S’il n’existe pas à proprement parler de section animée à l’Étrange Festival, la manifestation parisienne a toujours donné une place de premier plan au cinéma d’animation, comme l’avait prouvé en 2009 la diffusion en ouverture de la manifestation de Panique au village. Bien entendu, ce n’est pas au Forum des Images que l’on découvrira le dernier Pixar ou même une production française de prestige type Minuscule. Pour cette édition comme pour les précédentes, l’Étrange est parti piocher à la marge des oeuvres tout sauf consensuelles, qui tirent une partie de leur pouvoir évocateur de leur format et de leur style de dessin. Si nous n’avons pas eu l’occasion d’assister aux mésaventures du Bad Cat, venu de Turquie, nous avons toutefois effectué deux bonnes pioches en découvrant l’ibérique Psiconautas et l’azimuté La Vengeresse, en présence de Bill Plympon himself !

Psiconautas – les enfants oubliés : triste, mais virtuose

anim-1

Même s’il n’est pas en compétition, Psiconautas est notre coup de cœur de ce festival. Au-dessus du lot à plus d’un titre, ce film d’animation s’avère fort difficile à résumer. Aussi noir dans son propos et enfantin dans sa forme qu’un film de Tim Burton, il va beaucoup plus loin dans son propos onirique et tragique. Premier long-métrage des deux Espagnols Pedro Rivero et Alberto Vázquez, qui ont remporté un Goya du court-métrage d’animation avec Birdboy en 2011 (une introduction à l’univers de Psiconautas), ce film est lui-même l’adaptation du roman graphique d’Alberto Vázquez. Psiconautas – les enfants oubliés, d’une grande richesse à la fois visuelle et philosophique, emporte le spectateur (adulte et prévenu) dans une aventure d’une violence symbolique rare.

Sur île jadis paradisiaque, un désastre écologique a non seulement ravagé les lieux, mais également détruit ses habitants de l’intérieur. Birdboy est plongé dans le désespoir après le décès de son père. Son amie Dinky n’a qu’une seule obsession : s’en aller loin de l’île et de ses monstres. Elle et ses amis tentent de trouver un moyen de locomotion dans les recoins les plus sombres de l’île. Mais Birdboy semble trop faible pour voyager à leurs côtés. S’attachant à démonter les codes du conte de fées en oscillant entre émerveillement et horreur, Pscinoautas possède un pouvoir d’évocation particulièrement impressionnant et fascinant. Ses petits personnages adorables, aux traits animaux mais ô combien humains, présentent parfois une facette terrifiante qui reste gravée dans les mémoires. Vous croiserez rarement une telle virtuosité graphique et poétique !

[toggle_content title= »Bonus » class= »toggle box box_#ff8a00″]Le court-métrage Birdboy

BIRDBOY Short film/ Birdboy el Cortometraje from Khris Cembe on Vimeo.

[/toggle_content]


[styled_box title= »Note Born To Watch » class= » »]
Cinqsurcinq
Psiconautas – les enfants oubliés (Psiconautas, los ninos olvidados)
De Pedro Rivero et Alberto Vázquez
2016 / Espagne / 76 minutes
Sortie prochainement
[/styled_box]


La Vengeresse : des pourris aux traits furieux

anim-2

Familier du festival, l’Américain Bill Plympton lui a réservé la primeur mondiale de la projection de son nouveau film, écrit et co-réalisé par Jim Lujan. Une salle comble a réservé une standing ovation au pape de l’animation underground, qui effectue là son grand retour. Ce dessinateur émérite et réalisateur de L’Impitoyable lune de miel a montré la disponibilité qui le caractérise en signant des dessins à ses fans. Mais quid de sa nouvelle œuvre ? La Vengeresse, aux traits parfois délicieusement grossiers et très proches de la caricature de presse, se plaît à décrire avec un sens du détail impressionnant « l’affreux, le sale et le méchant » de l’existence. Quant au récit, il prend la forme d’une Enquête Corse aussi absurde que potache.

Rob exerce la profession de chasseur de primes. Le sénateur Deathface, ancien biker et catcheur (en Californie, pourquoi pas ?), lui confie la mission de retrouver une jeune qui aurait volé un objet lui appartenant. Oui, vous pouvez vous attendre à une comédie grinçante, décapante et irrévérencieuse qui dégomme, dans son monde imaginaire, les politiciens corrompus, obsédés sexuels et autres petites frappes stupides. Plympton a trouvé en Jim Lujan (Sanjourno Must Die ! et bientôt Revengeance), un acolyte à l’imagination aussi frappadingue que lui. Cette production « kickstartée » avance à toute allure sous le soleil californien, ce qui n’est pas pour nous déplaire !


[styled_box title= »Note Born To Watch » class= » »]
Quatresurcinq
La Vengeresse (Revengeance)
De Bill Plympton et Jim Lujan
2016 / États-Unis / 116 minutes
Avec les voix de Jim Lujan, Charlie Rossman, Ken Mora
Sortie prochainement
[/styled_box]