Top 15 : les meilleures courses-poursuites

par | 14 octobre 2011

Les meilleures courses-poursuites au cinéma : de Death Proof à Bullitt en passant par French Connection, Mad Max 2, Terminator 2, La nuit nous appartient…

Alors que Drive continue de faire événement dans les salles (les réactions se partagent nettement entre ceux qui en tombent amoureux et ceux qui restent, ahem, sur le bord de la route), la tentation est trop belle de dresser le palmarès des meilleures courses-poursuites couchées sur pellicule. Une figure récurrente du film d’aventures, présente dès les premiers westerns muets (on y attaque des trains, on y poursuit des diligences), puis, timidement mais inéluctablement, dans les polars et films d’action. Art du mouvement par excellence, le cinéma ne pouvait que se repaître de ces séquences à suspense où tous les moyens de locomotion sont bons pour arrêter/s’échapper à l’écran, quitte à transformer ces joutes à grande vitesse en ballets virtuoses et bien souvent fracassants.

S’il ne prétend pas être exhaustif ni définitif, ce Top 15 bannit toutefois les films qui ont abusé (et non pas seulement usé) d’effets numériques pour créer leur scène d’anthologie. Adieu donc Matrix Reloaded ou Bad Boys 2, qui sont certes dans les mémoires, mais dont l’origine pixellisée les empêche d’atteindre cette puissance viscérale atteinte par les cascades en live, de plus en plus rares depuis la grande époque de Rémy Julienne (qui aura duré tout de même longtemps).

À noter que si vous êtes fondus de ce genre de séquences, un site recense toutes les courses-poursuites du cinéma : varaces.com. Le site remet même chaque année les Awards de la meilleure poursuite de l’année… Dernière précision, les films consacrés à la course (du Mans à Speed Racer), ou qui utilisent la voiture comme leitmotiv unique de l’histoire (comme Duel ou Vanishing Point) ont été soigneusement mis de côté. C’est pas du jeu, sinon !

Alors, prêts ? Moteur, contact…action !

15. HIDDEN

Un peu d’originalité pour commencer avec ce qui est avant tout une série B fantastique du meilleur cru (1987 !), l’une des seules réussites de l’artisan Jack Sholder. Alors en pleine vague des buddy-movies, Hidden tente l’improbable, en collant comme partenaire à un flic californien… un alien à forme humanoïde (ça tombe bien, c’est le Kyle McLachlan de l’époque Blue Velvet). Cette mixture hautement jouissive permet d’alterner entre éléments de science-fiction et de film d’action, comme avec cette séquence d’ouverture aussi furieuse qu’incorrecte, où un méchant alien ayant investi un corps humain roule à tombeau ouvert en Ferrari dans les rues de Los Angeles, sans se soucier de la police à ses trousses ou des malheureux piétons. Dégagez le passage !

14. POLICE STORY 3

Jackie Chan mériterait un classement à lui tout seul. Et je ne parle pas de combats, ou de cascades quasi-mortelles où les inconscients de son « action team » ont laissé sans doute un peu de santé mentale. Non, il s’agit bien de tôle froissée et de poursuites invraisemblables, qui, de Police Story à Thunderbolt, ont fait le sel de ces frénétiques productions. Le corps et ses contorsions restent le vrai ressort de ses films, et il n’est pas rare que ces séquences mixent cascades automobiles et physiques, comme dans Police Story où Jackie fait le kakou accroché à un bus. Dans ce Police Story 3 d’anthologie, où la star fait équipe avec Michelle Yeoh, on en donne pour son argent au spectateur : le climax du film, situé à Kuala Lumpur, mixe joyeusement hélicoptères, trains, camions et motos pour un plaisir régressif qui laisse rêveur.

13. L’ARME FATALE 4

Loin d’être la scène d’action la plus subtile du monde, il s’agit même (soyons fous) de la poursuite la plus débilement spectaculaire qui soit, rejoignant l’explosion maousse de La Relève ou l’Aston télécommandée de Demain ne meurt jamais au rang des cascades hollywoodiennes les plus over-the-top de l’histoire. Dans ce 4e opus décérébré d’une franchise autrefois jouissive, Riggs et Murtaugh poursuivent la mafia asiatique sur l’autoroute, et montent à bord d’une espèce de bungalow sur roues. On se croirait presque chez Jackie Chan quand Mel Gibson enchaîne combats sur la route ET dans le bungalow. Excentrique, donc, mais ça n’est rien comparé à ce qui suit, quand la Pontiac du duo passe à travers un building vraiment mal placé (juste devant une bretelle d’autoroute ?), et roule à l’autre bout pour atterrir à nouveau sur l’autoroute. Invraisemblable, fou, donc génial.

12. THE SEVEN UPS

The Seven Ups (ou Police puissance 7 en VF, très mignon, ça) est un peu le chaînon manquant entre French Connection et sa suite. Gene Hackman n’est certes pas devant la caméra, mais le producteur Philip d’Antoni, est le même, et signe même là sa seule réalisation. Roy Scheider et Tony Lo Bianco, seconds rôles chez Friedkin, passent ici au premier plan, dans un polar vibrant au même rythme new-yorkais que son prédécesseur oscarisé. Plus traditionnel, moins porté sur l’ambiguité morale, The Seven-Ups est en tout cas une solide série B, passée à la postérité grâce sa féroce course-poursuite automobile supervisée par Bill « Bullitt » Hickman lui-même. Un must.

11. LE CASSE

Parce qu’il faut bien parler un peu de l’inoxydable Rémy Julienne, trésor national ayant supervisé les cascades (surtout automobiles) de plus de 150 films, il faut jeter un œil sur la poursuite du Casse, polar sec d’Henri Verneuil sorti en 1971, à une époque où mister Julienne a surtout marqué les esprits pour la virée italienne en Mini Austin de The Italian JobLe Casse inaugure la grande époque du cascadeur, qui sera bientôt constituée à la fois de James Bond et de productions hollywoodiennes, et de films noirs avec Belmondo ou Delon. Ici, Omar Sharif et Bebel (ou plutôt leurs doublures volant, dont fait partie Rémy Julienne) se collent au pare-chocs dans les rues de Prague, transformant une péripétie presque inutile en ballet de voitures fascinant car souvent filmé en plan très large.

10. DEATH PROOF

Version longue ou courte ? Blabla ou vroum-vroum ? Que l’on apprécie le projet grindhouse de Tarantino en version courte ou longue, une chose est sûre : on préfère largement que tout le monde se taise et laissent causer les moteurs. En cinévore éclairé, Quentin a eu le bon goût de retourner aux racines de la course-poursuite qui dératise : de la cascade live, filmée à vitesse réelle (c’est-à-dire à fond les ballons), avec un gimmick stupide mais efficace – on attache Zoé Bell sur le capot et roule ma poule. Passé un carambolage où l’accumulation de chairs mutilées vire presque à l’hommage cronenbergien, Tarantino enclenche la seconde pour un final exceptionnel qui se permet même un pied de nez bien senti (sic) aux bidouillages modernes en faisant atterrir ses bolides estampillés seventies… sur une autoroute bien actuelle !

09. TERMINATOR 2

Nul besoin de présenter le monument cameronien de 1992, monstrueux à tous les niveaux, et dont les effets spéciaux révolutionnaires ont tellement marqué leur époque qu’on en oublierait presque qu’il dispose d’une des meilleures courses-poursuites de tous les temps : la première rencontre motorisée entre les deux cyborgs, inaugurée par l’image té-ta-nisante de ce poids lourds atterrissant comme un Balrog mécanique sur le béton de ces égouts à ciel ouvert. Montée à la perfection (malgré un ralenti plutôt gênant où l’on distingue très nettement le visage de la doublure d’Arnold), cette séquence synthétise tout le génie du cinéma de James Cameron : la recherche constante de la performance technologique, une histoire qui évolue et s’enrichit dans les séquences purement cinétiques, une mise en scène privilégiant les gestes iconiques et gérant de manière métronomique tous ses rebondissements… Très culte.

08. SHORT TIME

Rarement citée, et pour cause (le film est totalement tombé dans l’oubli), la course-poursuite de Short Time est grâce à Youtube mise en valeur comme l’un des meilleurs exercices du genre. Réalisé dans les années 80, avant que les réalisateurs ne s’appuient sur des béquilles numériques pour faire voltiger leurs voitures, ce morceau de bravoure est le point culminant d’une comédie poussive dans laquelle un flic à qui on a annoncé sa mort prochaine, cherche à mourir dans l’exercice de ses fonctions pour que son fils touche sa pension et réussisse sa vie. L’idée donne du piment à cette séquence où le flic pourchasse de manière suicidaire deux malfrats. Caméra pied au plancher, un maximum de tôle froissée, des passages incroyables sous un métro aérien qui rappellent French Connection, une cascade finale impressionnante… Short Time, durant ces quelques minutes, tutoie les plus grands.

07. LA NUIT NOUS APPARTIENT

Nageant à contre-courant des modes, cultivant de manière presque autistique ses références cinéphiles (Coppola, Lumet, parmi d’autres), James Gray a selon l’avis de beaucoup livré son chef d’œuvre avec La nuit nous appartient – personnellement, Little Odessa est encore meilleur. Son troisième polar, son plus grand public aussi, grâce à un casting pourtant guère différent de son excellent The Yards. Sombre, opératique et magistralement interprété, La nuit nous appartient touche au sublime lors de sa « friedkinienne » course-poursuite centrale, fuite en avant désespérée, rythmée par le va-et-vient entêtant des essuie-glaces. Sous une pluie diluvienne (et digitale), le personnage de Joaquim Phoenix tente de sauver ce père, qu’il avait appris à haïr, d’une mort certaine. C’est à la fois spectaculaire et déchirant.

06. RONIN

Salmigondis incompréhensible où des gangs de mercenaires/agents secrets/doubles/triples se disputent une mallette-McGuffin à travers la France, l’avant-dernier film du regretté John Frankenheimer ridiculise aussi un casting de stars apparemment aussi perdu que le scénariste, chacun tirant une tronche de trois mètres de long même lorsque les moteurs se mettent à rugir. Heureusement, les cascadeurs français à l’œuvre sur le long métrage ont mis du cœur à l’ouvrage, et entre l’affolante poursuite niçoise (qui s’embarrasse peu de vraisemblance géographique) et le climax parisien, il s’avère difficile de choisir. Dans les deux cas, les pilotes prennent tous les risques, roulant à contre-sens ou dans des ruelles piétonnes sans jamais lâcher l’accélérateur.

05. BULLITT

Tout a été dit sur le fondateur, le précurseur même du genre qui nous occupe : trois semaines de tournage, onze minutes au compteur, une coolitude indomptable… Steve McQueen et sa Ford Mustang, Bill Hickman et sa Dodge Charger font entrer les pentes de San Francisco dans l’imaginaire collectif avec l’aide de leurs pilotes/doublures, faisant monter la tension à l’aide d’un montage expert (Frank Keller y a gagné un Oscar). À l’époque, un choc durable pour les spectateurs. Aujourd’hui ? Un classique indémodable, propulsé par la BO imparable de Lalo Schifrin.

04. FRENCH CONNECTION

À croire que les membres de l’Académie des Oscars ont joué aux policiers avec leurs petites voitures étant enfants. Comme avec BullittFrench Connection a récolté quelques statuettes en partie pour sa poursuite voiture-métro, tournée sans autorisation sous les rails aériens de Brooklyn. En pleine possession de ses moyens, le jeune et intrépide William Friedkin choisit de se caler, caméra sur les genoux à l’arrière de la Pontiac conduite à la fois par Gene Hackman et Bill Hickman (lui again !), et de foncer à 120 km/h en pleine rue pour retranscrire, sans dialogues, l’obsession maladive de Popeye Doyle à rattraper ces truands qui lui échappent sans cesse. Plus que de courage, c’est de folie qu’il s’agit ici, et la démonstration est époustouflante.

03. LA MORT DANS LA PEAU

Comme sa grandiloquente voisine bondienne, la saga des Jason Bourne s’est fait une spécialité de caser, au moins une fois dans chaque épisode, une course contre-la-montre entre le super espion et les vilains tueurs du gouvernement (peu importe le pays) qui le poursuivent. Après Paris, et avant New York, Bourne fait escale, le fou, à Moscou. Là l’attend Karl Urban, pour une confrontation 4×4-taxi bénéficiant du style tellement-dans-l’urgence-que-tu-distingues-pas-tout de Paul Greengrass. Les technologies numériques soutiennent pour le meilleur cette séquence qui secoue presque viscéralement le spectateur, par la violence de ses chocs et son réalisme physique. Le cadrage « collision en approche vue du siège conducteur » est notamment devenu un véritable cliché dans le cinéma moderne. 

02. POLICE FÉDÉRALE LOS ANGELES

Friedkin est présent deux fois dans le top pour une bonne raison : il a surpassé, avec Police Fédérale Los Angeles (alias To live and die in LA), son propre French Connection, sans pour autant remporter le même succès public. Les temps ont changé, et les deux films en sont d’ailleurs deux représentants emblématiques : Police Fédérale Los Angeles est, jusqu’à l’excès, un film des années 80, mais la superficialité presque vulgaire alors de mise en est totalement absente. Affreusement nihiliste, le film atteint son niveau de fascination maximum au moment où l’improbable duo Chance et Vukovich, tente d’échapper aux tueurs qui se sont lancés à leur poursuite après un deal qui a mal tourné. Friedkin aura mis six semaines (!) à tourner cette intense séquence de chaos sur autoroute, où le stress se lit sur le visage de comédiens en condition réelle, reflétant celui de leurs personnages, littéralement au bord de l’abîme.

01. MAD MAX 2

Le roi de la route, c’est bien connu, c’est « Mad » Max Rockatansky. Boîteux et taiseux après les événements du premier épisode, Max est devenu le héros léonien de cette cultissime séquelle, qui rejoue les passages obligés du western dans un décor post-apocalyptique, créant instantanément un sous-genre prolifique. Des attaques de diligence des premières années au chaos motorisé des années 80, la boucle cinématographique se boucle ici dans un tonnerre de violence et de furie routière, au fur et à mesure que le Mack R-600 customisé subit les assauts répétés des barbares d’Humongus. Un climax de pure folie, qui confine à l’abstraction cinétique, malgré un découpage des plus précis. La meilleure course-poursuite du monde, tout simplement.