Triple Threat : baston au sommet… ou presque

par | 27 novembre 2019

Vendu comme l’Expendables de la castagne, Triple Threat vaut sans surprise pour ses combats énergiques, points d’orgue d’un film d’action très oubliable.

Pour ceux qui ont encore en mémoire les formidables performances chorégraphiques de The Raid, Ong Bak, Man of Tai Chi et Undisputed, entre autres, Triple Threat tient du rêve humide depuis l’annonce de sa mise en production en 2017. Resté un temps dans les limbes pour des histoires de financement chinois, le film de Jesse V. Johnson (ancien cascadeur devenu réalisateur-mitraillette de séries B d’action, visibles sur Netflix ou en vidéo) a finalement dévoilé son « packaging » de rêve en 2019. La triple menace du titre, c’est un trio panasiatique composé du Thaïlandais Tony Jaa, du chinois Tiger Chen et du jeunot indonésien Iko Uwais. Des spécialistes des arts martiaux qui sont entrés dès leurs débuts à l’écran dans la grande Histoire du genre, et que Triple Threat rassemble pour faire face à un gang patibulaire, quasi exclusivement anglo-saxon, emmené par le tout aussi athlétique duo Scott Adkins – Michael Jai White. Autant dire qu’avec un pareil rassemblement de castagneurs, le film se devait d’empiler les gnons avec célérité. Mission ? Partiellement réussie.

Le scénario ? Quel scénario ?

Le scénario de Triple Threat a autant d’importance à nos yeux que la direction d’acteurs à ceux d’Uwe Boll. Il est vaguement question d’un contrat placé sur la tête d’une riche héritière altruiste (Celina Jade, vue dans Arrow et Wolf Warrior II), qui reçoit l’aide de notre triple menace, alliés de fortune après une attaque sanglante façon Predator. Adkins et White jouent les mercenaires sans scrupules lâchés en pleine ville pour massacrer tous ceux qui se mettent sur le chemin de leur cible. Mais très honnêtement, ce script bateau au possible, inutilement alambiqué, horriblement dialogué et souvent incohérent (le personnage de Iko Uwais passe son temps à jouer un double jeu qui n’a aucun sens, surtout quand il provoque par ses actions l’anéantissement d’un commissariat) a tout du caillou dans la chaussure nous empêchant d’arriver à ce pour quoi Triple Threat a été conçu, ce qui intéresse en priorité son public : de la baston de haut niveau !

« Les combats sont chorégraphiés avec soin et filmés à bonne distance. »

Si l’association de toutes ces stars n’est pas un exploit – beaucoup d’entre eux se sont déjà croisés sur des plateaux de série et de films -, voir s’affronter dans une production plutôt cossue le roi du muay thaï Tony Jaa, Uwais et son pencak silat ultra rapide et les charismatiques armoires à glace que sont Adkins et White (ce dernier arborant au fil des années un physique de plus en plus intimidant) est un plaisir que tout amateur de série B ne peut refuser. Johnson fait pourtant le choix curieux d’espacer les scènes de combat au maximum, préférant se reposer sur des séquences de fusillade efficaces, mais anonymes, jusqu’à un règlement de comptes final où le all-star cast peut enfin jeter les armes et s’affronter mano a mano. Un climax libérateur au parfum de trop peu, tant le casting semble y être au meilleur de sa forme. Les combats sont chorégraphiés avec soin et filmés à bonne distance, sans génie là encore, mais avec une envie manifeste d’en souligner l’impact, surtout dans le dernier face-à-face entre Adkins, Jaa et Uwais. De quoi assurer à Triple Threat quelques futurs passages cultes, mais il y avait de quoi espérer bien mieux.