Les multiples portraits de Jack O’Connell parus dans la presse au moment de la sortie des Poings contre les murs, n’ont pas manqué de souligner la période charnière dans laquelle se trouvait le comédien britannique, 24 ans seulement, et déjà presque dix ans de carrière derrière lui. Repéré à 16 ans par Shane Meadows pour intégrer le casting de petites frappes de This is England, O’Connell a explosé d’abord sur le petit écran, dans la série générationnelle Skins, avant de se construire, petit à petit, une filmographie prometteuse dans des films de genre nerveux et marquants : Eden Lake, Harry Brown, Tower Block, The Liability (qui, tiens donc, sortira enfin en France en vidéo cet automne)… Autant de personnages de petites frappes dans lesquels O’Connell, qui possède un charisme naturel contrastant avec ces caractères extrêmes, excelle.

[quote_center] »Ces deux rôles sont on ne peut plus éloignés des précédents, ce qui prouve sa versatilité »[/quote_center]

L’année 2013 marque un tournant dans la vie de l’acteur, qui risquait malgré tout de se voir proposer pour encore longtemps des rôles de jeunes délinquants. Hollywood commence à courtiser le comédien, qui beaucoup de ses congénères, ne tarde pas à faire le grand saut, d’abord en spartiate au corps huileux dans la suite de 300, Naissance d’un empire. Un rôle oubliable. Puis c’est le tournage, exigeant, mais en fin de compte bénéfique, des Poings contre les murs, étonnant film carcéral auquel il apporte une profondeur insoupçonnée. Sortis tous les deux cette année, les deux films ne seront toutefois pas les sorties les plus importantes de Jack O’Connell. L’acteur a fait coup double en décrochant le rôle principal de ’71, thriller d’époque se déroulant en Irlande, puis celui d’Unbroken (alias Invincible chez nous), projet à gros budget d’Angelina Jolie et futur aimant à Oscars, qui pourrait bien valoir à O’Connell sa première nomination. Coïncidence heureuse, ce sont deux rôles on ne peut plus éloignés des précédents, ce qui prouve sa versatilité.


Nuit d’enfer à Belfast

71 + Invincible: 2014, l’année de Jack O’Connell

Des deux longs-métrages, ’71 est sans conteste le plus modeste en apparence. Se déroulant durant une seule longue nuit de 1971, le film de Yann Demange (Dead Set) propulse un soldat anglais inexpérimenté au cœur de la guerre civile à Belfast. Abandonné par son unité après une émeute, le jeune Gary doit retrouver son chemin et échapper à ses poursuivants, dont l’IRA, qui a juré sa perte. Depuis sa présentation au festival de Berlin, ’71 fait sensation partout où il passe (notamment à Beaune, où il était sélectionné), les critiques paraissant unanimes sur le côté réaliste et palpitant de ce thriller qui aborde la question des troubles en Irlande du Nord sous un angle moins académique que d’habitude.

Le premier trailer annonce en tout cas sans détour une œuvre dopée à l’adrénaline, tenant pratiquement entièrement sur les épaules d’un O’Connell (à moitié Irlandais de naissance) traqué de toutes parts, même s’il est entouré de compatriotes expérimentés comme Sean Harris (Prometheus, Southcliffe), Sam Hazeldine (L’ombre du mal, Peaky Blinders), ou David Wilmot (L’Irlandais, Shadow Dancer). Alors que le film est également prévu pour une première nord-américaine au festival de Toronto, la sortie française du film a elle été fixée au 29 octobre.

La bande-annonce

L’incroyable destin de Louis Zamperini

71 + Invincible: 2014, l’année de Jack O’Connell

Prévu lui pour une sortie américaine à Noël, Invincible est une production d’un autre calibre commercialement parlant. Deuxième réalisation de la star Angelina Jolie après Au pays du sang et du miel, ce biopic à grand spectacle fait partie de ces histoires dont l’Académie des Oscars raffole. Jack O’Connell a en tout cas bataillé longuement pour décrocher le rôle convoité de Louis Zamperini, figure de la Seconde Guerre Mondiale à la vie incroyable. Fils d’Italiens immigrés, Zamperini était dans les années 30 un coureur de marathon de classe mondiale, qui avait participé à 19 ans aux « fameux » Jeux Olympiques de Berlin en 1936, rencontrant même Hitler à l’issue de sa course. Enrôlé dans l’armée en tant que pilote de bombardier pendant la Guerre, Zamperini sera abattu en plein vol, survivant 47 jours dans l’Océan Pacifique avec un autre soldat à bord d’un radeau de sauvetage, avant d’être capturé, emprisonné et torturé par les Japonais dans un camp, jusqu’à la fin des combats.

La suite de sa vie sera encore plus surprenante, puisque suite à ce traumatisme, Zamperini est devenu un prêcheur chrétien parcourant le monde, et même le Japon, pour célébrer le pouvoir du pardon, qu’il avait accordé en personne à ses tortionnaires. Il tentera même en 1998, en tant que porteur de torche aux JO de Nagano, de rencontrer son « tourmenteur » en chef, Mutsuhiro Watanabe, mais celui-ci refusera.

Dépassement de soi, choc de civilisations, récit de survie, transcendence, héroïsme, le tout dans un contexte de guerre ? Le « package » proposé par cette biographie, que Tony Curtis avait souhaité porter à l’écran dès 1957, est presque trop beau pour être vrai. Avec un budget de 65 millions de dollars, un script peaufiné par les frères Coen et Richard LaGravanese (Ma vie avec Liberace), Angelina Jolie semble en tout cas en avoir tiré un film impressionnant, auquel O’Connell s’est dévoué au point de jouer la carte de la perte de poids extrême – il apparaît méconnaissable dans les scènes de captivité. Il est entouré au casting de Garrett Hedlund (Tron : l’héritage), Jai Courtney (Jack Reacher), Domnhall Gleeson (Harry Potter), Luke Treadaway (Rock’n’Love), et de la popstar Miyavi. Le plus émouvant dans cette histoire est que Zamperini, décédé en juillet à 97 ans, sera resté de ce monde juste assez longtemps pour être le premier à voir le film en compagnie d’Angelina Jolie. Le film sortira le 7 janvier 2015 en France : d’ici là, on parie combien que le nom d’O’Connell sera sur toutes les lèvres ?

La bande-annonce