Vous avez 2 minutes 30 à tuer ? C’est par ici que ça se passe : le nouvel épisode de My trailer is rich continue de traquer pour vous les bandes-annonces qui interloquent et font saliver en même temps, et font en sorte que leur objectif – vous donner envie de voir le film – soit atteint. Cette fois encore, la rubrique fait le tour du monde, partant à la nage rejoindre la Louisiane, avant de s’aventurer dans une bourgade perdue en Australie et de rejoindre les tribus de rebelles de Thaïlande pour faire la guerre en prenant l’avion avec Jude Law. Attendez… quoi ? Hmmm, n’essayez pas de comprendre… Regardez.

Attention les doigts

Ce n’est pas un hasard si John Waters apparaît au détour d’une séquence : Excision, du scénariste-cinéaste Richard Bates Jr., partage apparemment cet esprit « antisocial pop » avec l’homme à la fine moustache. Et c’est tant mieux. Le nom du film fait déjà plisser les yeux et serrer les dents, mais il correspond bien à l’état d’esprit plutôt dérangé de son héroïne, Pauline, qui loin de rêver de plage, a plutôt des obsessions du genre interdites, et une forte tendance à vouloir expérimenter des techniques novatrices de chirurgie en dehors des cours. Le marketing autour de cette petite sensation découverte à Sundance est plutôt racoleur dans le genre « choc sanglant », mais Excision semble être un peu plus profond que ça. Careful, c’est totalement NSFW.

Le jour d’après les maximonstres

Du cœur du cinéma indépendant américain, qui n’en finit pas de révéler de petits surdoués à Sundance ou Austin, surgit ce premier long remarqué partout où il passe. C’est un réalisateur touche-à-tout, Benh Zeitlin (il cumule au moins six postes sur le film) qui signe ces Bêtes du Sud sauvage ne ressemblant à rien de connu si ce n’est à une version éthérée de Max et les maximonstres. L’illustration de l’enfance, son rapport à l’imaginaire réagissant aux tourments de la réalité, est au cœur de ce drame fantastique visuellement bluffant : la Nature indomptée de la Louisiane, l’atmosphère mélancolique de fin du monde, font aussi penser à Peter Weir, réalisateur australien de La dernière vague. Mais peu de noms sont utiles pour décrire ce qui est promis ici : on sait juste que la Quvenzhané Wallis, qui joue la petite fille Hushpuppy avec une force et un naturel incroyable, est l’une des révélations de l’année à venir.

Si c’est aussi, j’y vais tout de suite

Quelques échos sont parvenus jusqu’à présent de Crawl, projeté dans différents festivals, dont l’un en France (Mauvais genre à Tours). Tous sont unanimes : ce thriller à petit budget est une excellente surprise, une sorte de Blood Simple aussie, qui confine son action et ses personnages dans une maison perdue dans un trou… perdu. Le réalisateur, Paul China, est inconnu au bataillon, mais on a trop confiance dans les qualités des cinéastes des Antipodes (Red Hill, Primale, Solitaire, The Loved Ones sont autant d’exemples de séries B ultra-solides et originales sorties récemment chez nous) pour ne pas penser que le film soit à la hauteur de sa réputation.

Les aventuriers du tatouage perdu

Candidat (malheureux) à l’oscar du meilleur film étranger, doté d’un énorme budget, et atteignant, dans sa version originale, la durée estomaquante de 4h40, Warriors of the Rainbow : Seediq Bale est LE blockbuster thaïlandais de l’année à ne pas manquer. C’est en tout cas comme ça que les compagnies de distribution internationales tenteront de le vendre, en omettant de dire que cette épopée guerrière, contant le combat de la tribu des Seediq Bale (« vrais humains ») pour sauvegarder leurs traditions et leur liberté face aux méchants oppresseurs nippons, est raccourcie de moitié dans sa version destinée à l’export. Pas de pot, donc, le cinéma thaï, spécialement quand il s’intéresse à son passé, n’étant déjà pas réputé pour être très accessible en général. Le trailer ci-dessous compile toutefois assez de péripéties, de souffle belliqueux et de promesses de dépaysement total pour nous faire oublier les surestimés Suryothai et Bang Rajan.

La ronde des stars

Pour le présenter simplement, 360 est un film choral. Non, non, ne partez pas, ça n’est pas Paul Haggis qui réalise la chose, mais le beaucoup plus intéressant Fernando Meirelles (La cité de Dieu, The constant gardener), de retour au cinéma après un passage par sa télé brésilienne natale, bien soutenu par le très bon Peter Morgan (scénariste de The Queen, du Dernier roi d’Écosse et de l’excellent Frost/Nixon). Les producteurs ont beau jeu de citer la pièce La Ronde d’Arthur Schnitzler pour se la jouer un peu plus intellectuels que les autres : 360 promet moins une vision novatrice et universelle de l’humanité qu’un tour de passe-passe scénaristique à la Babel reliant entre eux une douzaine de personnages n’ayant rien en commun si ce n’est le fait d’être interprétés par des stars et d’avoir de gros problèmes de couples (ou de cul, pour les plus solitaires). Anthony Hopkins, Jude Law, Rachel Weisz et une tripotée d’autres nous servent donc de guides pour visiter Vienne, Paris, Denver ou encore Rio en mode « spleen crépusculaire », et soyons honnêtes, ça a l’air plutôt intriguant.

Rembobinage intégral

Il y a peut-être bien pire qu’un film choral foireux : un « found footage movie » foireux. Paranormal Activity, quoi. À force de voire débarquer des « footages » de gueule comme Atrocious, The Devil Inside ou Zombie Diaries, on a appris à se méfier comme la peste des sous-Blair Witch horrifiques trouvant dans le gimmick du film en caméscope à la première personne une bonne excuse pour torcher à peu de frais (il faut des acteurs inconnus pour « faire plus vrai ») des immondices qui font exploser vos lobes frontaux et saigner des yeux. Malgré son titre délicieusement rétro, V/H/S partait donc avec un handicap. Mais le concept de l’œuvre (c’est un film à sketches où une bande de braqueurs regarde les unes après les autres des K7 « interdites » qu’ils ont trouvé dans une maison abandonnée) et le pédigrée de ses co-réalisateurs (on croise Ti West, de House of the devil, Glenn McQuaid, Adam Wingard, derrière le prometteur You’re Next, et David Bruckner, l’un des co-auteurs de l’attachant The Signal) rendent déjà le projet plus alléchant. Et puis il y a ce « Red band trailer », véritable compilation de plans-chocs à la REC multipliant avec une roublardise douteuse et bizarrement intrigante tous les clichés horrifiques en vue de ces dernières années. Attendez-vous donc à des portes qui claquent, des monstres qui font « bouh ! » et des serial-killers adeptes du caméscope. Magnéto les gars !