Hormis la problématique « série » des Hulk, la transposition sur grand écran de Thor constitue jusqu’à présent le lancement de franchise le moins convaincant de Marvel. La faute à un script qui dans le premier opus s’éparpillait entre différents enjeux à l’intérêt discutable, du barnum rococo d’Asgard à l’équipe de scientifiques têtes-à-claques, laquelle faisait dérailler le film vers la comédie pantouflarde, coincée dans un décor désertique désespérant de banalité. Kenneth Branagh, l’invité surprise (et un peu surpris lui-même) du jour, se révélait être un simple argument marketing destiné à souligner l’aspect shakespearien – il faut le dire vite – de l’intrigue opposant Thor à son père, Odin, et à son éternel frère ennemi, Loki. C’est dans leurs scènes de dialogue que se nichait le véritable intérêt d’un long-métrage vraiment faible et oubliable, à part pour une chose : le choix de son acteur principal, Chris « blondin » Hemsworth. Le comédien australien n’était pas un inconnu à l’époque (on l’avait croisé dans Star Trek et Escapade fatale), mais son charisme « scandinave » a éclaté avec une force peu commune dans Thor, puis (surtout) dans Avengers. Tout comme Robert Downey Jr. est une évidence dans la peau de Tony Stark, Hemsworth est l’acteur idéal pour incarner ce Dieu du Tonnerre aussi hautain que bon vivant, une performance pas gagnée d’avance vu l’univers un peu kitsch qu’il personnifie.

 

This time, it’s war

trailerthor_1Le nouvel épisode de la saga, Thor : le monde des ténèbres, était tout comme Captain America : the winter soldier annoncé presque en amont de la sortie du premier épisode, signe de la confiance que Marvel avait dans sa franchise intergalactique. Alors que le mastodonte Iron Man 3, diversement apprécié par la critique, s’apprête à envahir le monde, le studio piloté par Kevin Feige continue à dévoiler sa « Phase 2 » post-Avengers avec un premier teaser du film, réalisé cette fois par Alan Taylor. Inconnu du grand public, Taylor est pourtant un vétéran de la télé « haut de gamme », ayant fait ses armes sur les séries de Tom Fontana (Homicide, Oz) avant d’enchaîner les épisodes de shows prestigieux, particulièrement chez HBO. Son dernier fait de gloire étant la réalisation de six épisodes de Game of Thrones, on comprend au vu des premières images de Thor 2 que les pontes de la Marvel, qui avaient démarché un autre réalisateur clé de la série avant lui, lui aient déroulé le tapis rouge. Le choix du réalisateur chez Marvel, ne l’oublions pas, fait aussi partie du projet marketing.

 

À Taylor, donc, de relancer la machine avec panache, dans une intrigue plus ambitieuse et belliqueuse, qui réinvite une bonne partie du casting originel : Anthony Hopkins, Tom Hiddleston, Stellan Skarsgard, Rene Russo… et Natalie Portman, dont on a toujours du mal à croire qu’elle enchaîne des rôles de potiche entre deux Terrence Malick. Cette fois, Thor est confronté à un nouvel ennemi mégalomaniaque nommé Malekith (Christopher Eccleston), qui semble vouloir attaquer à la fois Asgard et les neuf « royaumes » dont fait partie la Terre. D’où batailles rangées médiévalo-fantastiques, séquences de destruction massive… et on imagine, au vu de la fin du teaser, une situation un peu tendue pour le personnage de Portman, Jane Foster, amenée à voyager avec son blondinet à travers la galaxie, et une évolution intéressante (et bienvenue) de celui de Loki. Reste à savoir si Taylor réussira à imprimer sa marque sur un blockbuster aussi contrôlé (vu comment Shane Black et Branagh ont dû lutter, on peut rester prudent), et si le film lui-même, écrit « collectivement » par une team de mercenaires made in Marvel, saura donner de l’ampleur à un monde finalement peu développé dans le premier épisode. Les paris sont ouverts jusqu’au 30 octobre prochain, date de sortie prévue en France.