Six ans déjà que le belge Fabrice Du Welz a disparu des radars. Le réalisateur n’est certes pas très connu du grand public, mais pour la critique comme pour les cinéphiles éclairés, Du Welz est l’un des cinéastes de genre les plus prometteurs apparus au cours des années 2000. Il a suffi d’un film, finalement, pour que l’on retienne son nom : Calvaire, un OVNI inattendu et bien dérangé du bulbe, qui payait son dû à tout un pan de cinéma redneck (de Délivrance à Sans retour en passant par l’inévitable Massacre à la tronçonneuse) transposé dans une Flandre jamais aussi lugubre, sur un ton poético-angoissant qui rappelait certains de ses contemporains, Gaspar Noé et le jeune Alexandre Aja en tête. Repéré à Cannes, Calvaire assure à Du Welz une vraie carrière sous les projecteurs, qui débutera de la pire des manières avec le coûteux Vinyan, escapade mystique thaïlandaise qui malgré la présence en tête d’affiche d’Emmanuelle Béart, s’effondrera instantanément en salles. C’est un « électrochoc » pour Du Welz, qui décide d’embrayer sur une production plus commerciale, plus grand public. Ce sera le polar Colt 45, basé sur une version remaniée d’un script du journaliste Fathi Beddiar, fan déclaré de vigilante movies et des univers policiers californiens à la David Ayer (Training Day, End of Watch).

Une production aux allures… de calvaire

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Un changement de braquet radical, à la fois en terme de budget, puisque le producteur Thomas Langmann lui confie 10 millions d’euros, et de casting, les virils et pas très subtils Gérard Lanvin et Joey Starr entourant en haut de l’affiche le quasi-inconnu Ymanol Perset, aperçu dans la série Engrenages. Du Welz, qui déclare s’inspirer des néo-polars italiens des années 70 (les fameux poliziottesco réalisés entre autres par Umberto Lenzi et Enzo G. Castellari) prend soin de s’entourer de collaborateurs réguliers comme le chef op’ Benoît Debie, sans doute l’un des meilleurs techniciens du monde à l’heure actuelle. Le film se tourne en 2011, la post-production débute… puis plus rien. Silence radar. Du Welz enchaîne avec un autre tournage, celui d’un film d’auteur radical qu’il a co-écrit, Alléluia. Ce retour à la veine de ses débuts (le film, encore sans date de sortie, a pour acteur principal Laurent Lucas, et transpose des codes narratifs typiquement américains en Belgique) est un signe que l’expérience « commerciale » Colt 45 n’a pas dû être des plus heureuses.

[quote_center] »La bande-annonce révélée cette semaine promet en tout cas un résultat brut de décoffrage. »[/quote_center]

Il se murmure que Langmann et Du Welz se seraient disputés sur le style du film, que le montage aurait été intégralement revu (il durerait moins d’une heure et demie au final), et que le metteur en scène aurait tout simplement « lâché » le projet. Il aura fallu attendre ce mois de juillet 2014, à peine un mois avant la sortie annoncée du film, pour que le distributeur (Warner Bros France) entame la promotion d’un polar pourtant très attirant sur le papier.

Un « programme » explosif

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La bande-annonce révélée cette semaine promet en tout cas un résultat brut de décoffrage, quelles que soient les cicatrices visibles : Ymanol Perset joue un armurier de la police nationale travaillant sur des modèles de cartouche pour Colt 45, armes de poing très puissantes, d’une efficacité redoutable. Il est pris malgré lui au centre d’une guerre des polices, entre d’un côté le très louche Milo Cardena (Joey Starr) et de l’autre son mentor, le commandant Chavez (sic), joué par Lanvin. Exécutions, attaque à main armée, règlements de compte sanglants…

Le programme dévoilé dans ce tonitruant trailer est explosif, et le style visuel, très tranché et atmosphérique, du réalisateur, proche dans certains plans du cinéma horrifique, semble au rendez-vous, entre deux répliques dignes d’un Truands (le « Tu les sens mes couilles, là ? » semble destiné à régner en meme sur Internet). Le film, qui ne sortira peut-être pas dans un grand parc de salles et devra se mesurer au Lucy de Luc Besson (une production aux images BEAUCOUP moins enthousiasmantes), rencontrera-t-il cette fois son public ? Réponse le 6 août prochain.

La bande-annonce