Turbo Kid : le rétropédalage, c’est chic !

par | 2 mai 2018

Aussi généreux en effets gore à l’ancienne que dans son hommage aux films post-apo des années 80, Turbo Kid est une vraie curiosité, à réserver aux fans du genre. 

OVNI bricolo idéal pour une séance tardive de festival, Turbo Kid propulse comme beaucoup de productions récentes le spectateur dans l’époque révolue des années 80. Comme chez Carpenter, le futur ici, c’est l’année 1997, un monde post-apocalyptique évoquant plus les rip-off italiens de Mad Max que Mad Max lui-même, et où l’eau est devenue la denrée la plus précieuse. L’essence ? Un rêve lointain, puisque les survivants de cet univers alternatif n’ont plus que leurs jambes pour se déplacer… et des vélos, que chacun tune avec les moyens du bord. Ce qui frappe donc d’abord dans ce film canadien signé par le collectif « RKSS », c’est cette vision kitschissime d’un paysage désertique constitué de mines abandonnées et de vieux entrepôts décorés à la va-vite, dans lequel circulent sur leur deux-roues des personnages patibulaires en haillons. Parfaitement conscients du ridicule de cette vision, les réalisateurs en rajoutent dans l’absurde, en faisant d’un pneu crevé une source de suspense ou en organisant des poursuites en BMX forcément peu spectaculaires.

Outre ce décalage permanent qui permet malgré tout de créer un univers à nul autre pareil, Turbo Kid cligne aussi de l’œil aux feuilletons type Power Rangers, le héros, « Kid », étant un orphelin solitaire rêvant de retrouver un jour l’armure de Turbo Man. Bien sûr, il y parvient, et même là, l’armure se limite à un énorme gant en scratch doté d’un rayon chargeur à la Metroid aux effets dévastateurs. Ah oui, il faut le rappeler : sous ses airs de pochade en équilibre entre le ridicule et le jouissif, Turbo Kid cache aussi un tempérament de goreux tendance outrancier. Nous défions quiconque de ne pas penser à Peter Jackson tant les « RKSS » multiplient les explosions sanglantes, les gags à base de corps sectionnés et les geysers hystériques avec un délirant entrain.

Ça pourrait être Z, mais c’est finalement réussi, parce que le casting apporte un certain allant à une galerie de personnages soigneusement ridiculisés (de l’androïde girly énervée joué par Laurence Leboeuf au très vilain borgne Zeus, confié aux bons soins de Michael Ironside, en passant par l’excellent Skeletron, quaterback hirsute et masqué adepte de la scie circulaire), et parce que, tout brinquebalant qu’il soit, ce monde très référencé et improbable tient debout, propulsé qu’il est par la BO forcément vintage de Le Matos.