Quatrième jour et premier dimanche de Bifff, et les projections se succèdent désormais à un rythme soutenu, couronné par l’arrivée d’un Alex de la Iglesia majeur. Pour son anniversaire, le festival a tenu à faire preuve d’un peu de chauvinisme, en mettant en avant, le temps de trois séances gratuites, le cinéma belge et ses pépites. Fabrice du Welz, réalisateur de Calvaire, est donc présent dès midi pour introduire son classique déviant du survival.

L’après-midi se poursuit avec la toute première projection 3D de l’histoire du Bifff : Don Quixote, une adaptation libre et chinoise du célèbre mythe de Cervantès. Une séance malheureusement loupée, mais qui ne manquait pas de piquant quand on sait que Terry Gilliam, plutôt malheureux dans ses tentatives d’adapter l’histoire à l’écran, était présent quelques jours avant. Les embrouilles se poursuivent avec le report de la projection du film philippin The Road, de Yam Laranas (Echo), pour cause de soucis techniques. La reprogrammation à un horaire indécent (midi ! Grands dieux !) signifie que nous devrons attendre encore un peu pour découvrir ce titre.

Voici le trailer :

[tube]http://youtu.be/O6DzbIRh92g[/tube]

Heureusement, la journée est plus que rattrapée par la présentation du dernier film d’Alex de la Iglesia, La chispa de la vida (littéralement, « L’étincelle de la vie »). Le réalisateur ibérique, grand habitué de la manifestation, a malheureusement annulé à la dernière minute sa venue, tout comme l’acteur principal, José Mota, sosie de Jonathan Pryce et star comique de la télé dans son pays. Reste heureusement le film, déjà sélectionné à Berlin, et nouvelle preuve du génie versatile d’Alex de la Iglesia : après la fresque baroque et mortifère Balade Triste de trompeta, il change de style, transposant l’intrigue du chef d’oeuvre de Billy Wilder, Le gouffre aux chimères, dans un Madrid traumatisé par la crise et la montée inexorable du chômage. Cette fois, ce n’est pas un journaliste sans scrupules qui est au centre de l’histoire, mais la victime d’un accident bête et sanglant, dont est victime une ex-gloire du marketing, Roberto Gomez (Jose Mota en total contre-emploi). Alors qu’il trimballe son vague à l’âme de chômeur longue durée, il s’égare dans un théâtre antique sur le point d’ouvrir, et tombe puis s’empale sur une tige de fer. Agonisant, il veut profiter de l’emballement médiatique autour de son accident pour assurer une retraité dorée à sa femme (Salma Hayek, dans son meilleur rôle depuis… pfiou…) et ses enfants. La charge est féroce, et elle n’est pas dirigée uniquement contre les médias. Intelligemment, de la Iglesia choisit de pointer du doigt notre société en tant que telle, qu’elle ait les bons (une solidarité absurde se crée autour de Roberto et son calvaire de chômeurs) ou les mauvais (agents, journalistes comme médecins tentent de paraître à leur avantage et de négocier les meilleures images) réflexes. Fluide, ample, maîtrisé et mariant à la perfection les aspects comiques et tragiques de son histoire – ce n’est pas un hasard si l’histoire se déroule dans un amphithéâtre romain -, La chispa de la vida ressemble à du Sydney Lumet période Un après-midi de chien (les deux films partagent plus ou moins la même structure), avec cette sensibilité latine et exubérante qui fait d’Alex de la Iglesia un artiste unique et précieux.

Voici le trailer :

[tube]http://www.youtube.com/watch?v=4hhn86GBgto[/tube]

Le temps de se reposer avec une Troll bien méritée (comme toutes les Trolls, bien entendu), et de laisser le public belge découvrir le féroce The Woman, déjà traité dans ces colonnes, que nous repartons découvrir une seconde séance 3D, Julia X. Le film est projeté à minuit, ce qui veut déjà tout dire, et on peut le constater dès les premières minutes : le public est chaud. Et heureusement qu’il se fait entendre, Julia X étant un spectaculaire ratage en trois dimensions, tournant autour d’une unique idée (un serial-killer kidnappe une blonde innocente qui s’avère être une psychopathe chassant le mâle avec sa chère soeur) pour broder une espèce de cartoon live mou du genou, aux invraisemblances surréalistes. Passe encore que le film soit bardé d’erreurs de continuité, de raccords lumière douteux et d’un budget latex famélique (ah, ces faux pieds plus petits que ceux de l’acteur). On pourrait même s’amuser des projectiles (sang, éclats de bois, etc.) lancés à la tronche du spectateur. Mais le film est désespérément stupide, remplissant avec du vide 90 minutes de connerie abyssale et de dialogues affligeants. Même Kevin Sorbo (Hercule), qui joue les sado-maso psychotiques et au coeur d’artichaut, ne semble pas y croire.

En voici le trailer :

Rendez-vous très vite pour un retour sur un lundi de Pâques très chargé en asiateries !