The Silence : une série B qui n’a rien à dire

par | 26 avril 2019

La fatigue gagne rapidement devant The Silence, film apocalyptique gâchant des concepts mieux exploités avant lui. Une série B qui devrait disparaître sans faire de bruit.

C’est ce qu’on appelle un mauvais timing. Basé sur un roman paru en 2012, tourné en 2017, The Silence nous arrive en 2019, presque un an après la sortie du sympathique, mais pas exceptionnel Sans un bruit. Deux longs-métrages rigoureusement basés sur la même promesse (une famille confrontée à des monstres réagissant au moindre bruit), qui poussent le vice jusqu’à réutiliser le même type de personnages, dont une adolescente atteinte de surdité ! Autant dire que les critiques comme le public ne tarderont pas à taxer Netflix d’opportunisme, alors que la ressemblance entre les deux films tient de la coïncidence, et que l’acquisition de The Silence se justifie surtout par sa lointaine relation avec son carton maison Bird Box. Oh, et par la présence au casting de deux actrices d’un autre succès du géant américain, la série Les Nouvelles aventures de Sabrina.

La voix des autres

Une fois que l’on a présenté The Silence comme un rip-off involontaire d’un gros succès, que reste-t-il à dire ? Que le film de John R. Leonetti (chef op estimé, mais réalisateur tâcheron, qui doit ses nouveaux boulots au succès d’Annabelle) pille sans ciller bien d’autres classiques modernes du fantastique, peut-être. De Pitch Black à The Walking Dead en passant par The Descent, ils sont nombreux, les titres qui viennent à l’esprit en découvrant cette série B produite par Constantin Film (derrière la risible franchise Resident Evil), qui ne cherche jamais à rendre honneur à son concept de départ. Utiliser le silence pour faire naître la tension en laissant craindre l’irruption du bruit est un objectif évident dans ce genre d’histoire. Mais tout comme John Krasinski, Leonetti peine de manière évidente à exploiter pleinement les possibilités de son pitch, illustré bien laborieusement dès les premières minutes.

Une expédition spéléologique libère une espèce de volatiles voraces et aveugles, les vespidés, qui s’en vont décimer méthodiquement la côte Est des USA et leurs bruyants habitants. Ally Andrews (Kiernan Shipka), ado sourde depuis un dramatique accident de voiture, s’échappe avec sa famille adepte du langage des signes pour éviter le massacre, mais vu que la menace vient du ciel, personne n’est à l’abri. Enfin, surtout pas les victimes désignées habituelles, dont on devinera d’emblée l’identité vu que The Silence se caractérise par un manque ahurissant de surprises et de prise de risque. Stanley Tucci et Miranda Otto, parents terre-à-terre et jamais trop héroïques, semblent hésiter entre le stoïcisme et le jmenfoutisme dans des rôles à peine plus travaillés que le design visqueux des fameux vespidés. Signe que le film ne cherche pas à aller plus loin que son idée de départ (qui donne lieu, en tout et pour tout, à une scène de suspense satisfaisante), The Silence introduit au bout d’une heure de métrage et de trois jours d’apocalypse une espèce de mini-secte religieuse, sorte de deus ex machina incompréhensible. Un peu comme si vous passiez du pilote à la saison 6 de The Walking Dead en un épisode. Et la fin ouverte n’arrange rien. Juste une dernière fausse bonne idée, dans une série B qui se définit surtout par sa paresse, et un manque d’énergie qui laisse sans voix…