Ça y est, on sent que Noël arrive. C’est le mois d’ octobre, et coffrets en tous genre et exclusivités dvd se bousculent dans les linéaires et sur les sites marchands, le portefeuille grince de plus en plus (surtout si c’est du cuir), vous ne savez plus où donner de la tête, même si vous êtes au moins sûr de ne pas vouloir vous retaper Prometheus. Au rayon DTV, c’est la fête de la bière, avec un paquetons d’inédits à découvrir au prix que vous voulez y mettre (c’est-à-dire de « non, rien, merci » à « mais c’est beaucoup trop cher ! »). On ne reparlera pas, parce qu’on l’a déjà fait, du moyen Theatre Bizarre ou du très chouette The Hole de Joe Dante, et on évitera aussi de s’appesantir sur le dernier navet de Bob de Niro (non pas le Besson, il est pas encore fini celui-là), Unités d’élite, qui nous fait vraiment craindre une fin de carrière à la David Carradine pour l’ancien affranchi.
Cette sélection automnale de Born to Watch se révèle donc relativement pléthorique, et garantie 100 % cinéma bis. Oui, c’est vrai, une romcom qui passerait directement par la casse DVD vous intéressera toujours moins qu’un bon vieux actioner des familles avec Christian Slater… Ah non ? Bon, c’est noté. Allez, sans plus tarder, bonne lecture… et bonne chasse !
Kill the Gringo
Un film de Adrian Grunberg avec Mel Gibson, Kevin Hernandez, Peter Stormare
Sorti le 16 octobre – Aventi
Genre : action
Mel Gibson est décidément increvable. Enterré à Hollywood par les scandales qui ont émaillé sa tumultueuse vie privée, celui qui a tout de même construit sa carrière autour d’un rôle d’outcast solitaire et d’un flic suicidaire (ce qui en disait déjà long sur ses appétences pour le masochisme triomphant) a encore de la ressource pour exister artistiquement. Riche à millions depuis le triomphe de son inénarrable La passion du Christ, un peu moins depuis le bide du fantastique Apocalypto, « Mad Mel » a opéré un come-back devant la caméra sans trop y croire avec Hors de contrôle (déjà oublié), puis avec Le complexe du castor, blacklisté par les distributeurs. Résultat, l’ex-star passe par la case vidéo pour ce Kill the Gringo qu’il a vraisemblablement supervisé de près, même s’il n’est pas réalisateur (il produit et co-scénarise avec le metteur en scène Adrian Grunberg, son assistant réal sur Apocalypto). Ce Gringo-là est une série B délicieusement old school, dans laquelle Gibson, en gangster/arnaqueur qui imite très bien Clint Eastwood, se fait plaisir. Incorrect (on y discute tabagisme avec des enfants de 10 ans), imaginatif dans sa description de la prison mexicaine fictive d’El Pueblo, une cour des miracles où on paie un loyer pour sa cellule, Kill the Gringo ne manque pas d’idées, ni de moyens. On déplore d’autant plus l’embardée totalement too much du troisième acte, avec un dénouement invraisemblable qui n’est pas à la hauteur de ce qui précède. Mais l’ambition de Gibson n’était sans doute pas de signer un grand film. Juste de revenir, malgré ses revers de fortune, à ce qu’il sait faire de mieux en tant qu’acteur : jouer les badass au coup de poing facile et au rictus cynique.
Eleven
Un film de Darren Lynn Bousman, avec Timothy Gibbs, Michael Landes, Wendy Glenn
Sorti le 24 octobre – Wild Side
Genre : épouvante
Retitrage malin que celui opéré par Wild Side pour sortir ce thriller surnaturel dû à Darren Lynn Bousman, l’homme derrière une pelletée de Saw et le remake de Mother’s Day. En effet, derrière le titre Eleven se cache en fait le film 11-11-11. Oui, pour 11 novembre 2011, soit la date à laquelle est sorti le long-métrage (c’est pratique), mais aussi celle qu’une poignée d’illuminés prenait pour le moment où le Mal allait se répandre sur Terre. Une sorte de fin du monde sataniste, quoi, sauf que ce « moment-clé » est passé depuis bien longtemps maintenant. Reste une tentative pas honteuse mais pas très originale pour Bousman de dupliquer à Barcelone, où se déroule l’action, l’atmosphère d’une Malédiction, ou plus modestement, de La fin des temps ou Les âmes perdues. Dans le rôle principal, Timothy Gibbs (modèle de Max Payne, on comprend pourquoi) se montre plutôt convaincant, en émule du Jim Carrey du Nombre 23 obsédé par l’occurrence prophétique du chiffre 11. Si vous aimez les spectres cachés dans l’obscurité, les mystères cachés dans de vieux livres et les films à twists (gros comme une maison), Eleven peut faire l’affaire, malgré sa date de péremption dépassée.
Revenge : a love story
Un film de Ching-Po Wong, avec Juno Mak, Aoi Sola, Chin Siu-Hou
Sorti le 10 octobre – Filmedia
Genre : thriller
On va pas vous mentir, dans le genre « Category III » qui s’assume, le hong-kongais Revenge : a love story fait moins bien que le précédent opus de ses producteurs, Dream Home, slasher immobilier outrancier avec Josie Ho. On retrouve pourtant intacte cette volonté d’enchaîner les transgressions et d’instaurer un mode de narration tordue, mêlant différents niveaux de temporalité pour instaurer un suspense au long cours. Le film de Ching-Po Wong (le thriller Jiang Hu) rue de fait rapidement dans les brancards, s’ouvrant avec l’histoire d’un serial-killer / abducteur de femmes enceintes pour ensuite retourner dans le passé, aux origines d’une double agression terrible dans le confinement d’un commissariat. Bien sûr, il y a de la vengeance dans l’air, un ton hard-boiled, et des exécutions qui cherchent plus à être imaginatives que cohérentes. Mais la sauce prend moins bien ici, peut-être parce que le film tente d’être trop de choses (thriller, horreur, mélo, et même méditation sur la nature) à la fois. Une curiosité plus qu’une réussite.
Sector 7
Un film de Kim Ji-Hoon, avec Ha Ji-Won, Ahn Sung-Kee, Oh Ji-Ho
Sorti le 17 octobre – TF1
Genre : gloumoute style
Sector 7 permet de jouer à un jeu marrant lorsqu’on est un peu flemmard : celui des références. C’est bien simple, à aucun moment dans le film il n’est permis de penser à autre chose… qu’à un autre film dont ce film coréen s’inspire. Aliens, Leviathan, Abyss, The Thing, The Rig, M.A.L., ou bien encore son homologue The Host, succès tellurique que cette grosse production (en 3D et en Imax, une première pour la Corée du Sud) tente visiblement de reproduire à grand renfort de fonds verts. Pour résumer la chose, disons qu’il s’agit d’un filmse déroulant sur une plate-forme pétrolière, où les mécaniciennes ont des têtes de top model, et où on peut se faire poursuivre par des gloumoutes baveux à moto. Une GRANDE plate-forme, donc. Sinon que dire ? Sector 7 est moche, prévisible et suinte à vrai dire l’opportunisme expérimental, mais les indécrottables fans de monster movies décérébrés peuvent éventuellement être divertis. Après tout, y a quand même un top model couvert de cambouis, des attaques de tentacules et le toujours excellent Ahn Sung-Ki, qu’on avait découvert dans La princesse du désert en vieux loup de mer.
Soldiers of Fortune
Un film de Maxim Korostyshevsky, avec Christian Slater, Sean Bean, Ving Rhames
Sorti le 24 octobre – Seven 7
Genre : action
Son classement R, son caractère résolument militariste et son casting pléthorique sont autant d’arguments qui rapprochent Soldiers of Fortune (rien à voir avec le jeu vidéo du même nom) des plus prestigieux Expendables. La différence de taille avec le papy-fest de Sly étant que le film de Maxim Koroska… Kovoshko…, le film de Maxim K., donc, dispose de dix fois moins de budget. Et ça se voit, au moins des péripéties qui entoure cette sorte de comédie guerrière improbable, où, comme dans Hostel, de riches Américains qui s’ennuient déboursent des millions pour des frissons « réels », cette fois en milieu guerrier. Dans le rôle du chaperon devant encadrer une bande de troufions du dimanche incarnés par Sean Bean, James Cromwell, Dominic « Merry » Monaghan et Ving Rhames, Christian Slater joue donc avec délice le petit maître de guerre embarqué dans une mission un peu trop réelle de libération sur une île déserte. Entre Tropic Thunder et Les Douze salopards, Soldiers of fortune déroule donc ses péripéties moins convaincantes que le jeu de ping-pong incessant au sein de la petite troupe : le drôle de paradoxe du film est sans doute que les acteurs ont l’air d’avoir autant de plaisir à se rencontrer que les personnages qu’ils incarnent en ont à « jouer à la guerre ». Un bien étrange, et bien bis petit divertissement.
ATM
Un film de David Brooks, avec Alice Eve, Josh Peck, Brian Geraghty
Sorti le 5 octobre – Metropolitan
Genre : huis-clos
La jaquette d’ATM (distributeur de billets en french) met intelligemment en avant la mention « par le scénariste de Buried ». Et c’est vrai, ATM est bien signé de la main de Chris Sparling, qui semble s’éclater à imaginer des huis-clos dans les endroits les plus confinés qui soient, qu’il s’agisse d’un cercueil dans le film de Rodrigo Cortès, ou bien d’un local à distributeur de billets dans ce film-ci. Trois collègues voulant retirer du cash tard la nuit se retrouvent pris au piège par un tueur en doudoune ayant trop vu Urban Legend, qui empêche hache à la main quiconque veut s’approcher du distributeur. Ça vous paraît con ? Sparling parvient malgré tout à tenir 85 minutes sur cette simple et étrange idée. Certes, cela va se faire au prix de bonnes grosses invraisemblances et d’un twist un peu trop tordu sur la raison de la présence du psycho, mais David Brooks, qui signe là son premier long-métrage, garde intacte la tension durant le film, privilégiant les éclairages contrastés et le format semi-panoramique en 1 :85 pour donner un cachet visuel à sa série B. En tant que tel, ATM se suit avec intérêt, d’autant qu’il ne cède pas, comme tant de huis-clos à petit budget, au gore outrancier pour se faire remarquer.