin, malgré ses ambitions, d’être le grand voyage stellaire attendu.
Il est toujours rafraîchissant de voir débarquer en salles (en tout cas, dans les salles de Corée du Sud dans le cas présent) un film à grand spectacle situé dans l’espace qui ne soit pas américain, russe ou chinois. La Corée nous avait déjà mis la tête dans les étoiles récemment avec le spectaculaire Space Sweepers, mais cette fois, c’est à une forme de SF bien plus réaliste, en un sens, que le pays du Matin Calme s’attaque. The Moon est le nouveau blockbuster du réalisateur Kim Yong-hwa, qui avait affolé les compteurs au box-office local avec son diptyque de fantasy Along with the gods – dont les deux volets sont sortis sur Netflix. Projeté en avant-première (et à guichets fermés) aux dernières Utopiales de Nantes, The Moon promettait de nous envoyer, comme son nom l’indique, vers la Lune et au-delà, collé aux basques d’un astronaute aussi impatient d’être secouru que Matt Damon dans Seul sur Mars. Ce n’est pas la seule référence populaire après laquelle court ce long-métrage pas vraiment à la hauteur de nos attentes.
Objectif catastrophe
The Moon nous projette en 2030, dans un futur proche où la Corée du Sud joue un rôle prépondérant dans l’exploration spatiale et projette d’envoyer sa première expédition habitée à la surface de la Lune. Traumatisé par une première tentative qui s’est soldée par l’explosion d’une fusée et la mort de tous ses occupants, le pays suit avec attention le nouveau voyage de ses astronautes. Mais en pleine sortie extra-véhiculaire, une suite de pannes provoque à nouveau des décès en série dans la navette. L’astronaute Hwang Seon-woo (Do Kyung-soo, chanteur à succès déjà vu dans les Along with the gods) se retrouve seul à bord dans un vaisseau endommagé en route malgré tout pour la Lune. Décidé à accomplir sa mission, il va recevoir l’aide au sol de Kim Jae-gook (le vétéran Sol Kyung-gu), ancien chef du centre spatial coréen tombé en disgrâce. Mais le voyage sur l’astre lunaire va être périlleux, la faute à des météorites capricieuses et des scénaristes infatigables…
« À vouloir faire bien, The Moon en fait surtout trop. »
L’écrasante solitude et la fragilité décuplée de notre existence qui se dégagent des histoires de dérives spatiales a toujours quelque chose de captivant. D’Apollo 13 à Gravity, en passant par Moon et Ad Astra, le cinéma a souvent su explorer cette dimension de voyage ultime vers l’inconnu, et tant mieux si des obstacles se mettent en travers de la route de ses héros aux combinaisons et vaisseaux bardés de technologies forcément faillibles en cas de crises imprévisibles. The Moon veut faire partie de cet héritage et met les bouchées doubles pour mettre des bâtons dans les roues du courageux et obstiné Hwang, prêt à mourir plutôt que de rentrer sans son bout de Lune. Hélas, cette médaille pour l’effort ne suffit pas vraiment à pardonner les lacunes d’un blockbuster qui s’égare au fil des minutes dans le vide intersidéral.
La faute, déjà, à une multitude de scènes qui nous maintiennent sur le plancher des vaches, du centre spatial coréen aux intrigues à la Nasa (où travaille, surprise, l’ex-femme du chef Kim !) en passant par un observatoire abandonné où se réfugient Kim et son irritante assistante. Mélodramatique et surjoué, The Moon l’est surtout dans ces moments gâchés, bien plus futiles que les scènes terriennes de Seul sur Mars. Le production design pas très flamboyant, les effets spéciaux parfois aux fraises, le montage pas exemplaire, n’aident pas non plus à donner au résultat l’aspect rutilant et spectaculaire voulu. Et puis il y a le périple de Hwang lui-même, qui s’il génère quelques moments spectaculaires (la pluie de météorites déjà mentionnée), est blindé d’invraisemblances, d’artifices éculés (le speech de l’espoir quand tout va mal, les rebondissements liés à l’ISS qu’on voit venir depuis l’espace), quand il n’est pas tout simplement répétitif. À vouloir faire bien, The Moon en fait surtout trop, maladroitement et avec trop d’emphase, sans parvenir à trouver l’équilibre et la profondeur qui faisaient la qualité des références qu’il convoque.