Autant le mois de janvier était plutôt tranquille sur le front de DTV, autant février frise l’overdose ! Vous connaissez depuis longtemps le refrain, la multiplication des portails de vidéos à la demande s’ajoutant aux formats physiques signifie une augmentation constante du nombre de sorties d’inédits devant venir muscler les offres de chaque hébergeur. Plus de supports, égale plus de visibilité pour des titres absents des salles (mais pas des festivals, autre refrain connu) : encore faut-il faire la part des choses entre les « vrais » films conçus dans leurs pays pour des sorties cinéma, et les téléfilms maquillés en production de prestige grâce à la magie des affiches tunées.

Une chose est sûre, cette sélection pléthorique vous fera voyager aux quatre coins du globe ! Les genres abordés sont tout aussi variés, même si la prédominance est, comme souvent, au fantastique, relégué par la force des choses dans votre salon. La sélection inclut comme d’habitude des DTV sortis à la vente et à la location, en format physique ou dématérialisé.

Sans plus attendre, bonne lecture. Et bonne chasse !


At the devil’s door

Inédits vidéo : la sélection de février

Un film de Nicholas McCarthy avec Catalina Sandino Moreno, Naya Rivera

Sortie le 25 février (Wild Side)

Malgré une filmographie maigrichonne (on lui doit seulement le très étonnant et efficace film de maison hantée The Pact), Nicholas McCarthy commence à se forger un univers très reconnaissable. Son deuxième film, At the devil’s door se déroule comme le premier à Los Angeles et prend pour décors principaux des pavillons résidentiels tout à fait anonymes, si ce n’est le fait qu’ils abritent des événements tout à fait terrifiants. Une fois encore, ce sont aussi deux sœurs, Leigh et Vera, qui sont au centre d’une intrigue à rebondissements, faisant le saut entre plusieurs époques, et convoquant des références assumées telles que La malédiction, L’emprise, The Grudge et même l’antique Rendez-vous avec la peur. Avec peu de moyens, un style classique revendiqué, qui évacue les effets sonores traumatisants et le montage cut pour faire avancer son implacable histoire, McCarthy emballe une série B moins réjouissante que son premier essai, notamment à cause d’un casting en demi-teinte, mais tout aussi intéressante. À noter côté suppléments du DVD, une interview unique en son genre de l’acteur Colin Eggesfield, qui défend avec passion un personnage totalement absent du montage final ! On en reparlera…


Love & other lessons

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film de et avec Josh Radnor, Elizabeth Olsen, Allison Janney

Sortie le 3 février (Luminor)

S’il n’a pas eu l’honneur de présenter les Oscars ou d’être le partenaire de jeu de Cameron Diaz dans Sex Tape (oh, wait), Josh Radnor a une vraie carrière en dehors de la série qui l’a rendu célèbre, How I met your mother. Radnor est passé derrière la caméra en 2010 pour HappyThankYouMorePlease (oui, en un seul mot) avec Malin Akerman. En 2014, Radnor a écrit, interprété et réalisé une comédie dramatique, Love and other lessons (alias Liberal Arts), qui évoque une nouvelle fois le cinéma de Woody Allen, plus tendre que véritablement acerbe. Radnor se donne le premier rôle, celui d’un conseiller d’orientation amoureux de littérature, qui replonge dans ses années étudiantes en retournant voir son ancien prof à l’université. Une élève tout aussi passionnée (la lumineuse Elizabeth Olsen) s’amourache de lui, ce qui chamboule totalement son quotidien indolent de New-yorkais indolent… Inoffensif en surface, Love… distille, à travers sa galerie personnages plus (Allison Janney en prof frustrée) ou moins (Zac Efron en improbable étudiant baba-cool) attachants, qui souffrent tous d’un manque d’affection patent, de jolies réflexions sur la famille, l’amour, l’amitié et la détresse à laquelle nous pousse parfois nos rythmes de vie modernes. Bien emballé et interprété, Love and other lessons est une jolie surprise, qui montre une autre facette, moins lisse, de celui qu’on appellera toujours Ted Mosby.


7 boxes

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film de Juan Carlos Maneglia et Tana Schembori avec Celso Franco

Sortie le 18 février (TF1 Vidéo)

Dans la collection des 16 polars sortis en DVD courant février chez TF1 Vidéo, deux titres sont inédits, dont le Paraguayen 7 Cajas, alias 7 Boxes, repéré en 2012 au Festival de Toronto. Ça n’est pas tous les jours qu’un film de ce petit pays d’Amérique centrale nous parvient, qui plus est un thriller aussi original. L’action se concentre durant une nuit sur Victor, 17 ans, qui gagne maigrement sa vie en jouant les transporteurs avec sa brouette, au cœur d’un immense marché couvert d’Asunción. Il doit livrer 7 caisses, dont le contenu attise bientôt les convoitises. Conçu comme un long chassé-croisé dans les recoins d’un micro-univers nocturne peuplé de gagne-petits, 7 Boxes prend son temps pour établir le cadre de son action, mais exploite avec vigueur son fascinant décor, que Victor connaît comme sa poche. Certains ingrédients paraissent attendus (l’obligatoire love story tire en longueur, tout comme les scènes entre deux truands comiques tirant les ficelles de l’histoire), et l’ensemble retombe de manière un peu trop proprette sur des pieds lors d’un dénouement à suspense. L’énergie indéniable du film et son ton sans concession en font toutefois une curiosité qui vaut la peine d’être découverte.


Pas de répit pour les salauds

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film d’Enrique Urbizu avec Jose Coronado, Rodolfo Sancho, Helena Miquel

Sortie le 18 février (TF1 Vidéo)

L’autre inédit polardeux du mois avec 7 Boxes, Pas de répit pour les salauds attendait patiemment d’être distribué sous nos latitudes depuis 2011. Derrière ce titre kurosawaien (sic) se cache le dernier film d’Enrique Urbizu, auteur du magistral thriller Box 507, qui a été avec ce dernier essai couronné meilleur réalisateur aux Goyas. Pas de répit… est un polar pur et dur, dépressif comme la pluie, qui débute avec une séquence estomaquante de brutalité. Impossible de décrire autrement la virée meurtrière de l’inspecteur Santos (l’impressionnant Jose Coronado, à mille lieues de The Body), un paradoxe sur pattes au cuir élimé et à l’alcool mauvais. En tentant de couvrir les traces de sa bavure, ce dur à cuire au lourd passé déterre sans le vouloir une affaire bien plus grave encore, qu’il va devoir résoudre seul. Sans être au niveau de son précédent bijou, Urbizu emballe ici un film noir débarrassé de tout sentimentalisme, et un portrait de flic fascinant. L’attrait de Pas de répit… vient notamment de la manière dont l’enquête de Santos lève le voile séquence après séquence sur un complot aux inquiétantes ramifications. Un travail d’horloger, peaufiné avec une main de fer par un Urbizu décidément pas si éloigné dans ses effets de la virtuosité de David Mamet.


The Dead 2

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film de Howard et Jonathan Ford avec Joseph Millson, Meenu Mishra

Sortie le 16 février (M6 Vidéo)

Apparemment galvanisés par le modeste succès du premier The Dead, tourné dans des conditions difficiles au Burkina Faso et au Ghana, les frères Ford ont décidé de remettre le couvert avec The Dead 2, qui se déroule cette fois en Inde. Côté scénario, la fratrie s’est beaucoup moins foulée cette fois : une fois encore, un Américain expatrié pour le boulot se retrouve paumé au milieu du désert alors qu’une épidémie zombiesque ravage le pays. Son objectif : rallier Bombay, retrouver sa femme enceinte, qui l’attend en discutant karma avec son papa, et être évacué en avion. Étonnamment, The Dead 2 joue peu avec la sensation d’envahissement qui pourrait accompagner un film de zombies situé dans le pays le plus peuplé du monde. Non, l’Inde, qu’on ne fait qu’entrevoir, est reléguée à un statut de décor, aussi exotique que l’Afrique, mais dont les particularismes ont peu d’incidence sur le scénario. Pas aidé par une caméra agitée, un montage incohérent, une photo terreuse et des péripéties guère palpitantes, The Dead 2 garde toujours ce parfum d’aventure nihiliste qui faisait la richesse de The Dead, mais sans convaincre de la même manière. Passez à autre chose, les frangins !


The Signal

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film de William Eubank avec Laurence Fishburne, Brenton Thwaites

Sortie le 4 février (Wild Side)

Sous ses allures de film de petit malin, The Signal cache un melting-pot SF assez surprenant pour avoir été remarqué dans de nombreux festivals, dont Gérardmer. Sorte d’énorme épisode allongé de La quatrième dimension divisé en trois actes bien distincts, ce deuxième long-métrage de William Eubank projette trois ados attachants, mais à la personnalité sous-développée, dans un piège qu’ils ne voient pas venir. Prisonniers dans un complexe souterrain au Nouveau-Mexique, ils vont devoir essayer de découvrir la vérité sur ce qui leur est arrivé… La solution arrive, en toute fin de parcours, et réjouira ou frustrera chaque spectateur suivant ses affinités avec les genres abordés. Certains diront que The Signal ne fait que brasser du vide avec talent, et c’est en partie vrai. Mais il y a une expérience originale de metteur en scène à l’œuvre ici, indéniablement.

Lire la critique de The Signal


Le secret de Ragnarok

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film de Mikkel Sandemose avec Pal Sverre Hagen, Nicolai Cleve Broch

Sortie le 11 février (Pathé)

Il y a quelque temps de cela (en septembre 2013, puisque vous voulez le savoir), nous consacrions un article complet à la preview de ce Secret de Ragnarok, grosse production norvégienne pilotée par le réalisateur de Cold Prey 3. Film d’aventures familial louchant avec déférence sur Jurassic Park, Ragnarok, finalement sorti chez nous dans un DVD dépourvu de version originale (oui, ça existe encore en 2015), envoie un archéologue et son fidèle assistant dans un magnifique recoin reculé du pays sur les traces du Ragnarok, équivalent mythologique scandinave de l’Apocalypse. Embarqué avec ses enfants (que font-ils là ? Hmm, vous vous souvenez de ce film de Spielberg sur des dinosaures ?), le dénommé Svendsen n’est, une fois arrivé, pas au bout de ses surprises : le fameux secret ne ressemble en rien à ce qu’il imaginait… Soyons clairs : si vous avez vu la bande-annonce de Ragnarok, vous avez eu un aperçu de tous les plans un tant soit peu impressionnants du film. Chiche en rebondissements (enfin, du genre qu’on aurait jamais vu dans ce style de production), avare en bons dialogues, avançant à un rythme de viking boiteux, le film vaut surtout et avant tout pour sa créature principale, variation reptilienne du monstre du Loch Ness hélas trop peu exploitée.


Housebound

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film de Gerard Johnston avec Morgana O’Reilly, Rima Te Wiata

Sortie le 25 février (Luminor)

Vous aimez les films de maison hantée ? Ça tombe bien, nous aussi, et il est d’autant plus facile d’aimer Housebound que cette production néo-zélandaise se réclame ouvertement des premiers films de l’enfant chéri du pays, Peter Jackson. Dans ce film de Gerard Johnstone, l’héroïne, une délinquante mal lunée, est assignée au domicile de sa mère après un braquage raté, et promène son ennui dans toutes les pièces, jusqu’à ce que certains événements lui fassent croire que ladite maison cache un fantôme. S’ensuit une drôle d’enquête pleine de gags millimétrés, culminant dans une dernière demi-heure complètement folle et sanglante, dans la droite lignée du fantasque Fantômes contre fantômes. Une vraie petite réussite, découverte au dernier PIFFF.

Lire la critique de Housebound


The Revenants

Inédits vidéo : la sélection de févrierUn film de Kerry Prior avec David Anders, Chris Wylde, Louise Griffiths

Sortie le 23 février (Marco Polo)

Il aura fallu attendre presque six ans pour voir arriver dans les bacs vidéo cette petite merveille qu’est The Revenants, unique réalisation à ce jour du spécialiste des effets spéciaux Kerry Prior. En surface, il s’agit, encore, d’un film de zombies à tendance comique, se déroulant dans les rues mal famées de Los Angeles. Dans les faits, c’est un film bien plus riche que cela, qui paie son dû au Mort-vivant de Bob Clark, tout en ressuscitant l’esprit délicieusement bis du fantastique des années 80. Peu de CGI et beaucoup de latex sont donc à prévoir dans cette histoire d’un soldat mort en Irak, qui à la grande surprise de son meilleur pote revient à la vie et tente de reprendre une vie normale. Comédie stoner, film de vigilante, satire mordante et série B horrifique : The Revenants c’est un peu tout ça à la fois, et même avec ses défauts (dialogues tirant parfois en longueur, un script qui n’évite pas les répétitions), le film est véritablement un incontournable du genre à ne pas rater.

Lire la critique de The Revenants


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