Sous-représenté dans nos salles (la situation n’a pas véritablement évolué depuis notre édito sur le sujet), le cinéma asiatique n’en reste pas moins essentiel aux yeux d’une partie du public. En témoigne le nombre de festivals qui lui sont dédiés à travers la France, de Vesoul aux Trois Continents de Nantes, en passant bien sûr par les manifestations parisiennes : Kinotayo pour le Japon, le festival du cinéma chinois, et le Festival du Cinéma coréen de Paris, ou FFCP pour les intimes. La manifestation fête cette année sa 12e édition, qui allait de soi au vu de l’engouement massif suscité par l’édition 2016, durant laquelle des files d’attente interminables étaient visibles à chaque séance sur les Champs-Élysées !

Entre patrimoine et films événements

Festival du film coréen : tout sur la 12e édition !

Comme chaque année, le programme annoncé pour l’événement, qui se déroulera du 24 au 31octobre prochain, se distingue par son exigence, sa diversité et son ambition. Le FFCP a pour habitude de ne pas seulement rendre compte de l’actualité du cinéma de Corée du Sud, mais également de documenter son passé, grâce aux « Classiques » (centrés cette fois sur une légende du cinéma comique, Koo Bong-seo) et de parier sur l’avenir, à travers son immuable section « Portrait » qui met un jeune talent invité à l’honneur. Cette année, c’est Cho Hyun-hoon, réalisateur du mélodrame Jane, qui sera ainsi l’inconnu mis dans la lumière du public français à l’occasion d’une rencontre spéciale.

Cette section ponctue une semaine de projections où vont se bousculer une vingtaine de longs-métrages totalement inédits (et qui, c’est assez triste, le resteront pour beaucoup après le festival), sortis ces derniers mois – ou semaines – à l’autre bout du monde. Sans surprise, le choix est éclectique, y compris dans les projections « événement » : l’ouverture, presque inévitablement, se fera avec A Taxi Driver de Jang Hoon (The Front Line), énorme succès de 2017 avec la star Song Kang-ho. Le film n’a rien à voir avec Scorsese, puisqu’il nous replonge dans le sanglant soulèvement étudiant de Gwangju en 1980, aux côtés d’un chauffeur de taxi et d’un reporter allemand joué par Thomas Kretschmann. La clôture ayant lieu le 31, le FFCP se la jouera Halloween en programmant The Mimic, film d’angoisse prometteur que l’on doit au réalisateur de Hide & Seek. La présence du vétéran Hong Sang-soo est devenue quant à elle inévitable : son dernier film en date (son deuxième en 2017), La Caméra de Claire, sera projeté comme il se doit en avant-première.

Tout aussi exclusif et attendu, Battleship Island, le blockbuster carcéral de Ryoo Seung-wan, qui a fait l’événement cet été, se dévoilera sans aucun doute à guichets fermés. Et ce n’est pas tout ! Alors qu’ils sont encore visibles en salles en Asie, des mastodontes du box-office comme V.I.P. (par le réalisateur des excellents The Tiger et New World), le film de guerre en costumes The Fortress (avec les stars Lee Byung-hun et Kim Yun-seok), et les comédies Midnight Runners et I Can Speak se sont également ajoutées à la programmation.

Remonter le fil de l’Histoire

Festival du film coréen : tout sur la 12e édition !

Le gros  de la sélection 2017 est regroupé dans la bien-nommée section « Paysage», qui mélange joyeusement documentaires, gros thrillers populaires, drames intimistes et comédies à petit budget. À ce stade, difficile de faire parler autre chose que sa curiosité : certains titres comme la saga politicienne The King, le film fantastique temporel Vanishing Time : a boy who returned, ont déjà fait parler d’eux à travers leurs passages en festivals. Mais la plupart des titres, qu’il s’agisse de l’intriguant Merry Christmas Mr Mo, du documentaire polémique State-authorized Textbook, de la comédie en costumes The King’s Case Note ou de la satire sur l’art contemporain The Artist : Reborn, seront des révélations, et des occasions uniques de voir ces longs-métrages sur grand ou petit écran en France.

Terminons ce tour d’horizon déjà copieux, en mentionnant la section « Focus », qui prendra une tournure politique puisque les organisateurs du FFCP ont décidé de mettre l’accent sur les années 80, à l’occasion des 30 ans de la fin de la dictature militaire. Outre A Taxi Driver, qui évoque cette période trouble, vous pourrez découvrir l’excellent The Attorney (également avec Song Kang-ho), le terrifiant – et insoutenable selon certains critiques – National Security, qui traite de la torture policière, le documentaire The 6 Days Struggle At Myong-dong Cathedral, et enfin le récent Ordinary Person, qui traite historiquement un sujet bien connu des amateurs de cinéma coréen : la corruption des pouvoirs publics. Rendez-vous dans un mois au Publicis, sur l’avenue des Champs-Élysées, pour décortiquer ce nouveau FFCP !

Programme et horaires sur www.ffcp-cinema.com