Le premier volet de la saga Divergente, malgré ses défauts flagrants, avait le mérite de présenter une histoire intéressante, qui nous épargnait les considérations d’ordre religieux, et particulièrement bien rythmée. Un début de franchise qui, comme Le Labyrinthe, relevait le niveau des dystopies actuelles pour ados. Après un changement de réalisateur du à la volonté des producteurs d’offrir une suite rapide à un succès retentissant, l’allemand Robert Schwentke (Red) a poursuivi le travail d’adaptation des romans young adult signés Veronica Roth initié par Neil Burger (Limitless), alors que celui-ci travaillait encore à la post-production du premier volet. Force est de constater que cette suite reprend les points forts et les points faibles de ses débuts, mais qu’elle est dotée d’un budget nettement supérieur qui lui permet de s’offrir des décors, une bande originale, et plus généralement une production value au-dessus du lot.

Révolution sous Prozac

Divergente 2 : bonjour « Trishtesse »

Petit rappel de cette histoire sinon compliquée pour ne pas dire alambiquée : une jeune femme, Tris vit avec sa famille dans un Chicago post-apocalyptique. L’univers est divisé en cinq catégories appelées clans : Audacieux, Érudits, Altruistes, Sincères, Fraternels. Tous les adolescents comme Tris doivent, à 16 ans, passer un test pour déterminer leur inclinaison naturelle vers un des cinq clans. Or, le test de notre héroïne dévoile que ses capacités englobent toutes les catégories, elle est donc une Divergente. Manque de pot, le gouvernement, dirigé par la simili-nazie Jeanine (Kate Winslet), a décidé d’exterminer tous les Divergents sous prétexte que leurs habilités présentent une menace pour la société. Tris se cache donc chez les Audacieux, où elle rencontre Quatre et en tombe amoureuse.

[quote_center] »Cette suite est dotée d’un budget nettement supérieur qui lui permet de s’offrir des décors et une bande-originale au-dessus du lot. »[/quote_center]

À la fin du premier épisode, le couple se lançait dans une folle cavale après avoir mis à jour les exactions des Érudits et de Jeanine en compagnie du frère de Tris, Caleb (Ansel Elgort) et de l’audacieux débonnaire Peter (Miles Teller, qui prend un repos bien mérité après Whiplash). L’enthousiasme teinté d’appréhension de l’avenir laisse la place à la profonde tristesse chez Tris, poursuivie par la désagréable impression de semer la mort sur son passage. La jeune femme, torturée par son passé pourrait bien sombrer dans la dépression, si son imperturbable petit ami ne lui offrait pas un soutien sans faille. Quatre se meut en chef de guerre, réunit de précieux alliés pour conquérir le pouvoir dictatorial en place à Atlanta. De son côté Jeanine et ses deux sous-fifres Eric et Max n’ont pas dit leur dernier mot et dégainent un objet mystère qui pourrait bien exterminer tous les Divergents.

Invraisemblable mais esthétiquement jouissif

Divergente 2 : bonjour « Trishtesse »

Comme pour le premier volet, Divergente 2 ne brille pas par son interprétation. La romance entre Tris et Quatre reste toujours aussi plate, tandis que les personnages secondaires s’avèrent plus caricaturaux que jamais. Tous, de Kate Winslet à Miles Teller se cantonnent à leur rôle, du tueur psychopathe au judas repéré comme le nez au milieu de la figure en passant par le juge impartial, incarné par Daniel Dae Kim (un revenant de l’île de Lost) qui pousse la recherche de la vérité jusqu’à droguer des adolescents sans sourciller. Le film réserve également des perles invraisemblables particulièrement savoureuses. La nouvelle coupe de Tris (l’actrice Shailene Woodley a dû perdre ses cheveux pour les besoins de Nos étoiles contraires), par exemple, obtenue à l’aide de ciseaux rouillés ferait la fierté des grands coiffeurs parisiens. Un rapide calcul nous permet de conclure que le personnage incarné par, tiens donc, Naomi Watts, 46 ans, a accouché de son fils, joué par Theo James, 30 ans, à l’âge de 16 ans. Une parenté certes plausible, mais improbable à l’écran, tant le jeune homme semble plutôt retrouver une ex perdue de vue.

Le montage de Divergente 2 ne présente toutefois aucune faute de rythme. Comme dans le premier numéro, Robert Schwentke alterne lui aussi scènes de dialogues et les scènes d’action sans laisser de place à l’ennui. Le film passe d’un environnement rétro-futuriste à l’autre en se préoccupant de construire de très belles images. Du camp des Fraternels et ses airs de village Amish, entièrement construit pierre par pierre, aux immenses ruines d’Atlanta et au train de marchandises qui les relie, le voyage vaut le détour. Les décors penchent parfois vers le steampunk, comme dans le camp des Sans-Factions, bouillonnant de vie et d’œuvres de street art sur les murs. Comme ses cousins du même genre, Divergente 2 appelle une fois encore ouvertement à une suite, qui, pour des raisons purement et simplement commerciales (ça n’est pas du Philip K. Dick non plus), se découpera comme les Hunger Games en deux longs-métrages. Les aventures de l’ado tristounette à suivre donc, ou pas !


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Troisurcinq
Divergente 2 : l’insurrection (Insurgent)
De Robert Schwentke
2015 / États-Unis / 119 minutes
Avec Shailene Woodley, Theo James, Octavia Spencer
Sortie le 18 mars 2015
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Crédits photos : © SND